Nueva Königsberg

Par Keisha
Nueva Königsberg
Paul Vacca

Philippe Rey, 2009


L'histoire

"Alors que les bombes soviétiques éventraient Königsberg, ils surent qu'il fallait partir.
Au milieu du fracas, ils montèrent avec femmes et enfants sur leurs embarcations appareillées, n'emportant que le strict nécessaire, et laissant derière eux situations, richesses, patrimoines, pensions de retraite, bons du trésor et emprunts russes.
Mais pas les oeuvres de Kant: le bibliothécaire avait sauvé des bombes tous les livres qui avaient appartenu au philosophe.
Ce fut une odyssée effroyable et rocambolesque.
(...) Chemin faisant, ils embarquèrent des cousins de nationalité française, espagnole, lusitaniennne, italienne, qui tous partagaient cette envie d'un nouveau départ sous la houlette du grand Immanuel.
(...) Ils accostèrent près de Rio de Janeiro, se dispersèrent sur des barques pour s'enfoncer dans le continent.
Lorsqu'ils virent l'endroit, ils surent que c'était là. Loin de la furie fracassante de la guerre, loin des méfaits de la civilisation perfectionnée, loin des illusions de l'idéalisme et des ravages du matérialisme, loin du dogmatisme et du scepticisme, ils décidèrent d'édifier leur nouvelle Königsberg.
Nueva Königsberg."

Et voilà cette communauté vivant comme Kant, dans les moindres détails de la vie quotidienne, costumes, heures de lever et coucher, promenade à travers Königsberg (on raconte que les habitants connaissaient l'heure exacte rien qu'en voyant passer Kant...), et aussi application des idées de Kant! Et c'est là que le bât commence à blesser, car l'ami Kant était connu pour sa chasteté, et l'imiter reviendra à voir disparaître Nueva Königsberg un jour ou l'autre...
Pour résoudre cet épineux problème, le philosophe français Jean-Baptiste Botul (analyste de l'école laconienne ou laconisme...) est appelé à l'aide; il donnera à Nueva Königsberg une série de conférences.
Il sera accompagné par Sébastien qui lui n'est pas kantien du tout et découvre avec amusement et ahurissement cette communauté. Sofia (la bien nommée...) saura le faire changer d'avis...

"Sébastien se sentit glisser dans la peau d'un héros de comédie romantique. Il vivait de l'intérieur le moment où le personnage se sent tomber amoureux d'une fille qui n'est pas du tout son genre - connus par d'autres sous l'appellation de syndrome de Swann."

Les impressions à la lecture

Ce court roman se lit d'une traite, pas le temps de s'ennuyer, même les parties où la philosophie kantienne est sous-jacente sont légers et spirituels. Noumènes et révolution copernicienne par exemple... Avec un scenario de films muets, un dialogue "platonicien et platonique" entre Sébastien et Sofia, les conférences de Botul pour couper la narration. Une fin attendue et inattendue.
Disons que j'ai eu l'impression que l'auteur s'amusait bien et faisait moult clins d'oeil au lecteur. Même si on ne saisit pas tout (la philo n'est pas ma tasse de thé quotidienne) on y prend plaisir.
Par exemple, ce livre est dédié (entre autres) à Allan Stewart Königsberg, mieux connu sous le nom de (trouvez-le vous même!). Mais les trois dernières lignes des remerciements me laissent encore en questionnement.

Et surtout qu'y a-t-il de vrai là dedans?

Kant, pas de problème.
Mais Botul (1896-1947), aussi, ainsi que Nueva Königsberg!





"Frédéric Pagès présente ici le cycle de conférences autour d'Emmanuel Kant prononcées au Paraguay en 1946 par un "philosophe français mal connu", Jean-Baptiste Botul. Le public du philosophe était alord la communauté Nueva Königsberg, constituée d'émigrés allemands vivant selon les préceptes kantiens…"


Bonus : Problème des sept ponts de Königsberg (ben oui ce sont des maths) : ici!!!

Interview de Paul Vacca  par Sylire

Les avis de Belle Sahi (qui a reçu l'auteur dans sa bibliothèque!!!),