La cathédrale ou le temple des idoles en Polynésie

Publié le 12 avril 2009 par Argoul

Quelques semaines après la commémoration de « l’arrivée de l’Evangile » à la Pointe Vénus, direction les Gambier grâce à une émission de RFO (Radio France Outremer). Ce que j’en ai compris et retenu :

Aux Tuamotu-Gambier il y a 99% de Catholiques.

En août 1834, les missionnaires catholiques débarquent aux Iles Gambier. La grande Prêtresse aurait annoncé l’arrivée de deux hommes en robe longue et chaussures. Certains y croient d’autres sont plus sceptiques. Le Père Laval apporte la paix… Voilà des guérisons, les missionnaires parlent au soleil avec un miroir, ils trouvent de l’eau douce, ils envoient une montgolfière en papier. Le jeune roi se convertit au christianisme. Il est suivi par d’autres. Il semble que le Dieu catholique soit plus fort que le dieu du marae.

Les dieux des marae ne se sont pas rebiffés. On distribue des terres contre des baptêmes. On construit la plus grande cathédrale de Polynésie et d’Océanie sur le temple des idoles : le marae. Pour lutter contre l’oisiveté des Mangaréviens, on leur fait construire église, chapelle, séminaire. En 2009, l’Etat va mettre la main à la poche pour restaurer la cathédrale de Rikitea…

A Tahiti, dans la vallée de la Papenoo, auraient habité 6 à 12 000 personnes. Si les Polynésiens étaient de grands navigateurs, ils furent aussi de grands horticulteurs. Les familles polynésiennes sont attachées à un animal gardien : chat, chien, oiseau, lézard, etc. Le songe serait la voie démocratique qui mènerait à la Connaissance.

Si le marae est un lieu de culte voire de sacrifice, c’est aussi un lieu politique, sur le marae on perpétue la tradition. Avec une pierre apportée d’un autre marae, on construisait le marae familial, la lignée généalogique remonte à un dieu-ancêtre. « Nous venons 6 à 7 fois l’an prier les ancêtres », raconte une personne interrogée par le journaliste. « Quand le marae familial a résisté au temps et au saccage, on y perpétue une mémoire et cela signifie également que j’appartiens à cette terre ».

La quête identitaire des Polynésiens date de 1970 avec l’implantation du Centre d’expérimentation du Pacifique (C.E.P.). Les « envahisseurs occupants » ce sont les 12 à 15 000 militaires envoyés par la métropole. Dans cette petite population, ce fut un choc, une agression. Ils se sont repliés sur eux-mêmes, en famille, n’échangeant qu’avec les autres peuples du triangle polynésien (Hawaï, Ile de Pâques, Nouvelle-Zélande), partageant les connaissances du passé.

La traduction de la Bible en tahitien en 1817 octroie à la langue tahitienne le titre de langue vivante et cela n’est pas rien. Un peuple, une langue, un drapeau, un hymne…

Désolée, j’exprime peut-être assez mal tout cela. Je vis en Polynésie depuis des années au milieu de Polynésiens, mais dans mon sang ne coule pas le Maohi. Il existe une sensibilité, un ressenti qui m’échappent. Polynésiens, vous voudrez bien m’en excuser, ne pas m’en tenir rigueur. Et compléter mon texte par vos commentaires éclairés !

Sabine

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