Interview exclusif de Denis Robert

Publié le 13 septembre 2007 par Jlhuss

Par Philippe Gras

Denis Robert (né le 9 mai 1958 à Moyeuvre-Grande) est un journaliste et écrivain français. Son œuvre se compose principalement de romans et d’essais (souvent qualifiés de journalisme d’investigation). Il est sous le coup de nombreuses procédures judiciaires intentées contre lui par Clearstream suite à la publication d’enquêtes concernant cette société.

[Document pour “A©tu bien pris tes comprimés”?]

Ph. Gras : Imad Lahoud affirme avoir pris contact avec vous pour obtenir des informations au sujet du système “Clearstream”, est-ce exact ? 
Denis Robert : Oui, d’ailleurs il était déjà bien informé sur “Clearstream” quand il est venu me voir. Je lui ai remis  comme je l’avais déjà fait avec des magistrats, des journalistes, des experts susceptibles de m’aider à répondre aux attaques de la multinationale et aussi à poursuivre mon travail. C’est un univers très intéressant que celui de l’hyperfinance si on le regarde du strict point de vue de l’écrivain. Lahoud est un cas d’école, il est mieux que de nombreux escrocs ou menteurs que j’ai déjà rencontrés. J’ai eu avec lui des discussions somme toute enrichissantes. Cela peut sembler bizarre à des tas de gens. Un écrivain, ça cherche, ça met son nez partout… Je suis plus proche de Tom Wolfe ou de Richard Brautigan que de Milton Friedman ou que des gratte-papier du Financial Times…
PhG : Est-ce le même document qui a été transmis de manière anonyme au juge Van Ruymbeke ? 
Denis Robert : C’est en tout cas ce que je croyais jusqu’à ces derniers jours. J’ai appris par une interview du 28 juillet de l’informaticien Florian Bourges à l’Est Républicain, reprise ensuite par le Nouvel Obs, que des “listings” semblables aux miens auraient été remis à la DGSE avant que Lahoud ne vienne me voir. Ça complique sérieusement la situation.
Ph G : Le faux n’en devrait être que plus facilement identifiable et le faussaire aussi, n’est-ce pas ? 
Denis Robert : Non, pas du tout ! Une des raisons pour lesquelles Florian Bourges a reconnu ses documents tient essentiellement à quatre colonnes qu’il a ajoutées de sa main dans le cadre de sa mission d’audit Arthur Andersen chez “Clearstream” et qui apparaissent dans l’envoi du corbeau. En fait, ces colonnes apparaissaient aussi dans des documents antérieurement reçus par la DGSE. Cela signifierait que des collègues, voire des supérieurs de Florian, chez Arthur Andersen, ont pu transmettre les mêmes “listings”  à la DGSE. C’est une hypothèse plausible
Ph G : Pourquoi vous envoyer Imad Lahoud avec pour mission de récupérer le “listing”, alors ? 
Denis Robert : Dans ce cas, Imad Lahoud aurait servi de chèvre consentante… ou pas ! On l’aurait ainsi, avec ou sans son consentement, envoyé chercher des documents qu’ils avaient déjà pour servir de scénario-fusible au cas où… C’est un peu tiré par les cheveux, mais on en a vu d’autres dans ce dossier… Pour ce qui est d’identifier le(s) falsificateur(s) c’est une autre paire de manches. Laissons faire les juges : ils ont un maximum de cartes en main…
Ph G : Si l’on met de côté les moyens d’investigation dont ils disposent, à quelles cartes faites-vous référence ? 
Denis Robert : Le dossier judiciaire doit faire 20.000 pages, les “morceaux” les plus croustillants (pas forcément les plus intéressants) sont dans les journaux quasi instantanément. On dirait que leur travail est “scanné”. Ils ont des écoutes téléphoniques, des analyses de disques durs d’ordinateurs. Ils ont entendu longuement tous les protagonistes. Ils semblent ne vouloir pas lâcher prise. Ils se savent instrumentalisés aussi. Pour eux, la seule solution est de sortir du champ de mines en trouvant le chemin de la vérité. Donc, laissons les avancer.
Ph G : Vous a-t-on interrogé au sujet de l’affaire de dénonciation calomnieuse actuellement à l’instruction ? 
Denis Robert : Oui, j’ai été entendu par les magistrats à ce propos en décembre 2006, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire… La justice française me reproche d’avoir recelé le produit d’un vol et d’un abus de confiance : c’est un “must” en matière de liberté d’informer, mais passons…
