Anthologie permanente : Pierre Peuchmaurd

Par Florence Trocmé

Poezibao rappelle la triste nouvelle de la disparition de Pierre Peuchmaurd ce 12 avril 2009.

L’arbre couché dans l’ombre ne brûle pas moindrement
Ni le soleil n’éclaire plus que tes paupières closes.
Le tigre ne fait pas plus de bonds que ma peine,
La nuit n’a pas de voiles plus épais que le tien.
  Mais méfie-toi des négations,
Je dis souvent de toi autrement que je crois,
Ne sachant de laquelle & ni à qui parler :
Autant que de fesses tu as de faces
Et plus & moins, & n’es peut-être
Que ce corps vide livré aux cœurs.

*

Tu es pareille à toi,
Je le dis d’une voix blanche,
Pareille à ton désir
De toi dans nos sommeils.
  Tu es pareille à toi,
Tu es une louve hagarde
Et si sûre de son poil & si sûre
De sa course.
  Tu es pareille à toi,
Tu es un assassin.

*

Produit de l’œil, la larme est vraie
Ou bien réelle.
Produit du monde, l’Asie est loin
Ou dans tes yeux.
Produit des dieux, es-tu le diable ?
  Pernette & Louise désir étonnent
Pernette & Louise font Saône & Rhône
Et toi plus lente vers les lavoirs
Pernette & Louise équivalentes
Et qui balancent au lit des eaux.

*

La chair n’est pas une chose, l’amour n’est pas une autre.
  Regarde les belettes,
Les filles qui s’aiment & comme elles s’aiment,
Regarde mes regards
Sur tes épaules et dans tes yeux.
  Regarde surtout les rêves,
Comme ils étreignent corps & fumées
Dans le même cri de joie, d’horreur & de retour,
Dans le même cri de rose
Au moment du bouquet.

Pierre Peuchmaurd, Bûcher de Scève, L’Escampette, 2002, p.19, p.23, p.39, p.47

Contribution d’Ariane Dreyfus

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