La monnaie (4/4)

Publié le 22 mars 2009 par Gigi75

Quelques moyens d'action
La production vendue et la production totale doivent pouvoir s'équilibrer.
Actions sur la production totale (PT = q x Na (1-t)) : La production totale s'ajuste (sans changer la production vendue )
- Si la production totale est trop faible, la production vendue ne peut être supérieure à la production totale. On a alors de l'inflation (masse monétaire trop importante)
- Si la production totale est trop forte, on a deux possibilités :
  * une augmentation sans fin du chomage (cette augmentation fait baisser la production totale mais la masse monétaire utile pour les échanges économiques diminue toujours du fait des intérêts monétaires et donc la production vendue continue de baisser nécessitant de nouvelles baisses de la production totale par l'augmentation du taux de chomage)
  * une inflation des prix (Si on veut garder bas le taux de chomage, la production totale reste forte. Il faut compenser le manque à gagner de la production non vendue par une augmentation des prix )
On peut difficilement jouer sur les autres facteurs en baissant la productivité (...) ou en diminuant le nombre d'actifs (en augmentant par exemple la somme des retraites à payer...)
Actions sur la production vendue (PV = M x v)
Il y a deux façon de jouer sur la production vendue : la masse monétaire et la vitesse de rotation de la monnaie
- Ajustement de la masse monétaire et endettement
Pour être ajustée, la masse monétaire doit prendre en compte :
  * La production totale (pour permettre de l'acheter en totalité) qui dépend elle-même du taux de chomage et de la productivité moyenne
  * La part de la masse monétaire qui est tranférée du monde économique à la sphère financière pour payer l'intérêt de la "monnaie payante" produite par le système bancaire
Pour ajuster la masse monétaire il existe deux possibilités traditionnelles:
  * soit l'Etat s'endette et augmente le déficit budgétaire car il doit emprunter au marché. Mais il augmente ainsi les intérêts à payer (en France les intérêts représentaient 256 milliards de francs en 2000 soit la même somme que la masse monétaire manquante pour assurer le plein emploi !)
  * soit le déficit extérieur augmente permettant à la production achetée (nationale et internationale) d'être supérieure à la production totale. 
... et 2 solutions alternatives:
  * La création de monnaie par l'état pour augmenter la masse monétaire sans s'endetter (à condition bien sûr que la planche à billet suive correctement la production totale pour éviter l'inflation)
  * L'augmentation du taux de rotation de la monnaie pour augmenter la production vendue à masse monétaire égale (théorie de Gesell)
Création de monnaie par l'Etat ou par l'endettement de l'Etat ?
Les Etats ont abdiqués leur droit de créer de la monnaie et doivent "emprunter" au marché.
Par ailleurs les taux de change des monnaies ne sont plus influencés que de façon marginale par les échanges économiques, les spéculations financières présentant des montants 50 fois plus importants.

La banque centrale ne peut plus intervenir directement dans la création monétaire qui, pour l'essentiel, résulte de crédits accordés par les banques commerciales à leurs clients. Mais elle peut l'orienter en intervenant sur le marché monétaire : en offrant peu de liquidité aux banques et à des taux d'intérêts élevés, la banque centrale les oblige à limiter leurs prêts à leurs clients et donc à limiter la création monétaire (politique de l'Open Market). La banque centrale fixe donc des objectifs de croissance et intervient quotidiennement sur le marché monétaire mais ne crée pas directement de monnaie qui pourrait équilibrer la production vendue sans endettement (sans passer par les banques).
Par ailleurs les banques interviennent sur M3 (y compris les dépots à vie et à terme) ne faisant plus de distinction entre la monnaie scripturale et la monnaie payante créée par le système bancaire. Par ailleurs, depuis la seconde moitié des années 80, la multiplication des produits financiers a supprimé la frontière entre la monnaie (ce qui est liquide) et l'épargne (ce qui est immobilisé). A cause de tout cela, les banques centrales ont renoncé peu à peu à leur volonté de controler la masse monétaire.
Augmentation du taux de rotation : la "monnaie franche"
Silvio Gesell propose une monnaie franche qui perd de sa valeur en fonction du temps. En fait ce n'est pas une monnaie car il n'y a pas d'intéret à la thésauriser. L'avantage de l'argent classique par rapport à la marchandise vient du fait que la marchandise perd de sa valeur avec le temps tandis que l'argent conserve la sienne. Dans le cas de la "monnaie franche" l'argent également perd de sa valeur.
Des coupons perdent 1% de leur valeur à date mensuelle fixe. On compense la perte par un timbre de 1% collé au dos du billet pour qu'il puisse circuler
Cela permet d'augmenter le taux de rotation de la monnaie d'un facteur 4 à un facteur 8
Keynes dans "la théorie générale d'emploi, intérêt et argent" (Londres 1936) écrit : "le futur apprendrait plus de l'esprit de Gesell que celui de Marx"
Une association "franchiste" se créa en Allemagne en 1919. Il y a eu 20 cas d'utilisation dont trois en France (Lignières en Berry en 1956, Marance en 1957-58...) mais aussi Schwanenkirchen (Allemagne 1930-31), Wôrgl (Autriche 1932-33) ou Porto Alegre (Bresil 1958). Dans tous ces cas, ils ont permis des grandes métamophoses alors que sévissait de graves crises économiques.
Les expériences ont été interdites par les banques ou les états...