Nouveaux programmes de maths en seconde : Projet pédagogique ou projet politique?

Publié le 27 avril 2009 par Guy Marion

Quand j'ai créé ce blog,lieu d'informations et de vulgarisation des mathématiques,je m'étais promis d'éviter tout sujet touchant de près ou de loin à la politique . (parce que ce n'est pas mon métier).

J'ai tenu bon pendant près de trois ans;l'actualité pédagogique,trop grave,me pousse à la faute :

En l’espace d’une vingtaine d’années,les bases électorales se sont recomposées et sont à l’origine de nouveaux positionnements dans les cultures politiques. Hier encore, le monde de la gauche,c’était celui des ouvriers,des enseignants et des classes moyennes.A droite,c’était le monde des élites sociales,économiques,culturelles.Mais,depuis une décennie,la fraction ouvrière et populaire se déplace vers la droite et celle-ci cherche naturellement à consolider cette base.

On assiste à une dénaturation de la culture opérée par le pouvoir en place, qui en la vidant de sa substance,voudrait en faire une «culture utilitaire».Les déclarations récurrentes du président sur l'inutilité d'étudierla Princesse de Clèves sont la preuve de ce rejet de la culture savante.

Plus récemment,celui-ci s'étonnait que la filière ES ne permette pas ou peu l'accès aux meilleures écoles de commerce et il y a peu,il semblait ne pas comprendre que pour entreprendre des études de médecine,il était préférable d'avoir suivi la filière S * .

Revenons à ce qui nous occupe et nous préoccupe,je veux parler bien sûr du projet de nouveau programme de mathématiques de la classe de seconde :

La grande majorité des professeurs de mathématiques est interloquée devant la pauvreté de son contenu.Deux pétitions circulant sur internet,une soutenue par l'APME( Association des professeurs de mathématiques de l'enseignement secondaire),l'autre émanant de l’IREM de Lille (Institut de recherche pour l'enseignement des mathématiques) connaissent un succès indéniable (plus de 7000 signatures à ce jour) . La plupart des membres de la SMF (Société mathématique de France),la quasi-totalité des médailles Fields et Abel français,ont manifesté leur incompréhension.

Alors bien sûr,on ne peut exclure l'hypothèse que le donneur d’ordre ne réside peut-être pas à l’Inspection Générale, mais plutôt dans le cabinet du Ministre, voire dans celui de la Présidence :

Les projets de réforme du lycée (n’apprendre que l’essentiel,que ce qui est « utile ») ne seraient alors que le corollaire d'une politique de rejet de la « culture savante » pour une « culture utilitaire ».
Certes,messieurs les décideurs,on peut vivre sans philosophie,sans musique,sans mathématiques;mais tellement moins bien...

Petit rappel lu sur campusfrance.org... (sans rapport avec ce qui précède ? peut-être ... )

"Les mathématiques sont la discipline dans laquelle la position française est la meilleure au niveau international et l'école mathématique française est une des toutes premières du monde : tous les indicateurs convergent sur ces points. Les mathématiques françaises sont la seule discipline où la France figure en second au Web of Science derrière les Etats-Unis. Sur les 48 médailles Fields décernées depuis 1936 - la plus haute récompense pour les mathématiciens de moins de 40 ans -, 12 sont allées à des mathématiciens français ou travaillant en France, ... Après Laurent Lafforgue en 2002 ( qui a signé la pétition de l'IREM évoquée plus haut), c'est au tour de Wendelin Werner, enseignant chercheur à Paris-Sud 11 et spécialiste du calcul des probabilités, d'être distingué par une médaille Fields en août 2006. Les mathématiques françaises ont été honorées par d'autres prix internationaux particulièrement prestigieux : Prix Clay, Prix Abel, Prix Crafoord. Au delà de ces nombreuses distinctions honorifiques, de ces excellents indicateurs de publications et de citations, la grande force, internationalement reconnue, de l'école mathématique française est due à sa présence, homogène en qualité, dans à peu près toutes les branches des mathématiques."

Sur l'inutilité des mathématiques,Missmath,blogueuse du Québec,a écrit,il y a quelques semaines,un beau billet :

C'est ici 

Hier,un collègue jeune et optimiste,a écrit ça

* Rappelons que les élèves de la filière S n'ont droit qu'à 5 heures de maths par semaine et qu'une faible minorité d'entre eux sont des élèves passionnés et brillants en mathématiques .