Préférez-vous vivre à Palm Springs ou Central Park ?

Publié le 31 mars 2009 par Antoine.c

Si je vous dis Palm Springs, Central Park, Park Avenue, Soho, MOMA, International Wonder land vous pensez à la Californie et à New-York à Las Vegas? Et bien vous n’y êtes pas du tout, car il s’agit là d’un échantillon des noms de résidences internationales de Pékin.

En effet, à chaque fois qu’un gros programme immobilier est lancé, les promoteurs rivalisent d’imagination pour trouver le nom le plus évocateur possible et attirer le client. Les Château Regency rivalisent donc avec les Sun City et autres Park Avenue. Evidemment si le nom sonne bien américain c’est encore mieux.

Lorsque mon agent immobilier m’a dit le premier jour de ma recherche d'appartement que nous irions visiter la résidence Blue Castle j’imaginais un petit château tout bleu tout bleu sur une colline…Avant d’arriver là :

Quand j’étais encore en France, je m’étais promis de m’installer dans un immeuble 100% chinois et de fuir les résidences internationales… Une fois arrivé en Chine j’ai mis un peu d’eau dans mon vin. Je me figurais en effet les résidences internationales, de façon très exagérée, comme les espèces de ghettos à étrangers que l’on voit en Arabie Saoudite ou en Afrique du Sud où l’on vit en vase clos toute l’année derrière de hauts murs.

Mais les nombreuses résidences internationales de Pékin offrent en réalité des possibilités très variées et souvent plutôt intéressantes quand on vient de débarquer.

Tout d’abord par «résidence internationale » il ne faut pas comprendre réservée aux étrangers, loin de là. Certes les prix font qu’une proportion non négligeable d’expatriés vivent dans ces immeubles, mais en réalité ce qui les distingue surtout des immeubles classiques ce sont les nombreux services qui y sont proposés. On y trouve généralement au minimum un club de sport, une épicerie, un pressing et surtout un management anglophone.

Ce dernier point est vraiment d’un grand secours au début lorsque, ne parlant pas un mot de chinois, on se retrouve par exemple dans le noir un samedi soir parce qu’on n’a pas compris que l’électricité ne se paye pas chaque mois mais s’achète dans un distributeur à l’aide d’une carte magnétique à insérer dans son compteur. 

Ou encore si on se retrouve avec une douche qui fuit: un coup de téléphone et 15 minutes plus tard un ouvrier est là pour régler le problème…Enfin essayer de régler le problème, car étant polyvalent (plombier, électricien, carreleur etc) il n’est pas rare qu’il empire la situation.

Arrivé en novembre à Pékin, juste après la folie des jeux olympiques qui avait vu les loyers grimper de manière vertigineuse je n’ai eu aucun mal à visiter de nombreux appartements.

Toutefois, je me suis très rapidement rendu compte que cette recherche serait longue et difficile. En effet si l’offre est vraiment très abondante, ce qui laisse tout d’abord rêveur lorsqu’on arrive de Paris, où il faut presque mettre l’un de ses reins en caution pour louer un studio, la qualité est en revanche vraiment inégale.

Et le principal problème est en général la décoration. Je cherchais ainsi à la base une décoration plutôt  légère, avec des couleurs neutres... Ce qui n'est pas exactement ce que j'ai vu lors de mes premières visites.

En effet, en Chine la prospérité s’affiche souvent à travers une décoration chargée, constituée de luminaires compliqués (j’ai vu pas mal de lustres), de meubles aux dorures pas toujours très sobres, de canapés massifs et parfois bariolés. Bref, les propriétaires d’appartements de standing sont souvent convaincus que plus c’est chargé mieux ça se louera…

Il en est de même pour la petite touche d’originalité dont certains propriétaires agrémentent leurs appartements. Je pense que ce que j’ai trouvé le plus amusant est sans conteste la salle de bain vitrée.

