La roue de la vie

Publié le 24 mars 2009 par Alain Bagnoud


Je croyais n'avoir pas de stylo. Un calepin, rien d'autre. Comment passer le temps? Des journaux gratuits sont posés sur les banquettes. Un livre dans mon sac à dos, que j'avais tellement aimé il y a des lustres. Le wagon-restaurant d'en face part, avec ses promesses de nourriture, de boisson, de chaleur, de contact. Là où je suis, il y a une odeur de café refroidi, des néons, des sièges vides, quelques jeunes gens qui sont de sortie en ce samedi soir où tout le monde a mis ses plus belles parures. Moi aussi.
Je rentre d'une excursion dans la montagne que nous aurions dû faire, deux amis poètes et moi. Mais il pleuvait, il neigeait, il faisait froid. Nous avons finalement passé le temps à boire avec une femme rencontrée par hasard, que deux d'entre nous connaissaient, mais pas sous le même aspect, avec une journaliste célèbre qui travaille à la télévision, un prêtre défroqué et quelques chasseurs qui célébraient leur art.
Je peux les comprendre. La volupté de tirer. Etre une part du destin. Voir les choses sous l'angle obtus de la ressource. Se dire que finalement, on paie cher son permis pour ne pas engager de fonctionnaires. Mais célébrer aussi l'amour de la nature, le jumelage quotidien, l'observation des bêtes, et se sentir faire partie du grand cycle, du grand retour. La roue de la vie.