Pour en finir avec les comédies romantiques

Par Pestouille

J’ai pas rempli ma part du contrat. Le délire c’était écrire le récit de notre D-day à quatre mains, laisser une petite trace écrite pour quand on sera pépé-mémé (ça fera peut être marrer les mômes avec un peu de chance)  Et puis comme d’habitude j’ai trouvé que son récit était vachement bien écrit et drôle et du coup le mien, j’ai pas osé le pondre. Et pis hier en triant des photos sur le PC je suis tombée sur la vidéo de notre ouverture de bal. Filmée au portable par un ami malveillant avec, en plus de la musique en fond sonore, les ricanements et autres “Lukas, Lukas, téma les pieds à Mika” Sympa les mecs.

Non, non, non, inutile de me supplier, je ne vous ferai pas le plaisir de mettre en ligne les 5 minutes les plus longues de mon existence (parce que contrairement à ce qu’il a voulu vous faire gober si monsieur O est un dieu de la danse alors moi je m’appelle Mimi Mathy.) Suppliez moi, mettez vous à genoux, seuls ceux qui étaient présents sauront à quel point c’était intense. (Pour les autres j’aime les belles chaussures - pointure 37, j’attends toujours un sac la Tanneur et apprécie également les petits pulls en cashmere, le chocolat et le thé mariage frères, j’habite dans le 5ème, je suis dans les pages blanches à vous de mener l’enquête… et là, seulement peut être que vous verrez cette apothéose de grâce et de je-danse-comme-Chandler attitude)

Cette petite danse sur This is a man’s world de James Brown (dont les paroles, si on réfléchit bien ne sont pas tout a fait appropriées à un mariage -mais monsieur est fan et c’est un des seuls morceaux lents à trois temps du bonhomme) cette petite danse donc, malgré les nombreuses heures (ok, quelques) de répétitions dans notre cuisine de 9 m2 a subit quelques couacs - qui ont fait tout son charme- et c’est là ce qui fait la différence avec les comédies romantiques dans lesquelles les deux jeunes époux virevoltent au son d’une valse viennoise made in André Rieux (passez moi un seau, il faut que je vomisse)

J’ai donc décidé de faire ma petite étude comparative entre un mariage à la sauce Hollywood et un mariage de la vraie vie.

La demande en mariage

Dans la grande tradition ça se passe en général dans un resto, avec champagne et violonistes, le mec se met à genoux et sort une bagouse de son veston qui vaut le PIB du Guatemala (ou alors il lit Tips, et il l’ a acheté en scred chez Tati Or) Récemment les scénaristes font preuve de plus d’originalité et ça peut se passer lors d’un week end à la campagne, ou à la mer (le mec écrit sa demande sur le sable, la meuf chiale en riant, ce qui est un prouesse technique) ou alors carrément au pieu, mais toujours bagouse il y a. Sans oublier le fameux “veux tu m’épouser?” Avec la voix qui tremblote et le célèbre “oui, mille fois oui”

Dans la vrai vie. Enfin dans la mienne en tous cas, déjà il n’y a pas eu de bague. Et il n’y a même pas eu de “je suis pauvre mais romantique regarde, je te passe un boulon au doigt - car en plus j’ai de l’humour” Non. rien de tout ça. Il n’y a pas eu de “veux tu m’épouser”, parce que  je crois que pour le “veux tu prendre un verre?” deux ans auparavant il s’était déjà fait énormément violence. (Parce que c’est un timide, pas parce que c’est un maso… vous me suivez) En revanche il y a eu une lettre que je garderai toute ma vie dans ma petite boite sur mon bureau toute chiffonnée/écriture patte de mouche/ ratures et papier à petit carreaux mais au moins ce qu’il y a écrit dessus c’est vraiment du lourd.

Les préparatifs

Dans la grande tradition la fille est comme une hystérique,  la mère est comme une hystérique la belle mère se transforme en harpie et c’est là que les embrouilles commencent. Le choix de la robe n’est jamais vraiment un choix, c’est “coup de foudre pour un meringue” et on passe de longues soirées à étudier le plan de table pour que la cousine Josette ne se frite pas avec la tante Micheline.

