Gaillac

Publié le 24 mars 2009 par Maigremont

Pour beaucoup d'amis circulaires, il s'agissait d'une première revue complète de ce vignoble du sud-ouest, souvent apparenté à des vins qui "arrachent" voir sans grands intérêts. Preuve s'il en est, 50 % des vins se retrouvent dans le milieu de la grande distribution. Pas d'accord du tout : cette région appelle la recherche où il faut aller fouiner, dénicher les petites perles et les producteurs qui souvent ont eu la bonne, voir même la très bonne idée de réhabiliter des cépages oubliés...

Quelques précisions utiles. Le vignoble a produit 150 000 hectolitres en 2008 soit environ 18 millions de cols. 59 % sont des vins rouges, 32 % des blancs et 9 % des rosés issus de 3500 hectares au total. Une des particularité de l'AOC est qu'elle est composée pour moitié de Caves particulières ou Coopératives (350) et que l'autre est détenue par les vignerons eux-mêmes.

En blanc, le cépage roi, c'est le Mauzac ! Il est suivi de près par le Loin de l'Oeil ("Len de Lel" en langue d'Oc), la Muscadelle et puis ily a aussi un peu de Sauvignon et d'Ondenc.
Côté rouges, le Duras (réhabilité il y a une vingtaine d'années), le Braucol (ou Fer Servadou dans d'autres région comme Marcillac), Syrah, Gamay et dans une moindre mesure les Cabernets et Merlot.

Pas trop de maux de tête ? Passons à la dégustation, remontée directement par notre ami fouineur Benoît, le quasi régional de l'étape.


Petite précision : nous savons tous ce qu'il y a dans les verres !

René Rieux, Méthode Gaillacoise, Symphonie Doux 2007 : un 100 % Mauzac qui vous met de la pomme plein les narines avec une très légère pointe oxydative. En bouche, on croque du fruit et notamment du coing et des notes de miel et de frangipane. Le vin est dans son ensemble gourmand, mais un peu trop sucré à notre goût. Effet de jeunesse, dont quelques années de plus permettront de mieux intégrer cette forte perception sucrée. (8,5 €)
A noter que ce domaine est ESAT (Etablissement de Service et d'Aide par le Travail) : bravo !

Vigné-Lourac "les Perles" 2007, les Vignobles Gayrel Cahuzac sur Vere : ça pétille et pour cause, c'est un "Perlé" ! Le principe même est de contenir le gaz carbonique lors de la fermentation. Résultat : plein de petits arômes de pêche blanche, abricot et de sapin. La bouche est légère mais vive. Pour 4 € seulement, c'est donné, car c'est très loin d'être un mauvais vin. A ouvrir sans préavis pour se faire plaisir à l'apéro ou sur des salades de printemps. (4 €)

Domaine d'Escausses "le Vigne de l'oubli" 2007 : on tombe d'emblée sur des notes beurrées et de champignon frais. En bouche, l'attaque est ronde et fumée (bois de hêtre) mais exprime peu de complexité. Finale sur l'amende amère. Agréable, mais on sort là des sentiers bâtus et des vinifications habituelles (9,6 €)

Domaine du Moulin 2006, blanc sec Vieilles Vignes : la robe est d'une très beau doré. Boisé sympa, pas tapageur associé à des notes de pêches. Ce vin frappe par son gras en bouche et sa silhouette élancée. Un Sauvignon (90 %) atypique et peu reconnaissable. Bien (7 €)

Domaine Carcenac, Vin de Pays du Comté Tolosan : la robe est opaque, voir noire. Incroyable nez de prune, violette, cassis, tel un bonbon acidulé ! En bouche, le vin offre les mêmes sensations qu'au nez, avec une ossature tannique lisse, mais séchante du à la structure végétale. Pas notre préféré, mais peut-on reprocher à Nicole et Joseph Carcenac de réhabiliter un cépage oublié comme le Prunelard ? 

Domaine d'Escausses "la Croix Petite" 2006 : Fer Servadou, Syrah pour autant complétées d'un peu de Cabernet Sauvignon composent cette cuvée qui affiche clairement son tempérament : la puissance. Le fruit est précis porté par une grande structure tannique imposante et des saveurs de tabac. C'est jeune, c'est trèèèèèèèès jeune, mais qu'est-ce que c'est bon ! (10 €)

Pour achever notre périple en terre gaillacoise, quelques douceurs. En général, ces dernières savent toucher et émouvoir bien des êtres humains par leur richesse.   

Domaine d'Escausses "les Vendanges Dorées" 2006 : Loin de l'Oeil majoritaire, Mauzac et Ondenc égaient cette belle cuvée du domaine d'Escausses, une fois n'est pas coutume. Les rendements sont tout petits (10 hl/ha). Registre clairement confit, sur l'abricot sec et le hêtre. La bouche est ample, confite, avec une étonnante note finale sur l'eucalyptus. La liqueur est telle, qu'elle manque peut-être d'un peu d'acidité. Un beau vin quand même. (9,80 € les 50 cl)

   

Domaine Rotier "Renaissance" blanc doux 2006 : 100 % Loin de l'Oeil. Au nez c'est la grande classe, sur de complexes senteurs d'abricot, d'ananas et de petites touches boisées. La bouche riche et concentrée est dotée d'une acidité élancée. Remarquable liqueur et longue finale sur le caramel. Toujours aussi bon, toujours aussi réussi. (13 € les 50 cl)


Très jolie dégustation qui mérite presque à elle seule d'affirmer qu'on sait faire du vin à Gaillac ! Les vins sont surprenants, originaux, riches, dotés d'une personalité propre. Les rapports Q/P sont excellents...

Nous sommes chez David qui avait fait monter Gaillac en Normandie, dans sa maison. 

Avec ça qu'est-ce qu'on mange ?


Des raviolis maison (aux 2 viandes) sauce Mascarpone

Un confit de canard aux cèpes et pommes de terres cuites dans la graisse de canard : "la Croix Petite" du domaine d'Escausses s'est senti très à l'aise avec ce plat. Enfin des fromages bien normands et une tarte aux pommes. Miammmmmmmmm

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