Hymne à la France (d’après) qui perd

Publié le 13 septembre 2007 par Nico2312
Lecture ou pas de la lettre de Guy Moquet dans les vestiaires, les sportifs français, que ce soit en athlétisme lors des derniers championnats du monde, en rugby ou en football, sont ces derniers temps de dignes représentants de la France qui perd.
Une attitude qui, n’en déplaise au président de la République qui se vantait encore il y a quelques semaines du "retour de France sur la scène internationale", n’est pas sans rappeler la situation politique actuelle du pays : beaucoup de suffisance et d’esbroufe avant l’événement et des résultats à pleurer à l’arrivée. Ainsi alors que Nicolas Sarkozy et son équipe devaient remettre la France au travail et relancer la croissance, cette dernière est pour le moins en berne et les créations d’emplois se tassent. Pire, le déficit budgétaire que le candidat Sarkozy avait promis de réduire est creusé encore un peu plus par le paquet fiscal, en son temps présenté comme la martingale pour relancer l’économie, tout comme la TVA sociale noyée depuis sous les fondations en béton d’Auguste Perret au Palais d’Inéa…
Signe des temps, alors qu’avant les législatives le Premier ministre et le président de la République ne voulaient que des winners dans leur dream team gouvernementale au point de ne pas rappeler en sélection Alain Juppé au lendemain de sa déroute bordelaise, les loosers ne sont désormais plus tricards dans les ministères. Ainsi, David Martinon, l’ineffable porte-parole de l’Elysée précise-t-il que "la nomination de Bernard Laporte comme secrétaire d'Etat aux Sports ne tient évidemment pas compte des résultats de l'équipe de France de rugby. Elle a été annoncée. Elle sera effective"… Ouf nous voilà rassurer pour l’avenir professionnel que porte-drapeau du jambon Madrange. Mais cela n’a rien d’étonnant, parce que même s’il joue les modestes par porte-parole interposé en lui faisant dire "vous pouvez penser parfois à juste titre que le président de la République a beaucoup de pouvoir, mais il n'en a pas sur le vestiaire des Bleus. Il ne donne pas encore d'instruction à Bernard Laporte en ce qui concerne le coaching de ses joueurs", Nicolas Sarkozy ne va tout de même pas se passer d’un lèche bottes de la trempe de Bernard Laporte dans son équipe ministérielle. Ce dernier pourra toujours lui relire la lettre de Guy Moquet pour le motiver les jours de spleen quand sa côté de popularité flirtera avec niveau de jeu du XV de France face à l’Argentine…
Enfin preuve ultime que la victoire ne semble plus vraiment en eux quand il s’agit des membres du gouvernement, ce qui était valable pour les législatives ne l’est plus pour les municipales à en croire David Mationon : "les élections municipales sont des élections locales et, si c'est leur place au gouvernement qui est en jeu, à ma connaissance ce n'est pas le cas, qu'ils soient sortants ou pas".
C’est bien d’anticiper… mais quand c’est pour remettre au goût du jour le vieil adage "on ne change pas une équipe qui perd", cela peut vite devenir inquiétant.