Les griffes de l'ennui…

Publié le 07 mai 2009 par Boustoune


Wolverine (1) est sans conteste le personnage le plus intéressant de la série de comics « X-Men ». Déjà parce qu’il est impressionnant. Ce mutant mi-homme, mi-bête est en effet indestructible grâce à la combinaison de son pouvoir d’auto-régénération tissulaire très rapide et de la solidité de son squelette, recouvert d’adamantium, un alliage particulièrement solide qui lui a été injecté lors d’une expérience scientifique assez osée. Il est également redoutable grâce à ses griffes rétractables, elles aussi en adamantium. Ensuite parce qu’il est psychologiquement complexe, tiraillé entre son humanité et ses instincts animaux, et réfractaire à toute autorité. Il n’hésite pas, par exemple, à tuer ceux qu’il considère comme nuisibles, enfreignant les règles édictées par le professeur Xavier, grand patron des X-Men.
Il était donc assez logique qu’après la trilogie X-Men, ce super-héros charismatique bénéficie d’un film à lui tout seul, et que les producteurs mettent rapidement en chantier ce « spin-off » (2). Chose faite avec X-Men origins : Wolverine, qui revient, comme son nom l’indique, aux origines de la saga et raconte comment Logan est devenu cette icône griffue et hautement rebelle. Mais chose mal faite…
 
On pouvait s’attendre à mieux de la part de Gavin Hood, réalisateur de ce vulgaire film d’action fantastique. Il se contente d’aligner des séquences spectaculaires mais très prévisibles, sans jamais prendre le temps de conférer une épaisseur psychologique au personnage, et d’explorer son côté sombre. Sans chercher à prendre le temps tout court.
Ca commence dès l’introduction : on a à peine le temps de comprendre qui est qui que déjà, l’action s’emballe. Logan élimine son père, un homme alcoolique et violent, s’enfuit avec son frère Victor, lui aussi mutant. Ils participent à quatre guerres (Guerre de Sécession, 1ère et 2ème guerre mondiale, guerre du Vietnam) où ils charcutent et trucident à tout va pour le bien de leur mère-patrie. Jusqu’au jour où Victor pète un câble et cède définitivement à ses instincts bestiaux de prédateur. Jugés pour crimes de guerre et trahison, ils sont passés au peloton d’exécution, mais se remettent très vite grâce à leur pouvoir de guérison accélérée. Ils sont alors enrôlés par le Major Stryker, au sein de son commando de mutants. Une troupe d’élite aux motivations ambigües. Trop ambigües pour Logan, qui plaque tout pour trouver refuge au fin fond du Canada. Mais le passé le rattrape bien vite. Victor, devenu « Dents de sabre » est sur sa piste, et semble bien décidé à l’éliminer…
 
Waouh, et tout ça en quinze ou vingt minutes seulement… Ah ça, pour l’action, on est servis… Ca court, ça saute, ça bastonne, ça explose, ça fait couler le sang pendant près de deux heures… Mais quand il s’agit de se poser un peu sur les fondements du personnage, de parler de sa lutte contre ses démons intérieurs, il n’y a plus personne…
Pourquoi ne s’être pas mieux appuyé sur le comics-book qui a servi de base au script ? (3). Toute la partie intéressante du récit est celle qui correspond aux vingt premières minutes du film - l’histoire familiale, la découverte de son pouvoir, l’obligation de fuir vers le Canada et la rencontre avec Kayla « Silver Fox », les noirs desseins du Team X de Stryker… - rapidement expédiées pour se concentrer sur la lutte fraternelle entre Wolverine et Dents de Sabre (4). Mais même cet affrontement étalé sur plusieurs décennies, façon Highlander, n’est pas correctement exploité et cède peu à peu la place à une histoire assez ridicule, redite « cheap » de la trilogie X-Men, le talent en moins.
 
On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien, au contraire. Le rythme est plus que trépidant. Mais, en l’absence d’une quelconque épaisseur psychologique, en l’absence d’un scénario correctement bâti, c’est justement ce qui finit par lasser…
Oui, j’ose dire que je me suis ennuyé en regardant ce blockbuster aux effets spéciaux soignés, aux acteurs charismatiques (Hugh Jackman dans le rôle-titre, Liev Schreiber en « Dents de sabre », plus Danny Huston, Ryan Reynolds ou Dominic Monaghan…), mais sans âme.Pas besoin de donner davantage de coups de griffes, et encore moins de perdre du temps à faire l’analyse de cet X-Men origins : Wolverine, qui n’est rien d’autre qu’un gros divertissement formaté, banale exploitation commerciale d’une franchise déjà à bout de souffle. Vous aurez compris qu’à moins d’être fan de Hugh Jackman et/ou de Wolverine, le film ne vaut pas spécialement le déplacement…
Note : 
(1) Egalement connu en France sous le nom de « Serval »
(2) un « spin-off » est une œuvre dérivée d’une série de films, se focalisant sur un héros en particulier.
(3) « Wolverine – Les origines » divers artistes – Coll. Marvel Deluxe - Ed. Panini Comics
(4) Dents de Sabre et Wolverine sont ici réellement frères, contrairement au comics book où ils n’ont aucun lien de parenté. D’ailleurs, ce lien n’est pas du tout mis en avant dans le premier
X-Men

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