Genre: Action/Drame
Chaîne: HBO
Créateur: David Chase
Un parrain de la Mafia dépressif, en voilà une idée?
Les Sopranos prennent place dans le New Jersey où un chef de la Mafia, Tony Soprano, est pris de vertiges et de malaises. Il décide d'aller voir un psychologue.
Ce qui a pour conséquence de souvent fausser ses relations et celles de ses proches. Comment faire avaler à son/sa petit(e) ami(e) que son père est dans la Mafia, qui plus est, le parrain? Comment se faire prêter de l’argent par une banque dans de telles conditions? Néanmoins, Tony se voit rarement refuser une avance pour peu qu’il use de son pouvoir et de la crainte qu’il suscite. Empêcher des avocats de défendre un adversaire ou sa femme en cas de divorce, obtenir des permis de construire, permettre à son fils d’intégrer une école, rien ne peut se refuser à Tony Soprano. Mais ses relations n’en restent pas moins jamais abouties, par la peur des représailles, plus que par l’amitié.
Il a deux visages. Celui avec sa famille d’abord, où il essaye de donner une image d’homme classique. Il participe à l’éducation de ses enfants, accompagne sa femme dans la vie. Ses journées ressemblent à celles de Mr. ToutLeMonde. Il se lève, va chercher son journal, s’habille et va travailler. Il revient le soir pour dîner, regarder la télévision (souvent des documentaires historiques), et va se coucher. Pas de gardes du corps, ni de barricades. Une vie à priori classique.
Ses enfants, au premier abord, ne se doutent pas de qui il est vraiment. Tony leur dit qu’il est directeur d’une entreprise de ramassage d’ordures. Par la suite, lorsqu’ils découvrent le pot aux roses (enfin surtout A.J., Meadow sait depuis longtemps qui il est), il essaye de conserver une image positive. Il met à profil bas ses exactions commises. Il donne l’impression d’un partenariat très soudé avec ses hommes de mains (ce sont tous des oncles). Il fait preuve de générosité, achète un 4x4 à son fils, paye « x » bijoux à sa femme, tous plus beaux les uns que les autres.
Tony est très attaché à sa famille. Touchée la et la colère qui s’en suivra, sera des plus violentes de l’Histoire de la télévision. Il le dit lui-même, tout ce qu’il fait, est pour sa famille, pour ses enfants. Il veut qu’ils ne manquent de rien. On peut d’ailleurs aisément faire un parallèle avec un autre personnage de série : j’ai nommé Vic Mackey. Lui aussi répète souvent que tous les mauvais actes qu’il commet sont avant tout là pour assurer le bien être de sa famille. Néanmoins, chez Tony, le coté crapule est complètement assumé, contrairement à Vic qui est flic.
Bref, la famille tient une place importante dans la vie de Tony, ce qu’on n’aurait pu s’imaginer d’un parrain de la Mafia.
Sans doute tient t’il cela de son passé puisque son père était capitaine et l’a parrainé à ses débuts. La voie était à sens unique pour lui et il rêve probablement d’une autre vie. Un passage dans le coma nous le montrera. Aujourd’hui, d’ailleurs, si il va chez le psy, c’est bien à cause de ce passé qui le ronge et le culpabilise. Il ne s’en rend pas forcément compte mais les séances vont l’amener à s’en apercevoir.
Il parait certain qu’il ne souhaite pas le même chemin pour ses enfants. Comme tout idéal de parents, il veut que ses enfants réussissent. Et il fait tout pour cela.
Il est également très attaché à sa femme, Carmela. On ne pourrait le soupçonner étant donné qu’il pratique couramment l’adultère. Mais une rupture qui s’ensuit, lui fait prendre conscience de ses sentiments profonds pour elle. Il est très généreux et l’ensevelit sous le confort. Mais, sournoisement, il est possible aussi qu’il s’en serve comme moyen pour mieux la maîtriser et la contrôler.