Ph G : Avez-vous consulté le listing après qu’on l’eût trafiqué, et quelle est votre opinion à son sujet ? 
Denis Robert : J’ai longtemps cru que le hacking du système informatique de Clearstream était possible… J’ai aussi cru qu’en pénétrant l’informatique de “Clearstream” on pouvait avoir accès à des documents bancaires intéressants, mais je savais qu’il était impossible pour des personnes comme Sarkozy et les autres, d’avoir des comptes chez “Clearstream”…
Ph G : Pourquoi les a-t-on retrouvés dans les “listings” du corbeau, dans ce cas ? 
Denis Robert : Il était par contre techniquement possible que ces personnes soient les ayants-droit particuliers de comptes ouverts par des banques ou des sociétés “off shore” qui auraient pu avoir des comptes à “Clearstream”. C’est une nuance que les médias n’ont jamais voulu prendre en compte… De toutes les manières, cette thèse s’est effondrée à la seconde où j’ai pu démontrer, grâce au témoignage de Florian Bourges, que les listings envoyés par Jean-Louis Gergorin au juge Van Ruymbeke n’étaient pas le produit d’un “hacking”, mais le résultat d’une falsification.
Ph G : Qu’avez-vous tiré de cette brillante démonstration ? 
Denis Robert : Pour avoir écrit cela et avoir ainsi débloqué l’instruction, nous sommes tous les deux, Florian et moi, mis en examen. N’est-ce pas paradoxal ? Nous avons aussi sauvé en quelque sorte “le soldat Clearstream” en démontrant que leur système n’avait pas été pénétré. Leurs juristes et leurs avocats font semblant de ne pas le comprendre et ont redoublé d’attaques contre nous. Ceux qui disent la vérité dans ce genre d’affaires sont ceux qui sont le plus attaqués… Je le savais, j’en ai confirmation… J’aimerais que les dirigeants de la firme le reconnaissent et qu’on fume le calumet de la paix car je perds beaucoup de temps et d’énergie dans cette histoire. Mais je reste déterminé et très soutenu.
Ph G : Avez-vous l’impression qu’ils agissent envers vous comme s’il fallait aussi que vous tombiez dans cette autre affaire “Clearstream” ? 
Denis Robert : C’est évident. Tellement évident. Il faut lire les conclusions qu’ils rédigent contre moi à Luxembourg ou en France en ce moment. C’est un tissu de contre-vérités et de falsifications. Ils font comme si j’étais lié aux corbeaux alors que je les ai démasqués. “Clearstream” a des moyens en avocats et en argent que je n’ai pas. J’en veux beaucoup à leur service juridique, à leurs chargés de communication et à leur avocat français Richard Malka qui passe ici pour un champion de la liberté d’expression parce qu’il est le défenseur de Charlie Hebdo.
Ph G : Mais quel intérêt voient-ils à rester dans l’œil du cyclone ? 
Denis Robert : Jusqu’à présent, avec leurs plaintes en diffamation, même à répétition, on restait sur un terrain balisé, argument contre argument. À ce jeu, j’étais, malgré l’état des forces en présence, sur le point de gagner. Je vous invite à lire le jugement du TGI de Paris à propos de mon livre “La Boîte Noire” : http://www.arenes.fr/livres/fiche-livre.php?numero_livre=149. Là, ils mentent et le savent en me faisant passer pour un comploteur ou un complice des falsificateurs. Ils utilisent à fond la deuxième affaire pour tuer la première.
Ph G : Pourquoi fallait-il absolument que vous fussiez impliqué dans cette affaire de listing trafiqué ? 
Denis Robert : Je crois que je devais servir de fusible car les manipulateurs savaient qu’ils m’auraient contre eux et que je finirais par leur poser un gros problème. C’est pour cette raison que Lahoud donne mon nom à Rondot en mai 2004 en disant que c’est moi qui envoie les enveloppes à Van Ruymbeke. Je connais bien le juge Van Ruymbeke. C’est aussi pour cela qu’il a cherché à me mettre en relation avec le juge Courroye. Ils savaient qu’il ne pourrait pas mener leur manipulation à son terme et j’étais le bon client pour servir d’écran entre eux et la justice. C’est ce que je raconte dans mon livre, qui a été interdit.
Ph G : Une intrusion dans le système informatique de “Clearstream”, c’est pourtant ce que le général Rondot affirme avoir vu faire Imad Lahoud pour lui en montrer la possibilité. Info ou intox ? 
