L'hippodrome de Prague se trouve à "Chuchle", et même à "Velká Chuchle" (grande...) parce qu'il existe également une "Malá Chuchle" (petite...) cependant intégrée aujourd'hui à la grande. "Chuchle" est imprononçable pour un Français, car le phonème [x] en alphabet phonétique n'existe pas en cette langue.
La première mention du patelin remonte à 1132, lorsque le chanoine de "Vyšehrad" (continuateur de l'oeuvre de Cosmas Pragensis, "Canonici Wissegradensis, Continuatio Cosmae") écrivit: "Anno dominicae incarnationis 1132 [...] XIV Kal. Februarii domino Meynhardo in quodam villa Chuchel manente, in cuiusdam diei crepusculo inauditum horrendumque nimis accidit portentum." Au crépuscule d'une fin de journée habituelle, alors que cette fripouille d'évêque "Menhard" s'en reposait peinard sa viande dans une villa de "chuchle" (cf. son complot manqué contre le prince "Soběslav I"), il faillit prendre sur sa trogne de conspirateur un roc détaché par hasard de la paroi. Et cet évènement aussi futile que le déplacement d'un Klaus à Santa Barbara finit calligraphié dans les chroniques. Dingue! En cette période, le bourg (alors unique) devait sans doute appartenir au clergé, et l'évêque venait s'y reposer de temps en temps, loin du raffut de la capitale en période de visite obamesque.
Les 2 "Chuchle" appartinrent donc (en gros) au monastère de "Zbraslav" de 1292 jusqu'en 1785 (avec des pauses minimes cependant), lorsque Joseph II mit un terme aux activités monacales. Entre temps le bon roi Charles IV confirma les possessions des moines et exonéra les 2 "Chuchle" de l'impôt foncier. Entre temps les hussites détruisirent l'église du bourg en 1420 alors qu'ils marchaient sur le monastère de "Zbraslav". Entre temps les Français construisirent la route "Strakonická" à grand renfort de dynamite lorsqu'en 1742 ils logeaient dans le susmentionné monastère. Entre temps ils relièrent ainsi directement les 2 "Chuchle" à la capitale à laquelle la grande ("Chuchle") est rattachée depuis 1968 comme la petite d'ailleurs qui l'était depuis 1921, alors qu'elle fait dorénavant partie de la grande ("Chuchle") et donc de Prague par son intermédiaire (de la grande "Chuchle") car elle fut rattachée (la petite) à la grande ("Chuchle") laquelle est un des 57 districts de la capitale Prague depuis 1990 (vous suivez?).
Entre les 2 "Chuchle" se trouve une chaplette de la vierge, abritant une source mariale que l'on considérait comme curative. Les vieux du village racontent (après plusieurs bières) que l'impératrice Marie Thérèse d'Autriche se faisait importer de cette eau miraculeuse jusqu'à Vienne pour soigner ses douleurs vaginales (tu m'étonnes, après avoir pondu 16 gosses). Mais au 20 ème siècle, des analyses chimiques sérieuses prouvèrent que cette source ne contient aucun élément atypique (à fortiori curatif) d'aucune sorte. En juin 1881 eut lieu la fameuse "rixe" de "Chuchle" entre les étudiants tchèques et allemands dont l'origine (de la rixe) était l'enseignement en Allemand dans l'université. Les 2 camps se mirent gravement sur la gueule, au point que la nouvelle se répandit hors frontières de l'empire et que le fameux journaliste enragé "Egon Erwin Kisch" (dont j'ai fait mention la dernière fois) en écrivit une cinglante nouvelle sur le chauvinisme national 50 ans plus tard (cf. "Egon Erwin Kisch: Die Kuchelbader Schlacht, in Prager Tageblatt. 8. Juni 1930 und in: Prager Pitaval. Späte Reportagen.").
ancienne publie). Bon, et passons quand même aux bourrins maintenant.
La première vraie course de canassons que mentionnent les anales chevalines date de 1816, et se serait déroulée à "Kladruby nad Labem". Il semblerait que l'empereur François II en ait été l'instigateur, au motif "qu'on n'est pas plus con qu'un Anglais en Autruchon-gris". Ensuite il y eut d'autres courses de galop en 1839, 1840 aux Invalides (cf. rues "U invalidovny" et "Za invalidovnou") plutôt destinées pour les bourrins de la petite noblesse qui pouvait ainsi briller devant les puissants. Mais l'endroit était étriqué, les buvettes peu nombreuses, les habitants se plaignaient des odeurs (ça pue une carne) et dès 1867, l'on déménagea les chevaux comme les paris dans le pré de l'empereur ("Císařská louka", la grande île que vous voyez depuis le château de "Vyšehrad") pour les remplacer (aux Invalides) par des courses de vélocipèdes plus écolos (véridique, encore qu'un cycliste qui se pisse sur l'tutu et transpire l'EPO sous l'bras, ça pue aussi).
Alors en parlant de pari, c'est bien la seule chose qui finit par m'attirer dans c'te embuscade dominicale (hormis la présence de la délicieuse Viky), parce que vous l'aurez sûrement compris à la lecture de cette publie, je ne voue pas une spéciale affection à la race chevaline. Attention, je ne leur veux aucun mal aux chevaux, rien contre (d'ailleurs même pour, dans les boucheries chevalines), mais je ne me sens doté d'aucun amour particulier envers ces bestiaux. Pourtant j'en ai essayé un (et pas dans l'assiette), en Camargue.
Je récupérai mon gain, et nous quittâmes le champ de course car mes potes comme Viky s'en devaient retourner sur "Domažlice". In fine 500 CzK (18,50 €) furent investies, 370 CzK (13,70 €) récupérées, et j'ai fait quelques photos de Tatav pour mes arrières arrières arrières petits zenfants, donc ce ne fut pas si tellement gaspillé comme dimanche après-tout. Les paris? Ouais, bof, ça ne m'a pas spécialement mordu parce que c'est vachement du hasard quand même, et que tant qu'à zarder, autant parier sur les probabilités mathématiques d'une roulette que sur les zaptitudes zaléatoires de bêtes zanimaux. Chais pas si j'y retournerai un jour, au turf, mais à "Chuchle" fort certainement, car il me reste pas mal de choses à voir. GPS PMU: 50°0'30.968"N, 14°23'32.69"E.