La marine chinoise veut élargir son champ d'action

Publié le 21 avril 2009 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Pour le 60e anniversaire de la création de la "marine de l'Armée populaire de libération", qui sera fêté cette semaine, l'amiral Wu Shengli a annoncé un plan ambitieux de modernisation de la flotte chinoise et l'expansion des capacités de frappe et de projection en haute mer de Chine.

Plus que l'information, c'est l'effet d'annonce qui a retenu l'attention des experts étrangers, dans ce pays d'ordinaire replié sur le secret de la chose militaire. Récemment, dans plusieurs médias chinois, dont le quotidien China Daily, l'amiral commandant la flotte a exprimé la volonté de Pékin d'annoncer que la marine va développer une nouvelle génération de grands navires de guerre à long rayon d'action, de sous-marins furtifs et d'avions supersoniques.


La fabrication de missiles de longue portée plus précis, de torpilles en eau profonde, et une modernisation du système de technologie avancée sont aussi au menu de ce vaste programme, dont le but, a souligné l'amiral Wu, "est d'établir un système de défense navale qui correspond au besoin de protéger le développement économique et la sécurité de la Chine". Le commandant en chef de la marine ne l'a pas dit, mais les médias chinois ont "commenté" ses propos, estimant que l'amiral confirmait les rumeurs selon lesquelles Pékin veut se doter d'un porte-avions.

Le China Daily a cité le commandant de la flotte de la Chine orientale, l'amiral Xu Hongmeng, qui avait déclaré en mars, durant la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), que son pays possédait la capacité et la volonté de construire un porte-avions. Le ministre de la défense, Liang Guanglie, avait récemment déclaré qu'il n'était pas question que la Chine soit la "seule puissance mondiale" à ne pas posséder un tel bâtiment...

Le China Daily insiste, dans l'article placé en "une" de ce journal utilisé par le régime pour faire passer l'information à l'étranger, sur le fait que les "intérêts de la Chine outre-mer nécessitent d'être protégés par une marine dont la force doit correspondre à leur importance". Depuis fin 2008, la marine chinoise participe à l'opération de surveillance internationale des grands navires de fret dans le golfe d'Aden, infesté de pirates.

L'annonce de ce programme naval devrait renforcer le sentiment de certains faucons américains au Pentagone, un mois après un rapport qui pointait du doigt la marine chinoise, dont le développement "menace l'équilibre régional et même au-delà de la zone Asie-Pacifique". Le rapport soulignait cependant que, pour le moment, "la capacité chinoise de mener une action armée à longue distance reste limitée". Pékin avait qualifié le texte américain de "grossière déformation de la réalité". Cité dans l'édition asiatique du Washington Post, le directeur des études américaines à l'institut chinois des relations internationales contemporaines, Yuan Peng, remarquait que ce rapport "surévaluait la capacité de projection (de la Chine), dont le pouvoir militaire est au stade du développement et reste loin derrière la Russie et les Etats-Unis, et même, à certains égards, le Japon et l'Inde".

Source du texte : LE MONDE.FR