Denis Robert : Je crois que Rondot a été intoxiqué par Lahoud…
Ph G : Apparemment, il s’en est aperçu, puisqu’il a dit avoir cherché à se dégager de cette affaire, jusqu’à démissionner de ses fonctions. Pourquoi, à votre avis, n’a-t-il pas référé de cette intoxication à son autorité de tutelle, au ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie ? 
Denis Robert : Il faudra lui poser la question. Il me semble que Michèle Alliot-Marie était au courant de toute l’enquête de Rondot et elle est dans une position inconfortable aujourd’hui.
Ph G : Quelle est votre opinion au sujet du rôle joué par Florian Bourges, par Imad Lahoud dans cette affaire ? 
Denis Robert : Florian est courageux, honnête, solide et pugnace. Il a agi en citoyen éclairé. C’est très injuste de le voir attaqué aujourd’hui. Il m’a donné les premiers “listings” pour qu’éclate au grand jour le scandale “Clearstream” — à savoir le rôle de cette chambre de compensation dans la dissimulation d’opérations financières par ses clients, pillant à terme les nations en investissant lourdement vers les paradis fiscaux, il est faux de dire qu’on ne peut pas contrôler de telles engeances… Il est aussi faux de leur jeter uniquement la pierre, les premiers responsables sont les clients de “Clearstream”, les banques…
Ph G : Et en ce qui concerne Jean-Louis Gergorin ? 
Denis Robert : Jean-Louis Gergorin, comme le général Rondot, s’est fait abuser et a sans doute été manipulé par ses relations, en particulier ses relations politiques. Ces deux-là ont tenu comme ils ont pu et se sont enfoncés dans leurs mensonges jusqu’à ce que le rapport de force et la situation politique changent. Par ailleurs, Jean-Louis Gergorin est convaincu son ancien patron, Jean-Luc Lagardère, a été assassiné. Les “listings” qu’on lui a mis sous le nez , en particulier les liens avec la mafia russe, lui permettaient de faire valoir son hypothèse au pouvoir chiraquien.
Ph G : D’après ce que vous dites, Imad Lahoud est une sorte de poisson-pilote dans cette affaire de manipulation. Il était missionné par la DGSE et par le général Rondot, qu’il aurait abusé. Qui alors est, selon vous, le maître de ce jeu ? 
Denis Robert : Pour Lahoud, c’est plus compliqué. C’est un menteur. Mais a-t-il menti parce qu’il était acculé ou parce qu’il est à l’origine de cette manipulation ? Je ne sais pas. Si je le savais, ce serait dans mon livre. On n’est pas au bout de nos surprises sur cette piste-là.
Ph G : Quant à l’apparition des noms de personnes physiques dans le listing en question, elle apparaît effectivement incompatible avec le fonctionnement de la chambre de compensation. Comment d’après vous, de telles inepties ont-elles pu s’avérer crédibles au sens commun des juges, et d’abord des responsables politiques comme Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy ? 
Denis Robert : Ce n’était pas des inepties. À lire les lettres et les envois, on voit bien que c’est un coupé-collé et pas un document brut. Comme je l’ai déjà expliqué. Si hacking il y avait eu, il était techniquement possible de remonter jusqu’aux ayants-droit de certains comptes. Ces ayants-droit n’apparaissant jamais dans les listes de Clearstream, qu’ils s’agissent de comptes publiés ou non publiés.
Ph G : Il est vrai que c’est au moment où on a parlé de hacking que Florian Bourges est apparu… 
Denis Robert : Je profite de l’occasion pour répéter, car j’ai lu beaucoup de bêtises sur la Toile à ce propos, que jamais je n’ai divulgué ou œuvré pour divulguer l’identité d’une de mes sources, en l’occurrence Florian Bourges, dans mon livre. C’est Florian qui a insisté pour apparaître et témoigner. Il coupait ainsi court aux rumeurs infondées. C’était son choix. À la réflexion, et compte tenu des nouveaux éléments apparus récemment — le listing à la DGSE avant l’arrivée de Lahoud dans l’histoire — peut être avons-nous là aussi été manipulés ?
Ph G : Les noms des prétendus ayants-droit des comptes n’apparaissent donc pas dans le listing que vous a remis Florian Bourges, est-ce bien ce qu’il faut comprendre ? 
Denis Robert : Bien sûr. J’ai dû le dire et l’écrire des dizaines de fois. Je n’ai pas varié.
