Vin et histoire # 6: Henri IV (1553-1610), roi du vin

Par Findawine

Sans doute aucun roi de France n’a apprécié le vin et sa diversité autant que ne l’a fait Henri IV. Il est alors logique de lui décerner le titre de roi du vin et de lui consacrer ces lignes.

Henri IV, né Henri de Bourbon, fut roi de Navarre puis roi de France (1589-1610), premier souverain français de la branche dite de Bourbon de la dynastie capétienne.
Avant d’être couronné roi de France, il fut d’abord lourdement impliqué dans les guerres de religion en tant que prince de sang et chef protestant.
Il fit en fait au cours de sa vie des allers-retours entre les confessions catholique et protestante tout comme entre sa terre natale, la Guyenne, son château de Nérac, et Paris. A la mort d’Henri III, dernier roi Valois, en vertu de la loi salique et en tant que descendant de Louis IX, il fut le successeur naturel au trône. Après moult négociations et sa conversion définitive au catholicisme, il fut couronné roi de France à Chartres en 1593. En 1598, Il signa l’Édit de Nantes, le premier traité de paix autorisant la liberté de culte pour les protestants, qui mit fin pendant deux décennies aux guerres de religion.
S’ensuivit alors une période de paix et de reconstruction qui permit de renflouer les caisses. Fragilisé à la fin de sa vie par de nouvelles tensions entre protestants et catholiques, il mourut assassiné le 14 mai 1610 par un fanatique, François Ravaillac.

Henri IV et le vin
« Paris vaut bien une messe » aurait prononcé Henri IV lors de sa conversion au catholicisme. Si la foi du futur roi était incertaine, il n’a jamais rechigné sur le vin accompagnant la messe. Cette attitude avait sans doute pour origine son baptême car, selon la légende, il aurait été baptisé avec une gousse d’ail et une goutte de vin de Jurançon. C’était plus généralement un amoureux de la vie, multipliant les conquêtes féminines, menant grand train de vie et mangeant à foison; il fit même de la poule au pot le plat national.
Henri IV célébra alors de nombreux vins, avec parfois des arrière-pensées politiques. A noter toutefois une préférence pour les vins blancs.

La cave d’Henri IV

Jurançon
Le grand-père du futur Henri IV, Henri II de Navarre, acheta des vignes en 1552 près du château de Coarraze se trouvant sur l’actuel vignoble de Jurançon. Le petit Henri aurait été baptisé dans une carapace de tortue avec une goutte de ce vin. Le Jurançon est alors devenu le vin d’Henri IV, ce que les viticulteurs de Jurançon revendiquent encore aujourd’hui.

Buzet
Lors de son séjour à Nérac, celui qui se nommait alors Henri III de Navarre menait bon train de vie en terre protestante, ce qui lui valait les reproches des pasteurs. Il profitait ainsi du vin local, situé sur l’aire d’appellation de Buzet.

Côteaux du Vendômois
Jasnières

Henri IV possédait des vignes à Prépatour près de Vendôme sur l’aire d’appellation de Jasnières. Il fit de son propre vin de « Surin », vin de cépage sauvignon, un concurrent du Jurançon dans les caves de son château de St-Germain-En-Laye. Ainsi les appellations de la vallée du Loir peuvent être reconnues comme les vins d’Henri IV. De plus, ce fut dans cette vallée que le futur roi renforça sa légitimité par la prise de Vendôme en 1589 où il veilla à ce que les églises restèrent intactes et à ce que les habitants ne souffrirent pas du passage de son armée.

Les sauvignons du Val de Loire

  • Côteaux du Giennois
    Ménetou-Salon
    Pouilly-Fumé
    Pouilly sur Loire
    Quincy
    Reuilly
    Sancerre

Henri IV affectionnait plus généralement le vin blanc de « Surin » ou de « Surène » correspondant au vin de cépage sauvignon produit en Val de Loire. Ce vin n’avait rien à voir avec le vin de Suresnes, produit naguère dans la ville jouxtant Paris.
Le fait que le roi appréciait le vin du Val de Loire avait aussi une portée politique car, suite à la prise de Vendôme, les villes du Val de Loire se rendirent sans combattre.

Cotes du Vivarais
Henri IV, après son couronnement, avait la volonté de reconstruire le pays épuisé par plusieurs guerres de religion. Il tenta de réunir les hommes les plus compétents du royaume quelle que soit leur confession. Il appela ainsi Olivier de Serres, gentilhomme protestant qui avait transformé son domaine du Pradel sur les côtes du Vivarais en une véritable ferme expérimentale. Il devint le conseiller de Sully sur les questions d’agriculture et fit paraître, en 1600, Théatre d’agriculture et Mesnage des Champs dans lequel il est notamment question des caractéristiques des cépages et de la qualité des vins.

Givry
Des archives relèvent que Henri IV appréciait le vin de Givry, vin de Bourgogne, durant son règne.

Château-Chalon
Ce grand vin du Jura fut en libre accès à la Cour de France à partir de 1559 (Traité de Cateau-Cambrésis). Henri IV en fit un vin d’honneur une fois les guerres de religion terminées.