Métropolisation et Métropoles (3)

Publié le 19 avril 2009 par Jfa

Le Certu publie une lettre Transflash (à laquelle on peut s’abonner gratuitement) avec une interview d’un dirigeant de Keolis qui explique les raisons des enquêtes lancées sur les mobilités: “Au départ, c’est la volonté de dépasser la seule satisfaction des clients (on peut «disparaître » avec des clients heureux… mais de moins en moins nombreux). C’est aussi s’intéresser aux marchés des déplacements dans sa diversité temporelle et spatiale (j’habite Gardanne, je travaille à Vitrolles, le dimanche c’est les calanques de Marseille, je vais au ciné à Aix, et j’aime bien sortir à Marseille le samedi)”.

Vu d’en bas, ce point de vue pose aussi la problématique métropolitaine car comme le dit l’ami Fabrice, une métropole est un territoire qui associe des espaces urbains, agricoles et naturels. C’est pour cela que l’on parle de métropolisation d’espaces naturels, et c’est pour cela que la métropole niçoise s’étend de Draguignan (espace de délestage) à Menton avec une épaisseur qui englobe le moyen pays et certaines communes du haut pays localisées dans les hautes vallées (Var, Vésubie et Tinée), comme le montrent par ailleurs les études prospectives  faites par la DDE dans le cadre de la révision de la DTA et divers articles universitaires.

Nous avons chez nous des niçois travaillant à Sophia Antipolis ou sur la ZI de Carros, allant skier à Auron, pique-niquer dans les criques de la Corniche de l’Estérel, se baigner à St Jean et sortir à Monaco ou Juan les Pins, faire leurs courses à Lingostière (et il arrive même que ce soit jusqu’à Vintimille). Pour peu qu’ils habitent sur les collines, la voiture constitue actuellement le seul mode de transport convenable. L’inverse est aussi vrai pour celui habitant Cagnes/mer, Antibes, Grasse ou Menton et travaillant ou venant étudier à Nice.

Le problème est encore compliqué par l’aménagement de la Plaine du Var, par le traitement des ordures ménagères qui va devoir partir de La Glacière et dont aucune commune ne veut hériter, …

En termes d’homogénéïté sociale, on recense un certain nombre de quartiers “craignos”, à taux de chômage élevé, excentrés voire enclavés et mal desservis, y compris en services publics et seules 3 communes du département (de gauche) atteignent les 20% de logements sociaux requis par la loi alors que le logement des actifs à petits revenus est notoirement insuffisant.

Le tramway niçois ne sera qu’un cautère sur jambe de bois s’ils n’est pas doté, encore davantage, de vastes parkings à ses terminaux, articulé avec des équivalents RER (notamment un Nice-Grasse desservant Sophia-Antipolis) et des TER mieux cadencés.

De Menton à Cannes plus particulièrement, la structure en rateau des transports publics nécessaires (descendant des collines et vallées pour rallier les transversales littorales) pose aussi ses problèmes.

La nouvelle polarité que va organiser le projet de la Plaine du Var suppose: 1) de privilégier  de la mixité sociale et économique, 2) de prévoir un pôle multimodal de transports publics, 3) d’être un modèle de constructions durables, notamment dans une zone où des crues centennales peuvent se révéler redoutables, d’autant plus en période de réchauffement climatique, 4) d’être conçu dans une logique métropolitaine, avec les outils institutionnels adéquats au lieu d’être sous la coupe de l’état, et 5) de donner lieu à des consultations démocratiques nettement plus importantes que les simulacres technocratiques actuels.

Dans les 20 métropoles française, Nice est classée dans un rapport d’études européen  comme étant une  ”MEGAs : Metropolitain European Growth Areas”, (ESPON/projet ORATE 1.1.1 2006b). Il en exite 8 en France: Paris, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux, Toulouse et le Havre. Par conséquent, la métropole niçoise est une réalité, un fait indéniable corroboré  par toutes les études  universitaires (nationales et européennes).

L’état prévoit depuis quelques années de donner aux métropoles nationales la possibilité de se constituer en ensembles institutionnels dotés de compétences. Bien entendu, il faudrait que cela s’accompagne d’une simplification du mille-feuille institutionnel (Commune + Communauté urbaine + Métropole + Conseil général +  Région, …).

Si cela s’accompagne d’un réel débat démocratique, ne nous amusons pas à refuser.

- Eloge de la percolation. Blog de P. Jorion. Ne vous y trompez pas, c’est de l’économie et de la politique.

- Savoirs, écrits… Un beau texte à réfléchir. Le Monde.

- La crise est finie ? Ce ne semble pas être l’avis de Paul Krugman. Contre.Info. Sur le même thème et avec les mêmes conclusions: “La reprise… Manana”. Contre-Feux .