Ph G : En produisant la liste originale, ne vous pouviez-vous pas faire capoter toute l’opération ? 
Denis Robert : Ma “liste originale”, comme vous dites, était déjà entre les mains d’une dizaine de journalistes et elle n’avait aucune incidence sur les documents que produisait le, ou les corbeaux. Il était évident que les listings envoyés à Van Ruymbeke étaient le produit d’un montage. Ce qui n’était pas un problème, car la seule question à se poser était de savoir si ce montage révélait des choses vraies ou fausses. Si l’on reprend le “timing”, je suis le premier à mettre en doute le fait que Sarkozy ait pu avoir ce compte. C’est dans mon livre… Mais contrairement à ce que racontent les joueurs de flûtes qui ramènent leur science aujourd’hui, c’était compliqué de faire le tri et de remonter à la source. D’ailleurs, on n’y est toujours pas parvenu !
Ph G : Comment avez-vous procédé ? 
Denis Robert : Jusqu’en octobre 2004, Imad Lahoud m’a fait croire au “hacking”, donc à la possibilité que des infos transmises par le corbeau soient vraies. Puis je me suis posé des questions et j’ai enquêté. J’avançais aussi en terrain miné. Mes seules certitudes étaient que Lahoud mentait, mais pour qui et pourquoi, je ne savais pas. Je savais aussi que Gergorin et Rondot étaient liés à ces trafics. J’ai su ça avant tout le monde, j’ai écrit à Gergorin, ai essayé de nouer un dialogue avec lui. C’est quelqu’un qui connaît bien le système que j’ai dénoncé.
Ph G : Avec ce listing en effet, vous vous retrouvez au centre d’une opération qui rappelle de plus en plus l’affaire Dreyfus et son fameux bordereau… Est-il possible qu’on finisse par vous faire porter le chapeau ? 
Denis Robert : On a essayé de me faire porter le chapeau en avril et mai 2006. Une stratégie délibérée a été imaginée à laquelle a participé Lahoud. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans les carnets de Rondot comme l’auteur potentiel des enveloppes alors qu’on a vu que je n’avais rien à voir là-dedans et que c’était un avocat qui avait posté les lettres…
Ph G : On a l’impression que vous ne semblez pas en prendre la mesure, qu’en dites-vous ? 
Denis Robert : Il est clair que les falsificateurs, puis des amis de Nicolas Sarkozy, ont voulu voir en moi un acteur crédule de ce dossier. Ce que je ne suis pas et ce que je n’ai jamais été. Il m’a fallu beaucoup de réflexion et de sang froid pour ne pas tomber, au fils des mois, dans les pièges qui m’étaient tendus. Je parle de cette affaire avant sa médiatisation mais aussi avant sa judiciarisation, comme après.
Ph G : J’ai l’impression que c’est la première fois que vous définissez votre rôle dans cette histoire ; acceptez-vous enfin de prendre le taureau par les cornes ? 
Denis Robert : Le “taureau par les cornes” comme vous dites, je l’ai pris en juin 2006 en écrivant, sous une pression dingue, “Cleastream, l’Enquête”. J’avais à peu près tout prévu sauf l’interdiction du livre et ma mise en examen. C’est ce livre et mon travail, ainsi que le témoignage de Florian, qui ont dédouané Nicolas Sarkozy comme “Clearstream” et débloqué l’instruction. Tout observateur honnête de ce dossier le reconnaîtra. La vérité ne se transige pas. Je l’ai écrit. Je le maintiens quelles qu’en soient les conséquences.
Ph G : Vous avez été mis en examen pour diffamation en octobre 2006 sur plainte de Dominique de Villepin, alors chef du gouvernement, et votre livre “Clearstream, l’Enquête” incriminé a été saisi ; où en est cette procédure à l’heure actuelle ? 
Denis Robert : L’interdiction et le retrait des librairies sur décision du TGI de Paris, pendant près d’un mois, de mon livre est une des ignominies de ce dossier. Je n’ai pas écrit “Mein Kampf” ni fait une apologie de la pédophilie… Pourtant, par milliers, alors qu’ils venaient juste de sortir, les livres ont été retirés des librairies sur décision de cette justice dirigée alors par Pascal Clément, et donc Dominique de Villepin.
Ph G : C’est sans doute pour cette raison que Dominique de Villepin a fait retirer  “Cleastream, l’Enquête” des librairies l’année dernière… 
