Jacques Barrot contre les pédophiles, ou la construction kleptomane de l'Europe

Publié le 08 avril 2009 par Edgar @edgarpoe
Ce qui est profondément révoltant dans la construction européenne, c'est cette façon d'avancer toujours dans la construction d'un état européen sans jamais le dire ni le revendiquer. Comme un kleptomane, l'Union vous fait les poches depuis 1957 mais n'a malheureusement jamais été arrêtée...

Point par point, jour après jour, millimètre après millimètre, les différentes institutions européennes se passent le ballon pour marquer des buts contre les nations.

Un exemple récent : Jacques Barrot, commissaire à la justice, vient de demander une harmonisation des mesures pénales contre la pédophilie.

L'argument est pénible de démagogie crasse : "Nous voulons construire une Union européenne qui soit véritablement capable de protéger ses citoyens les plus vulnérables contre les formes de criminalité les plus terribles". (découverte étonnante : les droits nationaux encourageraient la pédophilie ?)

En conséquence de quoi, Barrot souhaite :

"la peine infligée à un pédophile devrait être d'au mois six ans dans les législations nationales de l'UE, contre au moins un an actuellement.

Si ce pédophile est un membre de la famille ou un enseignant, la peine minimum doit passer à 10 ans. Et si l'abus a mis en danger la vie de l'enfant elle monterait jusqu'à 12 ans de réclusion, juge le commissaire. [...]

La proposition introduit des sanctions pénales pour les nouvelles formes d'abus telles que la sollicitation d'enfants à des fins sexuelles sur internet, la consultation de matériel pédopornographique sans téléchargement de fichiers ou le fait de faire adopter à des enfants des poses à caractère sexuel devant des webcams.
"

Toute l'artillerie lourde européenne est sortie : une cause inattaquable (qui va s'ériger en défenseur des pédophiles et des états-nations ?), une démagogie répressive propre à susciter les applaudissmeents des foules (multiplier par six la peine minimale, c'est six fois mieux que les législations nationales, non ? Ca va dissuader six fois plus. Non ?)

Bref, derrière cette proposition en apparence formidable, Barrot pousse un pion de plus vers la reconnaissance d'une compétence de fait de l'Union européenne en matière pénale. 


Or, l'Union européenne n'est pas compétente en matière pénale. Cela ne l'empêche pas de prendre des décisions d'ordre pénal sous les motifs les plus divers, toujours ô combien légitimes (défense de l'environnement, lutte contre les pédophiles etc...). Tant et si bien qu'on publie maintenant des codes de droit pénal européen.

Mais la légitimité des interventions européennes en matière de droit pénal européen est si mince que le service des synthèses juridiques de l'Union européenne lui-même, commentant la Cour de justice, dans un arrêt de 2005, précisait : "L'arrêt clarifie la répartition des compétences entre le premier et le troisième pilier en matière pénale, même si le droit pénal en tant que tel ne constitue pas une politique communautaire."

De fait, le droit pénal n'est pas être une compétence européenne, mais la CJE, au lieu d'en prendre acte, construit une jurisprudence qui permet de répartir entre le Conseil et la Commission des compétences qui n'existent pas...

Se construit ainsi, tout doucement, dans le déni et le mensonge, de façon totalement non démocratique, un état européen, une compétence générale européenne pour légiférer sur tout. Le souverainisme européen est en marche, il avance masqué.

En droit civil, les mêmes procédés d'empiètement illégitime du droit européen sur les droits nationaux avaient été dénoncés par 41 professeurs, dans une lettre ouverte à Jacques Chirac.

Ils écrivaient ceci :

Dans une démocratie organisée selon les principes de l’état de droit, une règle n’est légitime que si elle émane d’une autorité investie du pouvoir de l’édicter. Comme on l’enseigne aux étudiants de première année des facultés de droit, sinon déjà aux collégiens dans leurs cours d’instruction civique, ce n’est qu’à cette condition qu’elle est une règle de droit et mérite donc obéissance. Pourtant, et malgré les protestations de plus en plus vives d’un nombre toujours plus grand de juristes européens, les institutions communautaires ne cessent de prendre des libertés avec ce postulat.



Les arrêts Laval et Viking, qui facilitent le paiement de salariés en suède aux tarifs des pays de l'est, concurrençant les salariés suédois chez eux, sont pris au noim du droit de la concurrence et au mépris de l'absence de compétence de l'Union en matière de droit social.


Qui va dénoncer ces micro-empiètements ?

Qui peut mobiliser les foules autour de la défense des pédophiles ?

Ou du droit français des contrats ?

Dans le domaine social, la mobilisation marche mieux, mais l'Union avance pour le coup de façon plus prudente.

Il ne faut pourtant  pas s'y tromper, l'Union européenne est en guerre contre les états, et avance pouce par pouce, un peu comme à "1, 2, 3 soleil". Pour l'Union, chaque mouvement pas vu pas pris est bon à prendre et permet d'avancer dans la voie d'un état européen, vers un souverainisme européen. Ceci en dehors de toutes les régles de l'état de droit.

On ne sait pourquoi, ce souverainisme particulier, illégal et donc illégitime, n'est jamais dénoncé comme souverainisme, mais toujours paré de couleurs généreuses et désigné par des périphrases élogieuses (la "construction européenne" ça n'est pourtant que ça : le chemin vers un état souverain, vers un souverainisme européen).

Le seul moyen de lutter contre cette méthode proprement dictatoriale, c'est de tirer la conséquence globale de ces multiples attaques microscopiques contre la démocratie, et de refuser de participer au cirque européen.

Le jour des élections européennes, il convient au démocrate de rester chez soi ou d'aller à la pêche ou de soutenir les seuls partis conséquents en matière de démocratie : ceux qui auront le courage de demander la sortie de l'Union européenne, et d'en finir avec les rêves d'une "autre Europe".