Marcher

Par Frédéric Romano
- Lui : Viens, viens, on va prendre un raccourci !
- Moi : M’enfin, merde, ça fait une heure qu’on marche !
- Lui : Mééé non…
- Moi : Mééé si ! Et ton raccourci c’est un cul de sac !

Pris d’une soudaine envie de respirer, se lever, prendre une veste, tourner la clé, ouvrir la porte, sortir et marcher…

Marcher vers où, marcher vers quoi ? Marcher pour oublier, pour penser, pour remettre ses idées en place. Marcher pour se dépenser, pour se dégourdir les jambes. Marcher pour digérer, pour alléger son estomac, pour étendre les mollets et laisser pendre les bras. Marcher pour respirer, lentement ou rapidement, de manière saccadée, inspirer, respirer, continuer. Ouvrir sa veste, mettre les mains dans les poches, regarder l’heure, accélérer. Mettre des écouteurs et brancher la musique. Augmenter le volume, accélérer encore. Changer de morceau, changer de chemin, ralentir. Regarder les maisons, les toits et les nuages, s’arrêter et réfléchir. Regarder plus loin que le ciel et sourire, voir le temps se couvrir, recevoir les premières gouttes, sourire à nouveau, repartir et marcher. Se faufiler entre les passants, trottiner et puis courir, à chaque pas s’éclabousser. Se réfugier sous un abris, ne pas tenir en place, tourner en rond, s’en foutre et repartir, malgré le temps, malgré la pluie, être mouillé et rire. Vouloir aller ailleurs, changer de chemin, s’aventurer, se perdre. Tourner encore, à gauche, à droite, continuer, regarder ses pieds puis lever la tête, revoir le soleil et être soulagé. Enlever sa capuche, se secouer, ralentir un peu, traverser un pont, regarder les gens, les saluer puis se détourner, fermer les yeux, écouter et danser.

Marcher ou courir, se sentir vivre, aller de l’avant ou à reculons, les yeux par terre ou en l’air, en ville ou en campagne, avancer, continuer…