HADOPI : les artistes, boucliers humains des majors.

Publié le 10 mai 2009 par Showshoes
Profession Artistes, Hobby : Bouclier humain
Les majors ont choisi de faire parler les artistes pour défendre l'Hadopi. (Rappelons que l'Hadopi est ce projet de loi visant à sécuriser Internet dont nous avons parlé ici et , il y a presqu'un an.)
Des artistes instrumentalisés (à l'insu de leur plein gré) par leur maison de disques. Ou par leur société de répartition: SACEM, SACD*, SNEP, SDRM. Ou encore par le ministère de la culture. Celui qui avait mis en ligne un site : j'aime les artistes. Je dis qui avait, car il a été très vite bloqué par les hackers, et invalidé par la quadrature du net. (cad, beaucoup d'artistes reconnaissaient qu'ils n'avaient pas signé la pétition pro-Hadopi)
Bref à court d'artistes, fragilisés par le nouveau tour qu'avaient joué à l'assemblée les députés de l'opposition et quelques autres de la majorité, les majors ont décidé de frapper un grand coup, à coup de vieux.
 
Cinq vieux. Moyenne d'âge 72 ans. Cinq vieux éléphants qui ont écrit au PS affolés. Quoi ? Ils allaient moins gagner d'argent ! Quoi ? La copie privée qui leur assure au moins 10% de la totalité de leur revenu n'est pas un truc qui fonctionne. C'est leur maison de disques qui le leur a dit. Ou leur SACD... Ou leur SDRM. Quoi ? C'est quoi Internet d'abord !!
Ils n'ont rien compris la preuve. Etude de texte avec la complicité de Numérama.
Voici la lettre qu'ils ont envoyé (via le Monde) à Martine Aubry (un autre éléphant.) Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, c'est ici que ça se passe.

A/ "La gauche - notre famille -, c'était le refus d'un ordre purement marchand. C'était la protection du faible contre le fort. En particulier pour la culture. En ne les abandonnant pas à la seule loi du marché, la gauche avait sauvé les artistes dans notre pays. C'était vrai, en particulier, des dispositions prises sous François Mitterrand. Ceux de nos voisins qui n'ont pas fait ce choix-là n'ont plus de cinéma ni de musique. En vous opposant, à l'occasion de la loi Création et Internet, à ce que des règles s'imposent aux opérateurs télécom (comme vous les aviez imposées naguère aux opérateurs de télévision et de radio) pour qu'ils cessent de piller la création, vous venez de tourner le dos de manière fracassante à cette histoire commune.

B/ Vous étiez la résistance à la déréglementation, à la loi de la jungle et du plus fort qui assassine la diversité culturelle. Vous êtes désormais, par l'effet d'une étrange ironie de l'histoire, les avocats du capitalisme débridé contre les droits des artistes à l'heure du numérique.


C/ Souvenez-vous-en : le droit d'auteur est un droit de l'homme. Ce n'est pas parce que les PDG des nouvelles multinationales portent des jeans et des tee-shirts que leur âpreté et leur cupidité sont moindres. Pour être cool en apparence, le capitalisme numérique n'en est pas moins sauvagement prédateur ! Héraclite nous enseigne : "Le peuple doit combattre pour ses lois comme pour ses murailles." En faisant échec au vote de cette loi à l'Assemblée, vous nous avez adressé un message de rupture. Par la présente, nous en accusons réception. Vous avez perdu notre soutien. (...)"


Explication de texte :
A / Pan sur le bec

la mission officielle de l'Hadopi, reconnue par Christine Albanel elle-même, est de "favoriser l'offre légale", donc d'installer la culture dans un "ordre purement marchand", alors que le piratage (un autre mot pour dire "partage") vise à l'en sortir en favorisant l'échange culturel non marchand entre les citoyens.

B/ Pan sur les pieds

En invoquant la loi du plus fort, la loi de la jungle, les artistes se tirent sur balle de plus dans le pied.

Pourquoi ? Comment ? Car justement il ne s'agit pas de capitalisme débridé. Il s'agit, avec l'Hadopi, du capitalisme à la "Papa".  Grâce à Hadopi, ce seront toujours (comme nos 5 vieux le souhaitent) les grandes maisons de disques, les sociétés de répartition, qui garderont le contrôle de la distribution de leurs oeuvres sur Internet comme ailleurs. Le faible qu'il faudra protéger restera l'artiste, et le fort ne sera pas l'internaute mais encore une fois les majors, qui continueront à imposer des contrats léonins aux artistes dont ils décideront des carrières.

En même temps, un bouclier humain, ça sert à ça !

C/ Pan dans les dents

En évoquant Héraclite, nos 5 vieux se font mettre K.O. Car justement cette loi est une muraille. Voilà pourquoi le peuple (les internautes mais pas que, des artistes aussi et même des députés de droite) sont vent debout contre. Hadopi c'est la muraille que veut mettre en place le gouvernement entre les internautes français et le reste du monde.