Angleterre 4 - France 0

Publié le 23 avril 2009 par Hongkongfoufou
Par Hong Kong Fou-Fou


L'autre soir je regardais à la télé le match Chelsea/Liverpool. A la fin du match, les haut-parleurs de Stamford Bridge déversent quelques notes qui me replongent instantanément 30 ans en arrière. One Step Beyond, de Madness. Un peu gâché par les commentaires de Christian Jean-Pierre et Jean-Michel Larqué, mais quand même. Dès qu'un club anglais ou leur équipe nationale joue, on est assuré d'entendre de la bonne musique à la fin du match. Oasis, Morrissey, The Fall, les Specials, ce genre de trucs. Pourquoi est-ce qu'en France on n'a droit qu'à Patrick Bruel ou Céline Dion ? Dans les gradins des stades anglais, on aperçoit toujours quelques spectateurs en Harrington, en parka Stone Island ou en veste Levi's. Pourquoi est-ce qu'en France, c'est plutôt anorak Kiabi ou survêtement Babou ? Certes, aujourd'hui on peut trouver du Fred Perry ou de la Ben Sherman dans le catalogue de La Redoute, mais c'est juste un phénomène de mode, ce n'est pas ancré dans notre culture. Quand je pense que vingt ans en arrière, c'était considéré comme des fringues de voyous... Pour revenir à la musique, pourquoi est-ce qu'en Angleterre, leur Johnny Halliday, c'est Paul Weller ? Pourquoi est-ce que chaque année, des dizaines de groupes aux guitares acérées surgissent des villes anglaises, un rictus plein de morgue aux lèvres, prêts à conquérir les charts et à croiser le fer avec les variéteux locaux. Hard-Fi, Arctic Monkeys, les Rifles, Pigeon Detectives, Skint & Demoralised, vous en voulez encore ? Nous on doit se contenter de Noir Désir ou de Mickey 3D. Et ça a toujours été comme ça, hein. Il y a trente ans, Trust et Téléphone ne pesaient pas lourd dans la balance face aux Jam ou aux Clash.
Ouvrez n'importe quel bouquin de Nick Hornby, Irvine Welsh ou Jonathan Coe, vous y lirez toujours un passage lié à la musique ou aux mouvements adolescents qui ont germé en Grande-Bretagne depuis les teddy boys jusqu'aux punks en passant par les mods. En comparaison, les jeunes Gaulois paraissent bien timorés, avec leurs yéyés et leurs minets du Drugstore.
Pourquoi quand sort au cinéma un "Bank Job" ou un "Rock'NRolla", nos cinéastes intellos nous balancent un "La frontière de l'aube" ou un "Nés en 68". Putain vous me les brisez avec 1968 ! C'était bien la peine de faire tout ça pour avoir 40 ans plus tard autant de créativité qu'un scénariste de chez AB Productions. En plus, déjà en 1968, tandis que les Small Faces sortaient "Lazy Sunday", chez nous on découvrait "Comme un garçon" de Sylvie Vartan. Pas de quoi pavoiser.
Et la télé, on en parle, de la télé ? Toujours en 1968, tiens, pendant que les Anglais vibraient devant les exploits délirants des Avengers, les Français s'assoupissaient devant le quotidien de l'Homme du Picardie. Ce n'est pas mieux aujourd'hui. Les cops rustiques et cockney de "Life on Mars" ridiculisent sans forcer les flics de "Premiers pas dans la police". Je ne veux pas m'attirer les foudres de Superdupont, je ne veux pas retrouver un camembert trop fait cloué sur ma porte d'entrée, cet été je veux pouvoir aller me balader tranquillement au Puy du Fou sans me prendre un coup de hallebarde sur la nuque mais vraiment, je trouve qu'en France on manque singulièrement de style, de flamboyance, d'originalité, en comparaison avec nos voisins d'outre-Manche.
Heureusement qu'un fish & chips ne vaudra jamais une blanquette de veau et que le climat humide aurait rapidement raison de ma santé fragile, heureusement aussi que j'ai toujours Jeanne d'Arc et Mers-el-Kebir en travers de la gorge, parce que sinon, ça fait longtemps que je serais parti à Londres et que Fury Magazine s'appelerait La Magazine Furie...