Un swing parfait ~ Jean Paul Nozière

Publié le 05 avril 2009 par Clarabel

Le Village est un projet implanté par Antoine Jeunet, un redoutable homme d'affaires, qui a imaginé un lotissement de résidences pour riches, cerclé par une rempart, protégé par un gardien à l'entrée, avec barrière pour entrer et sortir. C'est un modèle copié sur un mode de vie américain, mais à Sponge, près de Dijon, l'idée chatouille.
Dans la famille Jeunet, il y a la mère, Manon, femme passive et transparente, très lasse de sa vie de couple. Antoine est un homme tyrannique, exigeant et mysogyne. Et puis il y a Elena, une belle plante de seize ans, solitaire et discrète, qui est folle amoureuse du fils de gardien, Lucas Porato. Un jour, un individu se présente en poussant le cri de la chouette. Le sang d'Elena se glace aussitôt, c'est un signe : son frère Ugo est de retour.
Depuis six ans, le garçon a fugué. Il n'en pouvait plus d'être une marionnette entre les mains de son père, qui attendait de lui d'être un champion de golf. Ugo revient au bercail, il a vingt-deux ans, ses traits ont changé, mais pas seulement. Il est devenu plus agressif, plus violent, plus aigri. Six années à zoner vont rendent différent. N'attendez pas d'autre explication.
Qui est ce garçon qui ressemble à son frère, mais qui pourtant est si différent de lui ? Peut-on se fier au jugement de ses souvenirs, s'accrocher à une quelconque espérance pour satisfaire les apparences ? Elena observe, elle n'est pas la seule. Marc Porato, le gardien, qui était un ancien flic, se pose aussi de plus en plus de questions.
L'histoire est racontée en multipliant les points de vue, en alternant le présent et le passé. La mise en scène sait instaurer d'office un climat de suspicion, le cadre du Village est en lui-même un vase clos, les sentiments étouffent, les passions sont exacerbées. Normal que le lecteur se sente aussitôt interpellé, et qu'il croit deviner d'avance, et pourtant il ne sera pas au bout de ses surprises ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance du roman, très tendue, en plus d'être langoureuse (c'est l'été, il fait très chaud). La fin est peut-être un peu trop précipitée, les passions amoureuses trop vite amorcées, malgré tout j'ai été séduite par cette histoire renversante. Et puis j'ai lu ce roman d'une traite, parce qu'il vous impose ce besoin de ne pas décrocher avant la fin.

Syros, coll. Rat Noir, 2009 - 192 pages - 12€

le site de l'auteur : http://jpnoziere.com/index2.htm