Le retour de l’ail des ours et le risotto über printanier.

Publié le 23 mars 2009 par Estebe

Coucou, les ours

Après un hiver glacé comme la burne gauche du Diable (notoirement plus froide que la droite, tous les manuels de démonologie l’affirment); après un hiver long comme un jour sans vin naturel (notoirement plus mortifères que les jours sans bordeaux chimique); après un hiver qui commençait gentiment à nous calaminer le moral et nous sulfater l’optimisme, le revoilà.
Qui ça?
Le printemps, banane. Il est là, sur l’étal du marchand (c’est beau ça comme phrase, on dirait du Michel Fugain). Il est là avec son cortège de plantes atchement bonnes à manger (c’est beau ça comme phrase, on dirait du Gérard de Villiers).
Bonjour à vous, Messieurs les carciofi (ou petits artichauts violets).
Bonjour à vous, Messieurs les petits radis (rouges dehors, nacrés dedans).
Bonjour à vous, Mesdames les fèves siciliennes (si tendres, si goûtues).
Et Gloire à vous, ô splendeur des splendeurs du Cosmos, Monsieur… l’Ail des Ours (roulement de tambour, pâmoisons, sanglots...)


A ce moment du récit, il n’est pas inutile de vous faire un rapide topo sur l’ail des ours, cousin sauvage de l’ail tout court à la saveur délicate et tonique, auquel on voue un culte dégoulinant, au point d’avoir créé, avec la copine Marion, l’opaque mais influent C.L.A.A.O, dont la bannière brille là en bas à droite. CLAAO pour Cercle Lémanique des Adorateurs de l’Ail des Ours; une association déclarée d’utilité végétale, qui accepte les dons numéraires et/ou en nature.
Bref, avalons donc ce risotto du printemps printanier de la mort du bonhomme d’hiver. Qui exige, pour ravir quatre gulus à table, 300 grammes de riz carnaroli, dix petits carciofi, 700 grammes de fèves dans leurs cosses, six radis rouges, deux carottes, deux grosses échalotes et un bouquet d’ail des ours. Plus un verre de vin blanc sec, 80 grammes de beurre et 80 grammes de bon parmesan râpé.


Pour le bouillon.
Ecossez les fèves, balancez la moitié des cosses dans une grande marmite d’eau. Ajoutez quelques fanes de radis et de carottes, une échalote piquée de deux clous de girofle, une carotte émincée grossièrement, une gousse d’ail écrabouillée, une pincée de sel, un tour de moulin à poivre et trois feuilles de laurier. Portez à ébullition pépère. Laissez frémir trois quarts d’heure. Passez au chinois. Réservez au chaud.

Pour les légumes. Blanchissez trois minutes les fèves. Refroidissez illico. Et dérobez-moi tout ça (dérober ne signifiant pas ici chouraver, mais virer la gaine). Réservez.
Eliminez le cul des carciofi et la partie supérieure de la tête. Virez les feuilles extérieures coriaces. Coupez en quatre et réservez, au fur et à mesure, dans une eau citronnée pour éviter qu’ils ne noircissent. Puis faites les revenir à la poêle, une grosse dizaine de minutes, doucement dans un peu d’huile d’olive. Sel, poivre.
Détaillez les radis en fines rondelles, la carotte en petits dés.
Emincez enfin huit feuilles d’ail des ours (avec la tige) et l’échalote.

Pour le risotto. Dans une cocotte, faites blondir doucement carotte et échalote dans une cuillère à soupe d’huile d’olive. Puis versez le riz. Quand il se nacre et se fait translucide, ajoutez un verre de vin blanc. Touillez jusqu’à élimination du liquide. Puis mouillez peu à peu de bouillon, à grandes louchées successives, jusqu’à ce que le risotto se montre moelleux, tout en demeurant un tantinet croquant à cœur. C’est un rien technique. C’est méga tactile. Comptez une vingtaine de minutes et environ un litre de bouillon. Assaisonnez puissamment.
Ajoutez carciofi, ail des ours, fèves et radis. Touillez une minute. Intégrez le beurre froid en petits morceaux, puis le parmesan. Mélanger suavement mais avec vélocité.
A taaaaaable !
Aparté vinique. Voilà peut-être l’occasion de remonter de la cave un grand bourgogne blanc, où gras, flaveurs et acidité nous jouent la plus belle des trignolettes. Par exemple un Montrachet (artère) ou un Meursault (du lit). Ben oui, soyons fous. Et roulons-nous dans la luxure avant que Durex XVI nous excommunie.

A bientôt. Et vivement bientôt.

PS: De l’ail des ours? D’autres recettes slurps? C’est , ici, ou par là.