Safari

Publié le 29 mars 2009 par Rob Gordon
Élie Semoun et Gad Elmaleh s'étant plantés (au moins artistiquement) avec leurs derniers films inspirés de leurs personnages, il y avait des raisons de croire davantage au deuxième film réunissant Kad (devant la caméra) et Olivier (co-auteur et réalisateur). Contrairement aux films des deux hurluberlus cités plus haut, Safari n'est pas une réexploitation réductrice et mercantile d'un personnage de sketch ayant pu faire marrer les habitués des salles de spectacle. C'est au contraire un projet original (le mot est certes un peu fort) de film populaire mêlant comédie et aventure. Problème : aussi sympathique soit-il, Olivier Baroux n'a pour l'instant ni l'étoffe d'un grand metteur en scène, ni celle d'un scénariste efficace.
Safari ressemble donc à une gigantesque bande-annonce de la comédie vraiment drôle à venir sur nos écrans : quelques répliques amusantes, quelques personnages prometteurs, quelques ébauches de scènes d'aventure réellement éblouissantes. Une centaine de minutes de promesses, pour au final pas grand chose. Rarement drôle, le film souffre surtout d'un grave manque de rythme dû en partie à un montage catastrophique. À plusieurs reprises s'amorce une scène potentiellement forte, introduite de façon plus ou moins fine. Et au moment exact où ça pourrait commencer à être percutant, attention ellipse, et on passe à la suite. Comme si le premier montage du film était de 3 heures 30 et qu'il avait fallu couper à la va-vite tout en préservant un morceau de chaque scène. Sûr que les rushes sont plus drôles que ce qui a été gardé.
Dans le fond, Safari ressemble à un croisement entre Restons groupés, Le boulet et Pur week-end (vous savez, le film avec Valérie Benguigui et Kad Merad), puisqu'il montre à la fois un groupe de touristes menés par un guide loser et une série de courses-poursuites avec des méchants prêts à tout. Sauf que les coscénaristes ont voulu faire à la fois ces deux films-là, auxquels il faut ajouter le côté safari avec sa ménagerie créant différents problèmes. Résultat : comme souvent, rien n'est traité. On passe totalement à côté de la plupart des personnages, les running gags ne sont pas assez running, bref, ça ne fonctionne que trop rarement.
En fait, les meilleurs moments sont à mettre au crédit des personnages ultra-secondaires interprétés par Omar Sy et Yannick Noah, qui mettent leur énergie débordante au service d'effets de surprise plutôt bien vus. Ils semblent malheureusement aussi sacrifiés que les autres sur l'autel du montage. Lionel Abelanski n'est pas mal non plus en amoureux de la ville de Beauvais auquel arrive des mésaventures dont tout le monde se moque. Les autres sont plutôt transparents, même un Kad n'ayant finalement pas tant de scènes drôles à défendre. La palme du pire acteur revient une nouvelle fois à David Saracino, pathétique dans les moments comiques, et limite hilarant dans les scènes d'émotion. Car oui, de l'émotion, il y en a aussi dans ce Safari qui répond 100% au cahier des charges de la comédie populaire à la française. C'est encore loin, l'Amérique ?
3/10