Tony est un homme coléreux. Il n’accepte pas qu’on le remette en question, il n’accepte pas la critique et se met, souvent, dans une colère noire lorsque sa psy lui dit ses quatre vérités, même si il est attaché à elle et en est même amoureux.
Autre facette du personnage, celle du parrain. Là, c’est une autre paire de manches. Pour peu que vous n’ayez aucun lien de parenté avec lui, sa considération reste très limitée. Il vous estime juste comme partenaire d’affaires. En cas de mauvais coup ou de mise à table avec le F.B.I., la faucheuse est au bout du chemin. Tant est si bien qu’on soit attaché au personnage qu’il exécute, Tony sombre dans la noirceur absolue.
Il est égoïste et ne voit que son intérêt. Alors que ses partenaires se doivent d’être à ses petits soins en cas de pépins, lorsqu’un problème survient chez l’un d’eux, tout juste donne t’il un conseil pour s’en sortir. Mais pas question de gaspiller de l’argent. Ce nombrilisme dans les affaires, lui vaut d’ailleurs de nombreuses tentatives de rebellions parmi même ses capitaines.
Tony est avare en affaires, il en veut toujours plus et s’accapare les gros coup même si ce n’est pas lui qui a fait le sale boulot. Il oublie souvent ses dettes, il pratique couramment la course aux jupons, il tue souvent dans la plus grande froideur et il n’en exprime aucuns remords, aucun repentir.
Il est le parrain et l’assume complètement.
L’un des plus grand personnage de série de cette décennie est interprété par un James Gandolfini au sommet de son art.
Carmela est une fervente chrétienne et verse limite dans le puritanisme. Pas question de bafouer la religion ni de la blasphémer. Elle entretient d’ailleurs une relation étroite avec le père Phil Intintola à qui elle confie parfois ses secrets et ses angoisses. Dans les moments les plus difficiles, elle va même jusqu’à consulter un psy pour tenter d’y voir plus clair.
Après la découverte des nombreuses tromperies de son mari, elle va vouloir divorcer, même si pour elle c’est un acte odieux vis-à-vis de la religion. Mais Tony va contrecarrer son choix en la mettant dans l’impasse : aucun avocat ne voudra la défendre à cause des pressions faites par celui-ci.
Ainsi, sa possession la met malgré elle, dans une cage dorée.
Bref, la vie de Carmela n’a rien d’enviable et reste très fragile. Si un grain de sable vient à enrayer les affaires de Tony, c’est toute ce qu’elle est qui s’effondre.
Tout comme Gandolfini, Edie Falco excelle.
Meadow est un personnage sensible. Ses relations amoureuses sont souvent passionnées. Elle fait preuve de beaucoup de complicité avec son frère et n’hésite pas à l’aider en cas de pétrin.
C’est clairement le personnage qui s’en sort le mieux de la série.
De ce fait, Antony suit la pente de la déchéance. Ses études sont une catastrophe, il se fait rapidement virer par les établissements et même dans les petits boulots. Ses amis sont peu recommandables et se servent de lui comme faire valoir. Il finit par sombrer dans la paranoïa total en se tenant régulièrement informé des menaces terroristes et devient sensible aux moindres aléas.
Il s’investit complètement dans ses amours et les cassures finissent par sonner comme un coup de tonnerre dans son cœur et son esprit.
Toute cette accumulation d’angoisses et de sentiments fait que A.J. est un personnage instable et perdu.
D’autres membres de la famille Sopranos apparaissent. Il y a Oncle Junior dont se sert un temps Tony comme leurre à la police, en le nommant faussement chef de la Mafia. Il y a sa mère Livia, qui le hait et ne reconnaît pas en lui un vrai fils. Ce qui a tendance à l’éloigner d’elle, malgré tous ses efforts. Il y a sa sœur Janice qui lui ressemble un peu de part son côté impulsif et colérique. Et tout un tas de cousins qui viennent faire des affaires avec lui.
