Critique en avant-première : Coraline

Par Jango

Synopsis :
L'histoire d'une fillette qui pousse une porte secrète dans sa nouvelle maison et découvre alors une version alternative de sa propre vie.
Au premier abord, cette vie parallèle est étrangement similaire à la sienne - en bien meilleure. Mais quand cette aventure fantastiquement déjantée commence à devenir dangereuse et que sa fausse mère essaie de la garder avec elle à jamais, Coraline n'a d'armes que son ferme entêtement et son courage, et la complicité de voisins et d'un chat noir parlant, pour venir en aide à ses vrais parents et aux autres enfants fantômes et rentrer enfin à la maison.

Critique :
Projeté également en avant-première à la suite de Star Trek au Festival Jules Verne Aventures en présence du compositeur français Bruno Coulais (qui était la réponse au concours soit dit en passant), Coraline fait partie des dernières claques visuelles cinématographiques auprès de Chewie et moi.
Un grand moment de cinéma, poétique, émouvant, captivant, comme il est maintenant rare d’en savourer.
Adaptation du roman de Neil Gaiman (que nous n’avons pas lu), Coraline s’avère surtout être la nouvelle réalisation du maître Henry Sellick à qui l’on doit le culte et inattaquable Etrange Noël de Mr. Jack.
Conçu une nouvelle fois en animation image par image soutenu par un soupçon de 3D, le film réédite l’exploit de surprendre tout le monde grâce à un scénario simple mais travaillé avec minutie, une maîtrise technique sans équivoque et un univers graphique incroyablement riche rappelant directement l’imaginaire d’Alice aux pays des merveilles.

Dès l’introduction, on ne peut être que bluffé par le travail de Sellick, émerveillement qui se poursuit par la première scène où le personnage principal est présenté. Coraline est une petite fille seule, ignorée de ses parents, qui à la suite d’un emménagement n’a d’autre ami qu’un jeune voisin turbullent en bicyclette. Sans parole, uniquement supporté par la musique féérique, presque organique de Coulais, ce début de film symbolise à lui seul le travail réalisé : magique !
En traversant une porte dissimulée derrière la tapisserie, Coraline bascule dans un univers alternatif idyllique où ses parents sont généreux, attentionnés et où rires, nourritures et bonbons foisonnent. Un univers réglé par la forte présence de teintes violettes et bleues, contrastant d’autant plus avec le monde réel, gris, froid et peu accueillant.
Mais ce choix des couleurs n’est évidemment pas anodin ni purement esthétique. Il permet de poser une atmosphère à la fois joyeuse mais étrange voir malsaine. Le naturel n’est pas de ce monde là et les apparences se révéleront une nouvelle fois trompeuses.
Au fur et à mesure des allers retours de la jeune fille dans ce monde, Sellick donne des indices aux spectateurs permettant de comprendre avant la jeune fille le piège qui est en train de se refermer sur elle.
La montée en tension est extrêmement bien gérée et atteint son apothéose dans un final palpitant mais assez effrayant pour les plus jeunes spectateurs. On bascule progressivement du fantastique vers l'épouvante. L’atmosphère est alors pesante, presque dérangeante. Autant dire que le contrat est pleinement rempli puisque rares sont les films d’animation, qui plus est ceux en image par image, à provoquer un tel panel de sensations chez les spectateurs.

En ce sens, Coraline est une réussite absolue, un travail d’orfèvre réalisé par un génie, Henry Sellick !
Notez bien toutefois que cette critique est basée sur la version du film en 2D. J’aurai d'ailleurs la chance de pouvoir le découvrir une seconde fois demain, en 3D pour le coup, et pourrai ainsi juger de la différence. Je (Jango) n’ai cependant pas de doute quant au résultat car la version 3D de Mr. Jack était déjà bluffante alors qu'il n'avait à la base pas été pensé pour ce procédé !
Rendez-vous donc la semaine prochaine pour un petit point comparatif entre les deux versions mais surtout le compte rendu de la rencontre avec les deux magiciens à qui l'on doit ce petit bijou,  le réalisateur Henry Sellick et l’auteur Neil Gaiman
Nous vous invitons à consulter également la critique de Cloneweb qui, semble-t-il, a autant apprécié le film que nous ! Vous pouvez au passage découvrir son article relatif au tournage, permettant d’admirer le travail des animateurs et préparateurs des personnages.
Sortie officielle française : 10 juin 2009
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