Scènes de la vie locale en Polynésie

Publié le 06 septembre 2007 par Argoul

Urgences médicales :

Si vous habitez avec les 34 autres habitants l’atoll de Tematangi aux Tuamotu et si vous êtes victime d’une grave intoxication alimentaire pour avoir bouffé une murène, on doit vous « évasaner ». Pour cette évacuation sanitaire, on déplacera alors le Super Puma de l’armée de l’air. Sur ces petits atolls isolés, sans piste d’atterrissage, le seul moyen de sauver une vie en danger est de faire appel à l’armée. Le prix de cette ‘évasan’ est à la charge, normalement, de la CPS (sécurité sociale de la Polynésie). Le super hélicoptère est long de 15 m, lourd de 9 tonnes, autonome 5 heures et peut accueillir 23 personnes. Cette autonomie n’est toutefois pas suffisante pour atteindre les atolls les plus éloignés des Tuamotu sans escale. Il lui faut se ravitailler dans ce cas précis à Hao. Prévenu le 24 mai à 13h30, l’équipage du Super Puma basé à Faa et une équipe médicale (médecin et infirmier du Samu) étaient dans les airs à 15h30, atteignaient Hao à 19h30 pour refaire le plein, repartaient le lendemain pour Tematangi à 8h, revenaient à Hao à 10h30, transféraient le malade sur un avion affrété par la CPS et arrivaient à Papeete à 2h. Le Super Puma est utilisé en moyenne une fois par mois pour évasan ou recherches en mer. Il contribue à la survie des îles sans piste d’atterrissage ni passage fréquent de navires – c’est-à-dire l’immense majorité des atolls aux Tuamotu.

Air Tahiti Nui :

Selon la presse, la compagnie aérienne des îles a de gros problèmes. D’abord, des trous dans la caisse, que les gouvernements locaux successifs comblent pour remettre à flot la compagnie 100% polynésienne. Et maintenant, 33 personnes licenciées pour usage de stupéfiants parmi le personnel commercial de bord ! L’escale de Los Angeles est prétexte à tous les débordements pour ces jeunes stewards et hôtesses. Devant les dégradations subies par les hôtels, les Américains ont obligé la compagnie à changer plusieurs fois de lieu d’escale. « Bringues polynésiennes », barbecue dans les chambres, avaient fini par lasser. Les dirigeants d’Air Tahiti Nui doivent agir s’ils ne veulent pas disparaître au profit d’Air France ou d’Air New Zealand.
[Le journal du 9 juillet 2007, précise même : “En 2004, un de ses pilotes avait écopé de quinze mois de prison dont douze avec sursis pour avoir importé et consommé de l’ecstasy.” Oui, CONSOMME… Un forum est consacré à cette affaire de l’été sur Tahiti-Fenua. Pour des addict aux image, TF1 laisse en ligne une vidéo sur ce sujet d’actualité.]

Gendarmes attaqués :

Le paka pousse particulièrement bien aux Australes et son trafic rapporte des sommes considérables. La presse a même parlé, il y a quelque temps de « Rimatara connexion ». Les forces de l’ordre se montrent particulièrement vigilantes à l’égard des goélettes en provenance de Rurutu, Tubuai, Raevavae et Rimatara. Les gendarmes, envoyés de Tahiti, devaient détruire 3500 pieds de pakalolo dans le secteur d’Anapoto, l’un des trois villages de l’île. Au moment de procéder à l’arrachage et à la destruction par le feu, les militaires se sont retrouvés face à une bande de jeunes armés de coupe-coupe. Dans un premier temps, les gendarmes ont été caillassés avant d’être plus directement menacés, au point de sortir leurs armes pour se dégager. Ils ont abandonné la plantation et se sont retirés dans la gendarmerie. Une quinzaine de militaires, armés et équipés, ont dû quitté Faa à la nuit pour leur prêter main forte. Malgré les fusils à harpon, sortis pour défendre la plantation interdite, l’opération nettoyage a été menée à bien. Bilan : 9 arrestations et 6554 pieds de paka détruits sur un total estimé à 10 000.

Cour d’Assises :

Vous vous souvenez d’Akirina, cette jeune fille violée par une vingtaine de personnes, majeurs et mineurs. Ces derniers viennent d’être jugés. Dix enfants sont dans le box des accusés. Huit comparaissent pour non-assistance à personne en danger, deux pour viol aggravé. Victime d’une rupture cérébrale et d’un œdème pulmonaire, la jeune fille serait décédée aux environs de 4 h du matin mais aurait pu être sauvée. Entre-temps, une bande de jeunes a déferlé sur son corps inanimé. On parlait de 13… il en avait 21 ! Ses copains de quartier se sont acharnés sur elle avec une brutalité qui dépasse tout entendement. En septembre aura lieu le procès d’assise pour les 11 accusés majeurs.

Les feuilles :

Ceux qui connaissent l’Afrique se souviennent des femmes, armées de balais, en train de nettoyer chaque matin la cour de la maison, avant de préparer le repas pour le lever de leur seigneur et maître. Ici, c’est pareil, dès le lever du jour, ce sont les enfants qui sont chargés de ratisser les feuilles pour rendre le sol quasi vierge de tout détritus. Ce travail fini, les enfants iront se laver et seront alors autorisés à prendre leur petit-déjeuner, avant de partir pour l’école. En ce moment, c’est l’hiver austral, les feuilles tombent et j’entends chaque matin les râteaux et les balais, tsit ! tsit ! tsit ! C’est encore pire quand leur cour est recouverte de gravillons !

Femme de ménage :

E. me téléphone : « J’ai une nouvelle femme de ménage ! » L’ancienne, un jour, n’est plus venue, c’est courant ici.
– Tu es satisfaite ? Qui est-ce ?
– Ernest.
– C’est une Antillaise ?
– Non !
– Ah, un homme de ménage, alors ?
– Non, c’est un raerae.
– S’il fait bien ton ménage, why not ?
– Je ne sais comment l’appeler. Je lui ai posé la question !
– Et qu’a-t-il répondu ?
– Appelez-moi « Belle ».
– Alors tu l’appelles comme ça ?
– Il n’est pas belle, je lui ai dit. Je l’appellerai Copine. »

Sabine