Une belle leçon d'économie d'Angela Merkel !

Publié le 04 avril 2009 par Loïc Abadie

J'ai déjà eu l'occasion de dire ici toute l'estime que j'avais pour Angela Merkel, et je vais donc continuer.

Pour la première fois, une dirigeante d'un pays très influent vient de détailler  la vraie cause de la crise (lire l'interview dans le Financial Times), et la technique de fuite en avant dans le crédit qui était jusqu'ici la pensée unique des dirigeants du G20 (depuis bien trop longtemps) :

"La crise ne s'est pas produite parce que nous avons distribué trop peu d'argent, mais parce que nous avons créé de la croissance économique avec trop d'argent et que ce n'était pas une croissance durable. Si nous voulons en tirer des leçons, la réponse n'est pas de répéter les erreurs du passé ».

"Nous devons regarder en face les causes de cette crise. Elle s'est produite parce que nous vivions au dessus de nos moyens ».

« La responsabilité repose sur des efforts de relance inadaptés aux USA, conduits par le gouvernement et la FED, visant à faire redémarrer artificiellement l'économie (...) en injectant des liquidités toujours moins chères dans le système financier. »

Interrogée sur l'échec d'un placement de bons du trésor anglais auprès des investisseurs cette semaine, elle a répondu : « Cela nous montre que les états ne peuvent pas éternellement vivre à crédit".

Tout est dit, et nous voyons bien ici la différence de vision entre des dirigeants « boomers-euphoriques » intoxiqués par une mentalité générationnelle de l'expansion infinie de la dette, de la consommation et de la vie à crédit aux crochets des autres, et une dirigeante qui a connu un vrai environnement de crise et un système en faillite (l'ex-RDA), et qui n'a pas du tout la même façon de penser.

La présidente Allemande ne prend pas non plus ses électeurs pour des idiots qu'il faudrait flatter ou de rassurer gentiment avec des discours creux, et n'hésite pas à parler sans langue de bois de la situation de son pays :

« Germany, she says, is an over-indebted, export-oriented economy with an ageing, shrinking population. It cannot boost consumption at the expense of exports"

Et cette petite phrase pour finir :

« It isn't just that the banks took over too many risks. Governments allowed them to do so by neglecting to set the necessary [financial market] rules and, for instance in the US, by increasing the money supply too much"


Inutile de dire qu'un tel discours, émanant d'une dirigeante de premier plan et très influente au niveau européen, représente une excellente nouvelle et un vrai espoir de changement : la pensée unique basée sur la fuite en avant keynésienne commence à se fissurer sérieusement.