jusqu'à ce soir où nous sommes

Par Richard Gonzalez

 

Carrière de Rives, Isère, mars 2009

C’était avant la crise, avant la grippe uruguayenne et le vide sous les sombreros. Le printemps hululait d’avril à mars, les bourgeons écumeux filaient le long des longues tiges, les hirondelles prenaient la mouche à gosier que veux-tu. A l’étage du dessous, les locataires de la planète dédiaient leur conscience opportune au béton et accueillaient avec reconnaissance la bonté de l’argent. Le génie humain ne s’était pas encore fourvoyé dans les peurs circonstancielles et moi je vouais une adoration béate à sa lune sur l’étang de nos draps. On dit qu’il n’y a plus de saison ma bonne dame, que tout se perd et qu’il fait mauvais à Essaouira. Je ne sais pas qui a brisé le baromètre, j’ignore tout de la physique fondante des pôles et de l’envers du mariage de Ringo et Sheila en 1973 mais puisque je commence à saisir l’idée de naissance et de fin, de jaillissement primal et de déclin déformant sans retour ni fils ni vengeance, je déchire la patiente broderie de tous ces mots pour rien et je regarde comme vous l’amour descendre comme un soir sans rappel.

[4 semaines sans Internet ce mardi : l'otage de l'incompétence de France Télécom n'a toujours pas été libéré]