Juan Manuel Roca/Monologue du temps

Publié le 26 mars 2009 par Angèle Paoli
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Photocollage, G.AdC


MONÓLOGO DEL TIEMPO

El tiempo cumple con recordanos su paso
De maneras elusivas: es el suyo
Un ábaco con cuentas de granizo
Bajo el sol de los trópicos.
Así, el viejo que vuelve en tren a su patria
Cae fulminado en un pasillo del vagón. Ahora
Su patria es el olvido. Todo, en un guiño de tiempo.
Yo tuve una mujer construida para el siempre,
En su dorada cabeza siempre hacía verano.
La esperaba en las citas con paciencia de nube,
Y no sé si murió a tiempo o a destiempo,
Si se fue la víspera del día.
Se me han ido los anõs tratando de aprender
A caminar entre los hombres.
Como un ángel custodio de mi cuerpo,
Agua o arena entre los dedos, oigo cruzar el tiempo,
Fantasma que galopa en yegua blanca.


MONOLOGUE DU TEMPS

Souvent le temps se charge de nous rappeler
De manière élusive qu’il passe,
Abaque aux boules de grêle
Sous le soleil des tropiques.
Ainsi, le vieux qui rentre en train dans sa patrie
Tombe foudroyé dans un couloir du wagon. Désormais
Sa patrie est l’oubli. Cela, en un battement de temps.
J’ai toujours eu une femme bâtie pour un toujours,
Dans sa tête dorée régnait toujours l’été.
Je l’attendais à chaque rendez-vous avec une patience de nuage
Et je ne sais si elle est morte à temps ou contretemps,
Si elle est partie la veille du jour.
J’ai passé des années à essayer d’apprendre
À marcher parmi les hommes.
Comme un ange gardien de mon corps,
Eau ou sable entre mes doigts, j’entends passer le temps,
Fantôme qui galope sur une jument blanche.

Juan Manuel Roca, Monologues, 1994, in Voleur de nuit, Myriam Solal Éditeur, Collection Le temps du rêve, 2009, pp. 42-43. Traduit de l’espagnol (Colombie) par François-Michel Durazzo.



   Juan Manuel Roca est né à Medellín (Colombie) en 1946. Poète et journaliste, il a dirigé le magazine hebdomadaire El espectador. Son œuvre a été récompensée par de nombreux prix dont le Prix National de Poésie Eduardo Cote Lamus (1975), le prix national de poésie de l’Université de Antioquia (1979), le prix national du ministère de la Culture de Colombie (2004), le prix de poésie du monde latino-américain Victor Sandoval (2007) et le prix José Lezama Lima - Casa de las Americas (2007). Voleur de nuit (Los ladrones nocturnos) est sa première anthologie poétique en langue française (traduite par François-Michel Durazzo et préfacée par Jean Portante).


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