Je l'aimais de Zabou Breitman

Par Abarguillet

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Pourquoi ne pas le dire tout de go: ce film est un coup de coeur, parce qu'il est bien amené, pudique, délicat, charmant, sensible, qu'il fait honneur à la production française et se laisse regarder avec un vrai bonheur.
Il s'ouvre sur le désespoir d'une jeune femme, Chloé ( Florence Loiret-Caille ), que son mari vient de plaquer pour une autre, sans qu'elle n'ait rien vu venir, et la laisse seule avec deux enfants. Son beau-père - qui ne prend nullement fait et cause pour son fils - va l'emmener passer le week-end à la campagne pour tenter de prendre la mesure des choses et, autour d'un bon feu de cheminée, se laisser aller à des confidences, espérant peut-être qu'en s'ouvrant à elle de ses propres souffrances, il atténuera les siennes. Ainsi lui raconte-t-il ce que fut pour lui la passion qui le consuma jadis pour une femme qui n'était pas la sienne et qu'il n'a pas osé vivre jusqu'au bout par souci du devoir ou, plus encore, par lâcheté, faisant deux victimes : Mathilde, cette jeune femme qu'il aimait et qu'il quitte, et sa propre épouse dont il a empoisonné la vie. 



Les regrets, la nostalgie pour ce qui aurait pu être et ne fut pas sont le ressort de ce joli film  Je l'aimais  de  Zabou Breitman , tiré d'un roman d'Anna Gavalda, adaptation fine et fidèle des propos de l'écrivain, que l'on doit également à la scénariste Agnès de Sacy, sans oublier, au passage, un clin d'oeil au magnifique  In the mood for love  de Wong Kar-wai. Avec ce dernier opus, qui fait suite à  Se souvenir des belles choses  et  L'homme de sa vie , la cinéaste revisite son sujet de prédilection la mémoire et élargit l'horizon d'Anna Gavalda, en y ajoutant sa rhétorique toute personnelle de la mise en scène. Grâce à un montage qui sait user du flash-back sans jamais égarer le spectateur, la réalisatrice surfe avec intelligence sur passé et présent et nous livre l'autopsie d'un renoncement, sans pour autant tomber dans le pathos et en évitant les écueils d'un maniérisme qui semblait la guetter dans son précédent ouvrage.


Ainsi signe-t-elle avec élégance un requiem délicat sur les sentiments perdus, les amours renoncés, les passions mal éteintes. Dans le rôle de Mathilde, cette jeune femme rencontrée à Hong-Kong et pour laquelle Pierre éprouvera une passion immédiate,  Marie-Josée Croze  est pleine de charme et de spontanéité, face à un Daniel Auteuil qui me paraît être le maillon faible du film. Il ne suffit pas d'écarquiller les yeux et de parler d'une voix sourde pour signifier l'émotion et susciter celle du spectateur. Face aux 3 actrices qui l'accompagnent et sont toutes trois excellentes, il m'a semblé bien pâle.