Denis Robert : Ça c’est vous qui le dîtes. C’est une décision de justice. Elle est en tout cas unique, on avait plus interdit de livre en France depuis celui du Dr Gubler sur le cancer de Mitterand. Avant, il faut remonter à « La question » d’Henri Alleg sur la torture en Algérie. Cette censure a été annoncé dans la presse et sur toutes les chaînes de télé et de radio, sans qu’aucun ne s’en émeuve. C’était “scotchant” cet aveuglement ! Mais mon livre est de nouveau en vente… Ceux qui veulent savoir n’ont qu’à se pencher sur ce que j’écrivais à l’époque pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui.
Ph G : À propos de “Clearstream, l’Enquête”, que vous est-il reproché, exactement ? 
Denis Robert : Le livre est l’objet de deux plaintes : l’une de Dominique de Villepin à Paris… Le procès est programmé en décembre, ça risque d’être amusant compte tenu des derniers développements. L’autre à Luxembourg par Clearstream. Ils me réclament 100.000 euros en feignant de croire que j’ai un rapport avec la falsification des fichiers alors que je suis celui qui le premier l’a dénoncée et démontrée dans cet ouvrage… Cette plainte déposée à Luxembourg participe du harcèlement de la multinationale et de ses avocats contre mon travail. Ce sont eux les agresseurs.
Ph G : Quelle est votre ligne de défense ? 
Denis Robert : Je me défends comme je peux avec mes amis (http://lesoutien.blogspot.com//, http://jesoutiens.blogspot.com//)… Clearstream se sert de cette affaire de corbeau pour jeter le trouble sur l’essentiel, à savoir les révélations de mes livres et de mes films sur leur fonctionnement. Ceux que ça intéresse peuvent fouiller dans les archives de mon blog, ils comprendront mieux (http://www.ladominationdumonde.blogspot.com//). L’histoire me donnera raison, mais j’aimerais qu’elle se dépêche…
Ph G : Vous affirmez que c’est une affaire ridicule édifiée sur les révélations que vous avez faites au début des années 2000 sur la gare de triage de la finance mondiale. Ne l’estimez-vous pas ridicule à cause de ce listing réputé trafiqué, dont vous êtes d’ailleurs à l’origine de la diffusion ? 
Denis Robert : Rue 89 a titré, à mon avis à tort, sur cette expression… Je voulais dire que l’affaire politique et la mise en cause de Sarkozy par le corbeau était minuscule (et donc ridicule) en rapport à ce qu’était Clearstream et aux possibilités de fraudes immenses qu’offrait son système informatique… Ceci dit, elle montre une dérive formidable des moeurs politiques dans ce pays. C’est un scandale moral et politique plus que judiciaire.
Ph G : En conclusion, quel est votre rôle dans cette affaire ? 
Denis Robert : Je ne suis à l’origine d’aucune diffusion de listing trafiqué. Je suis écrivain. Je place ma liberté et celle d’informer le public des pratiques et manoeuvres des puissants et des nantis au dessus de toute autre considération. Il est normal que je sois encadré, comme tout citoyen par une justice et par des lois. Je ne mets pas en cause ces règles mais l’utilisation qui en est faite par les hommes de pouvoir. Rarement la justice — et l’idéal qui la sous-tend — n’a été autant instrumentalisée et piétinée par des financiers et des comploteurs que dans ces deux affaires Clearstream, la seconde comme la première. Je reste le témoin lucide et scrupuleux de ce spectacle souvent triste, mais passionnant.

Propos recueillis par Philippe Gras pour

“A©tu bien pris tes comprimés”?

Villepin :

“Dans le procès d’intention politique qui m’est fait, la thèse de l’accusation s’appuie sur une rivalité politique qui expliquerait le fond de l’affaire Clearstream, écrit-il, alors que, j’aurai l’occasion de vous le démontrer, le 13 septembre prochain, preuves à l’appui, cette thèse est erronée.” Il dénonce également, alerté par “plusieurs journalistes indignés de certains comportements partisans au sein de leur rédaction”, une “tentative d’instrumentalisation de la justice”.

Rondot :

“M. de Villepin a fait des commentaires traduisant sa conviction qu’il existait des réseaux qu’il appelait transverses ou tangentiels, rassemblant des hommes d’affaires et des hommes politiques dans des opérations de financement occulte”.

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Jeudi 13 septembre 2007 Publié Actualité, Ph. Gras |