Dans la chambre à coucher, la salle de bain n’est pas séparée par un mur mais par une vitre, comble de la modernité version chinoise, du coup on peut voir sa douce (ou son chéri) prendre sa douche le matin ou le soir tranquillement installé dans son lit…Mais ce n’est pas tout car la salle de bain en Chine abrite toujours les toilettes ! Et les toilettes vitrées il fallait vraiment y penser… Je n’ai vu ça que quatre ou cinq fois mais à chaque fois je me suis demandé quels étaient les arguments que l’architecte avait vendu à l’acheteur pour ajouté l’option « voyeur » dans la chambre à coucher. Mon agent immobilier, jamais à cours de bonnes formules me les a toujours désignées en me disant « And this is the  romantic bathroom »…

                     

Après avoir visité en trois semaines une quarantaine d’appartements, je me suis finalement décidé pour un trois pièces pas trop loin de mon travail. Bien orienté, dans une résidence de bon standing très majoritairement habitée par des chinois. Et surtout avec une décoration simple. Parfois j’ai un peu l’impression de vivre page 235 du catalogue Ikea mais je préfère cela pour commencer, j’ajouterai avec le temps des touches chinoises dans la déco…

Avant de m’y installer il fallu toutefois 10 bons jours de négociations pour pouvoir signer le bail.

En effet, en Chine on ne signe jamais les yeux fermés le bail proposé par le propriétaire, il existe une multitude de sujets de négociation. A commencer par le prix.

Ainsi, sauf en cas de très bonne affaire, il ne faut pas hésiter à demander une baisse du loyer demandé. Surtout en cette période où il est assez difficile de trouver des locataires pour les appartements de standing moyen et bon. En tous les cas, en résidences internationales on peut sans trop de difficultés faire baisser les prix affichés de 20%, selon ses habiletés de négociateur. On peut aussi parfois demander à ce qu’internet ou le club de sport, lorsque la résidence en a un, soient inclus.

Certains propriétaires vont même jusqu’à accepter de changer certains meubles, voire de meubler l’appartement en entier, une amie a ainsi fait la tournée des magasins de meubles avec ses propriétaires pour choisir ses meubles, une autre a obtenu un budget lampe pour changer tous les luminaires de l’appartement.

Il faut de plus être très attentif sur la durée du bail, car celle-ci est obligatoire tant vis-à-vis du propriétaire que du locataire, et si on veut partir avant la fin on a une chance sur deux de perdre sa caution. De mon côté j’ai négocié un bail de 18 mois avec possibilité, pour moi seul, de résilier le bail à la fin de chaque période de six mois, ce qui a priori laisse des portes de sortie.

Pour ce qui est de la recherche de logement à proprement parlé, il existe plusieurs possibilités, les sites d’annonces tels que The Beijinger ou Craigslist, le bouche à oreille et puis, bien sur, les agences immobilières. Il faut dans tous les cas toujours être prudent lors de la signature du bail pour s’assurer qu’on signe bien avec le propriétaire des lieux.

Enfin la dernière chose qui laisse parfois perplexe le nouvel arrivant est la fréquence de paiement du loyer. En Chine il est fréquent de payer par trimestre. Ce qui implique d’avancer d’un coup trois mois de loyer plus la caution. Mais la encore c’est un point qui se négocie et en ce qui me concerne je paye mon loyer mensuellement.

Côté loyer pour les gens qui cherchent des informations, les prix à Pékin ne sont pas très élevés. Pour 3000/3500Y (environ 380/400€) on trouve aisément un deux ou trois pièces (en Chine on compte cependant en chambres à coucher) d’une soixantaine de mètres carrés dans un immeuble chinois bien situé. Il faudra compter environ 6000/7000Y pour le même en résidence internationale (environ 700/800€), à partir de 8000/9000Y on atteint des loyers assez importants pour Pékin et on peut se permettre d’être un peu plus exigeant du point de vue de ce qu’on inclut dans le prix. Au delà de 10000Y (1100€) on entre dans les prix des résidences de grand standing.