Lettres d’Australie 6 / par Sabine

Publié le 03 mai 2009 par Argoul

Nous étions baie Moreton, devant le monument à James Cook. Et ce fut l’incident ! DA nous enferme dans le bus en pensant que tout le monde est sorti. Il découpe la grosse pastèque donnée par le fermier. Cela rend furieuse MO qui tente de se faire remarquer en montant sur les accoudoirs, en ouvrant la lucarne du bus, en tapant avec une bouteille d’eau, en criant… Peine perdue, rien n’y fait ! Elle voit avec désespoir la pastèque disparaître dans les gosiers avides des autres… Personne ne remarque nos absences, ce qui fait toujours plaisir. DO et moi sommes écroulées de rire. C’est loin d’être le cas de MO qui maugrée. Lorsque DA se rend compte se sa gaffe, il sera très ennuyé, confus, mais la pastèque est bel et bien mangée et MO n’y a pas même goûté !

Mercredi, nous partons direction Clermont, décrite comme « an inland town with a mining heritage » - une ville de l’intérieur à l’héritage minier. Les trains mesurent plus d’un kilomètre de long tous chargés de houille jusqu’à la gueule. Les camions australiens que nous croisons tirent chacun de deux à quatre remorques ! Ils n’ont le doit de circuler ainsi que sur certaines portions de routes ou d’autoroutes. Certains peuvent en tirer dix ! Curieusement, dans ce milieu réputé macho, les femmes sont préférées aux hommes par les transporteurs : elles conduisent moins brutalement.

La route est chargée, le paysage plat, la végétation exclusivement composée d’eucalyptus. Les champs et les prairies sont encore inondés et même la route encore, à certains endroits. Lors d’un arrêt pipi, un petit écriteau nous rappelle que l’on peut trouver des ‘frogs’ dans les cuvettes des WC. Ce ne sont pas des Français mais de vrais batraciens. La première fois, c’est surprenant, mais rassurez-vous, les grenouilles ne se jettent pas sur vos parties intimes (les Français, si…).

Le motel de Clermont est occupé à l’année par les mineurs de Rio Tinto Coal Australia’s Blair Athol Mine. Nous irons la visiter demain. Pour le moment, je pars faire un tour en ville, quasiment déserte. Je découvre, au bout de la rue principale large de deux fois deux voies, quatre anciens wagons peints qui rappellent l’Australie rurale et minière de jadis.

 

Nous sommes jetés à la mine le jeudi. En 1864, on fore pour chercher de l’eau, on découvre de la houille. En 1870, l’exploitation souterraine suit les veines du charbon. En 1936, l’exploitation devient à ciel ouvert. En 1983, la mine s’agrandit. La superficie actuelle est de 1200 ha. La drague line enlève une hauteur de 30 m de terre ; au-dessous se trouvent 30 m de hauteur de houille. En 2020 l’exploitation sera épuisée. Chaque année voit s’extraire 10 millions de tonnes de charbon, à destination du Japon. On espère extraire 12 millions cette année. Une machine remplit tout un wagon en seulement 58 minutes, le train complet est fait en 2 heures. Il met alors en route pour le port de Gladstone où le charbon sera chargé sur bateau. Il arrive 8 jours après dans un port japonais et part en fumée quelques mois plus tard… Ce n’est qu’une mine moyenne pour l’Australie. La loi oblige le trust propriétaire à remettre le site en état et reboisé, une fois l’exploitation terminée.

Vendredi, un long trajet en bus de 500 km nous mène au terminus du charbon, au port de Gladstone. Il est décrit comme « prosperous harbour city and gateway to the southern Great Barrier Reef ». Les paysages varient, on voit beaucoup de traces de l’inondation. Nous pique-niquons en bordure de rivière et sommes chassés par les moustiques. Un panneau indique que l’eau est montée ici de 2 m, apparemment ce n’est pas la première fois. A Gladstone, nous retrouvons nos trains familiers remplis de houille. Le port, qui peut accueillir les bateaux les plus gros, expédie, outre du charbon, de la chaux et des copeaux de bois, le tout vers le Japon.

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