La DS et les titres matures : incompatibilité ?

Publié le 26 avril 2009 par Guls
Gamasutra nous offre une analyse de la DS et du profil des joueurs pouvant être intéressés par des titres dits "matures" de la console. La petite portable de Nintendo est en effet largement considérée comme une console grand public, voire avec une pointe de dédain, "casual". Force est de constater qu'elle a, avec sa grande soeur la Wii, considérablement élargi le panorama des joueurs, ancrant résolument le jeu vidéo comme un divertissement pour tous et non plus seulement un loisir de jeunes gens asocials et dangereux pour reprendre une caricature encore existante.

Quoi qu'il en soit, le site part du constat des ventes très décevantes de Grand Theft Auto: Chinatown Wars. Alors que le jeu a été unanimement salué pour sa grande qualité, rendant largement hommage à ses aînés parus sur PC et consoles de salon, le résultat n'est pas à la hauteur des efforts de Rockstar et Take-Two. En effet, le titre n'a trouvé que 89 000 acquéreurs sur le mois de mars, là où certains en prédisaient 400 000. Gamasutra relaie plusieurs pistes pour expliquer cet étrange phénomène.
Tout d'abord, l'audience traditionnellement ciblée pour les jeux "mature" (en France notés 16+ et 18+ par le PEGI), c'est-à-dire les hommes âgés de 18 à 30 ans, ne représenterait même pas 10% des possesseurs de la console aux Etats-Unis et en Europe. Ainsi, si beaucoup d'adultes détiennent la portable de Nintendo, le public ciblé par les publicités est très majoritairement féminin. Or, sans sombrer dans des stéréotypes faciles, il est vrai que les femmes sont plus enclines à jouer Brain Training ou Nintendogs plutôt qu'à GTA, qui conserve cette image de violence et d'immoralité largement répandue par les médias.

L'idée d'une simple "fatigue" vis-à-vis des licences est également évoquée pour expliquer ce résultat loin des attentes originelles. Ainsi, alors même que Guitar Hero et Rock Band ont réalisé des ventes et dégagé une somme d'argent absolument inédites dans l'industrie, les professionnels s'inquiètent déjà d'une désaffectation possible du marché envers ce genre de jeu. Le choix des développeurs en lui-même ne serait donc pas à remettre en question mais la piètre performance s'inscrirait plutôt dans une dynamique plus globale.
Cette piste n'est cependant guère probante. L'analyste ayant développé cette théorie, Michael Pachter, le concède lui-même, le marché ne semble pas fatigué de la licence Grand Theft Auto. Il met en lumière un autre phénomène : la population ciblée par le jeu, qui représente tout même 10 millions d'individus, possède généralement une console de salon également. Or, s'ils sont intéressés par GTA, ils vont être plus enclins à l'acheter sur Xbox 360 ou sur PS3 plutôt que sur DS et peu vont acheter un volet de la série sur les deux plate-formes.
Si Take-Two n'a pas réalisé un mauvais jeu, le studio ne serait pas pour autant exempt de responsabilités d'après Pachter : le public pour un tel titre n'est pas là et il ne sert à rien de réaliser un jeu s'il n'y a personne pour l'acheter. Quelles que soient les véritables raisons de l'échec relatif de Grand Theft Auto: Chinatown Wars, il est bon de rappeler une nouvelle fois que le titre est d'une qualité indiscutable, à la fois au niveau purement technique dans la mesure où il repousse les limites de la console plus loin que l'on ne pouvait l'imaginer mais également en terme de gameplay pur, qui s'avère parfaitement maîtrisé. On ne peut qu'espérer que ce phénomène ne va pas décourager les développeurs qui comme Take-Two avaient décidé de fournir à la Nintendo DS un jeu de grande envergure, résolument "mature" et orienté vers les joueurs plus traditionnels.

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