Robert Frank, un artiste

Publié le 04 février 2009 par Perenom

L'actualité de Robert Frank est à Washington à la National Gallery of Art mais aussi à Paris avec l'exposition au Jeu de Paume du 20 janvier au 22 mars. Le site Concorde propose un dialogue entre la sélection de photographies de Paris, choisies par R. Frank et U. Eskildsen (présentées au Museum Folkwang de Essen) et l'intégralité des photographies du livre "Les Américains", prêtées par la Maison Européenne de la Photographie. Voici quelques liens pour mieux appréhender l'oeuvre de Robert Frank:

  • Arte : une série de courts films diffusés en janvier 2009
  • Miradas : citation de R. Frank : "You do your work as a photographer and everything immediately becomes past. Words are more like thoughts; the photographer's picture is always surrounded by a kind of romantic glamor - no matter what you do, and how you do, and how you twist it"
  • Vanity Fair  : un article de Charlie le Duff sur la visite de Robert Frank en Chine à l'occasion de sa visite au festival international de photographie de PIngyao. En plus, un curieux film intitulé "Pull my Donkey"  
  • The National Gallery of Art  : une série de planches-contacts de la série Les Américains
  • Photoeye.com : un post de Jeffray Ladd sur la journée du 15 mai 2008 au Lincoln Center où Robert Frank était invité
  • WNYC  : l'intégralité sonore de la rencontre entre Robert Frank et Charlie Le Duff au Lincoln Center
  • désordre.net : Philippe de Joonckheere diffuse son mémoire, sur R. Frank, de fin d'études de l'Ensad (1990)
  • New-Order filmé par R. Frank pour leur titre "Run"
  • Aspesi : l'ensemble des photographies de mode réalisées par Robert Frank pour Aspesi. Vous pourrez aussi trouver quelques informations sur ces 3 catalogues en consultant 5B4 
  • Steidl : l'éditeur de R. Frank nous présente une série d'images sur la préparation du livre "Storylines"
  • Photographie contemporaine fait un compte rendu très intéressant de l'exposition du Jeu de Paume
  • Elisabeth Bouvet sur RFI fait le portrait de Robert Frank, vagabond mélancolique
  • Lunettes rouges analyse quelques photographies
  • Bob Edwards propose un interview de Sarah Greenough, auteur du livre-catalogue : ''Looking in "The Americains" et de Robert Frank, à l'occasion de l'exposition à Washington
La série sur Paris est plus "classique", antérieure à la série américaine, Robert Frank travaille son style qui sera moins humaniste, plus déconstruit, plus éclaté par la suite. Européen à Paris, il est plus romantique et sentimental, travaillant par thème: chaises, fleurs... Sa photographie n'est pas d'ailleurs sans référence à Brassai ou Kertész...Mais déjà il photographie à la marge, à la périphérie, un vocabulaire s'installe.Robert Frank est en effet un photographe reconnu à New-York (après avoir émigré de sa Suisse natale). Parfaitement formé et professionnel, travaillant en studio, au moyen format ou à la chambre pour réaliser les travaux de commande des magazines, il connait les plus grands photographes et graphistes. Mais Robert Frank cherche autre chose, il désire mettre en place un style différent, reconnaissable, efficace, personnel. Pour cela il quitte Harper's Bazaar et part en Amérique du sud avec un Leica. Ses photographies du Pérou constitueront les premiers essais de cette réflexion avant les voyages réguliers en Europe et la série sur Paris, où Robert Frank essaye de travailler et s'installer, sans succès. Il décidera alors de repartir pour New-York et d'entamer ses photographies sur l'Amérique.Je ne peux que vous inviter à aller voir cette exposition du Jeu de Paume, mais visionnez aussi les films projetés à cette occasion. Regardez, achetez ou empruntez les livres de R. Frank, ils sont nombreux, bien édités et diffusés par Steidl.Je n'ai qu'un regret, la difficulté à voir en exposition ses derniers travaux.Pourtant cette partie de son travail, extrêmement intime et grave, a une portée bien plus universelle que "Les américains". Robert Frank n'est plus photographe, il est plus que cela, un véritable artiste : il assemble, grave, écrit, construit... Il est devenu un artiste radical bien plus moderne et contemporain que bien d'autres.En 1995 j'ai fait un voyage à New-York pour essayer de le rencontrer. Je le remercie encore d'avoir reçu le photographe intimidé qui lui avait téléphoné quelques jours auparavant. Je l'ai rencontré chez lui à Bleeker street. Nous avons parlé de peinture, beaucoup, de musique, en fait peu de photographie. June passait de temps en temps. Robert Frank était, mais vous vous en doutez, d'une profonde générosité et simplicité.