La Réunion démarre le bilan carbone

Publié le 23 mars 2009 par Cahri Cahri

Evaluer l’impact de son activité sur l’environnement et réfléchir à une solution de compensation. Les entreprises réunionnaises sont appelées à devenir plus éco-responsables . Cela passe notamment par l’étude de leur bilan carbone. Détails d’une démarche « tendance ».

Mots-clés

  • écologie
  • développement durable
  • nature

Dans quelle proportion les entreprises locales émettent- elles des gaz à effet de serre ? Si au niveau national, de plus en plus d’entreprises ont franchi le pas et s’engagent à réduire leurs émissions en CO2, le fameux dioxyde de carbone, à la Réunion, le mouvement est encore très récent. Une dynamique amorcée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie qui a formé en septembre dernier une quinzaine de consultants aptes à conseiller les entreprises soucieuses de préserver la planète.

Le contenu de cette formation ? L’apprentissage de la «  méthode Bilan Carbone », servant à comptabiliser les émissions directes ou indirectes de gaz à effet de serre induites par l’activité d’une entreprise. L’unité de mesure étant le «  kilogramme équivalent carbone », qui représente le pouvoir de réchauffement, mesuré sur 100 ans, d’une quantité de CO2 qui « contient » 1 kilogramme d’atomes de carbone. « Cette analyse très minutieuse et précise concerne aussi bien la consommation en papier machine que celle d’essence lors d’une visite à un client. Je définis avec l’entreprise le périmètre d’étude qui peut remonter jusqu’aux fournisseurs.  », explique Claude Aubin qui a créé son bureau d’étude après avoir suivi la formation.

16 bureaux d’études pour les entreprises locales

Il s’occupe d’ailleurs de la première entreprise réunionnaise à évaluer son bilan carbone, Zinc Océan Indien. La société, basée à Saint-André et spécialisée dans l’importation et la transformation du zinc, est déjà bien engagée dans la démarche écologique puisqu’elle est certifiée ISO 14 001 : son système de management est reconnu à caractère environnemental. Antoine Carpentier, ingénieur environnement au sein de l’établissement, voit grand : « Nous ne faisons que transformer un produit importé, mais notre démarche est d’agir sur toute la chaîne de fabrication du zinc. Nous voulons que notre action éco-responsable atteigne jusqu’à nos fournisseurs ». Une masse de travail supplémentaire donc, qui pourrait peut-être faire hésiter les autres entreprises locales.

Les collectivités sont également concernées et déjà le Conseil régional et la mairie du Port se sont engagés pour étudier le bilan carbone de leur patrimoine.

L’Ademe fait en tout cas tout pour séduire collectivités et entreprises puisqu’elle leur propose une subvention de 50 % sur le coût total du bilan carbone. Le prix justement : 3 500 euros estimés pour une PME de 50 personnes, 12 000 pour un groupe multi-sites. L’intérêt double de l’initiative : faire des économies en réduisant sa consommation de papiers, d’essence, d’électricité ou encore d’eau, mais surtout se prévaloir d’une image propre et écolo.

« Compenser l’effet de notre impact sur l’environnement »

Benoît Dubin l’a bien compris. Le responsable de l’antenne locale CER France, une association de gestion et de comptabilité, chapeautera en juin prochain l’organisation du congrès national du réseau CER à la halle des manifestations du Port. Un bureau d’étude fera le bilan carbone de l’événement. « On a validé une organisation à caractère éco-responsable et le but est de réduire mais aussi de compenser ses impacts environnementaux. Par exemple, toutes les informations sur le congrès seront sur un site internet parce qu’on ne distribuera pas de prospectus ». Sont entre autre compris dans l’étude la maîtrise des déplacements des invités locaux mais aussi de ceux venant de métropole, à savoir plus de 300 personnes qui viendront en avion, un mode de déplacement oh combien émetteur de gaz à effet de serre. « Nous allons proposer à chaque congressiste de réaliser une compensation financière volontaire  ». L’argent collecté sera reversé à un organisme habilité. Autre exemple, lors de la conférence international organisée en juillet dernier à la Réunion par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique et l’Union internationale pour la conservation de la nature, toutes les émissions de CO2 inhérentes aux 450 congressistes ont été compensées par la plantation de plus de 11.000 arbres à La Réunion et à Madagascar selon le principe de la neutralité carbone. En somme, il faudra payer pour ce qu’on ne pourra pas réduire… La démarche a au moins le mérite d’exister.



Harry AMOURANI
Etudiant en journalisme à Info-Com