Là encore, les capitaines et partenaires d’affaires de Tony ne ressemblent en rien à ce que l’on peut s’imaginer de parfaits mafieux.
Maquereau, ironiquement, il se dit amoureux de sa femme, Gabriella. Il a même eu une fille avec elle.
Il aime avoir fier allure et prend soin de lui. Il se sert même de son physique pour essayer de ressembler à Tony Montana et l’imite, pour le plaisir des autres.
C’est un personnage peu sensible, froid et pour cela il est l’homme de main parfait de Tony. Etre dans la Mafia demande beaucoup de soi, et exige une sensibilité réduite au néant. Il peut exécuter n’importe quel ordre sans complexes ni culpabilités.
Dans un premier temps il va tenter d’échapper au monde de la Mafia. Pour cela, il va se lancer dans le cinéma en prenant des cours de comédie et de réalisation. Mais le caractère impulsif de Christopher, aura raison de ses bons vouloirs. En fait, il n’aime pas qu’on le prenne pour un con. La preuve en est lorsqu’il entre dans une boulangerie de son quartier. Il prend un ticket et attend son tour. Mais il perd vite patience et braque le commerçant pour qu’il soit servi. Bien que la scène ait un côté jouissif, elle permet de se rendre compte de son problème d’égo qui entache sa capacité d’évolution. Il finit donc comme partenaire de Tony pour gagner sa vie.
A force de faire des affaires et de gagner beaucoup d’argent, il perd la boule et devient accro à l’héroïne. Son comportement va changer et devenir plus instable. Sa femme, Adriana va en être la première victime. Tony va alors le placer en centre de désintoxication.
Même si les apparences peuvent être trompeuses, il aime sa femme. On ne le voit jamais la tromper et, plus tard, il ne va jamais se remettre de sa disparition.
C’est un personnage solitaire et le vit probablement mal comme le suppose son entourage. Il est attaché à sa mère et à sa tante qui sont les liens familiaux les plus proches qu’il ait et il en prend soin.
Bon nombre de personnages côtoient les affaires de Tony. Il y a également d’autres familles qui sont présentés comme celle de New York ou de Naples.
Autres personnages.
Extrait :
La lutte en Italie
L'Italie a réussi à donner quelques coups significatifs aux organisations mafieuses qui œuvraient sur son territoire et à partir de celui-ci. Les procès à grande échelle (opération « mains propres ») dans les années 1990 ont permis l'arrestation de plusieurs figures emblématiques de la mafia locale, tout en mettant hors d'état de nuire de nombreux politiciens véreux.
L'assassinat particulièrement démonstratif des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino (au moyen d'une tonne de TNT dans chaque cas) donna malheureusement un coup d'arrêt grave à cette action.
Etre le psy du parrain de la Mafia locale n’a rien d’un jeu d’enfants. Elle est dans le giron de Tony et il est difficile de s’en sortir. Il n’a rien d’un patient ordinaire, c’est un criminel. De ce fait, ses réactions et sa vision des choses n’ont rien avoir avec une personne commune.
Cette relation est très intéressante à suivre.
Les Sopranos est une série mythique pour plusieurs raisons :
Elle ouvre sur un monde peu ordinaire et qui n’a rien de celui auquel on pourrait s’attendre. D’ailleurs, cette particularité a valu à David Chase, des années de labeurs pour trouver une chaîne qui accepterait de le mettre à l’antenne. Ils n’ont rien de parfaits mafieux même si tous les thèmes rattachés sont bien présents.
La série a révolutionné le genre. Elle les a dépoussiérées et fait office de précurseur des séries actuelles et ce à travers le monde.
Les Sopranos et leurs comédiens ont gagné de nombreuses récompenses. La série s’est arrêtée cette année pour sa sixième et dernière saison. Elle a fait les beaux jours de HBO et a permis à la chaîne de devenir la référence en la matière.