Dans ma version, certes j’étais hystérique, mais intérieurement. Et la couleurs des dragées ben je m’en tapais le coquillard. Ma mère n’était pas hystérique loin de là, en fait je crois plutôt qu’elle était sonnée. Et ma belle mère, atteinte comme moi du syndrome “Monica” fut d’une aide assez précieuse mais discrète. Le choix de la robe s’est fait un peu par la force des choses parce qu’à m’écouter la coupe sirène faisait ressortir mon nez et les emmanchures américaines accentuaient mes “bras de mousticos” (les filles si vous passez par là big up !) en revanche on a bien passé de longues soirées à étudier le plan de table pour que la cousine Josette ne se frite pas avec la tante Micheline (et tant d’autres …)

L’enterrement de célibat

Dans la grande tradition les copines préparent le truc en douce depuis environ 3 mois,  à grand renforts de ricanements de gloussements et de réunions top secrètes. Elle kidnappent leur copine à son travail, lui bandent les yeux et l’emmènent dans un endroit mal famé ou des hommes tous en muscles et en amphétamines trémoussent leur derrière huileux sous le nez des demoiselles qui ricanent de plus belle (c’est là qu’en général intervient la scène où la témoin célibataire qui est une grosse chaudasse, se tape le chippendale dans les toilettes) Du côté de ces messieurs le programme n’est pas très différent: là encore, les fesses huileuses sont au programme - sauf qu’en général dans les films c’est là que tout dérape et que le fiancé révèle sa vrai nature de petit vicelard terrifié à l’idée de s’engager.

Dans ma version, une semaine avant je savais de source sûre, que Sandra aka la blondasse, ma témoin n’ avait toujours rien préparé puisqu’elle n’avait pas donné de ses news depuis plusieurs semaines, trop occupée à roucouler avec son amoureux tout neuf. Mais la belle avait sû rattraper le coup en deux temps trois mouvements. Au final: Coincage de guiboles, acrobaties et tyrolienne, perchées dans les arbres en gueulant ” machin jte kiiiiiiiiifffffffeeee”, hammam  tajine et thé à la menthe dans un petit patio, quelques téquila plus tard on dansait sur les tables de la Favela Chic, non sans avoir dû au préalable montrer nos cartes d’identité pour que les videurs, qui croyaient qu’on était en troisième, nous laissent entrer (surtout moi en fait)

D day -les préparatifs des fiancés…

Dans ze big tradition les mariés se réveillent chacun de leur côté (ben oui hein, no zob avant le mariage, j’vous signale qu’on est en Amérique…) et se préparent dans l’ effervescence avec leur famille et amis. Le garçon enfile son costume trois pièces avec gilet et noeud pap, il s’est rasé de près et a les godasses qui vous vous balancent un flash à chacun de ses pas. De son côté la jeune promise, devant sa belle coiffeuse (le meuble pas la dame) se fait coiffer (par la dame) pendant que ses demoiselles d’honneur tout vêtues de la même robe, (ou alors d’une robe de couleur identique mais déclinée en plusieurs modèles) gloussent comme d’hab. Le papa ou un chauffeur, quand on a vraiment affaire à des richards vient chercher la fiancée dans un voiture type Bentley et emmène sa fifille adorée vers l’autel

Dans ma version on avait passé la nuit ensemble mais au petit matin il était parti chez ses potes parce que chez nous il n’y a qu’une pièce et que ça devenait un peu compliqué. Il avait enfilé son costume sans gilet (Ah ça Jamais ! tu m’entends, si on m’impose le gilet, j’annule tout !) et demandé à son témoin de lui faire son noeud de cravate, il en avait mis une qu’une seule fois, et encore, à élastique ! Il ne s’était pas rasé parce que “la barbe de trois jours c’est stylé” (sauf que c’était une barbe de dix jours mais passons.) Du côté de ces demoiselles j’étais allée chercher des croissants pour mes girls, et en marchant dans la rue au levé du soleil, passant devant une vitrine, j’osais à peine m’inquiéter du fait que mes yeux soient collés… Ma coiffeuse avait commencé par me transformer en louis croix v bâton avant d’obtenir un résultat fort joli (à mon sens) et je m’étais maquillée toute seule avec les mêmes vieux trucs que d’habitude. Mon chauffeur, qui était un pote était coincé dans les embouteillage à Saint Michel, et pour couronner le tout s’était fait arrêter par les flics un peu plus loin. Toutes mes copines lui hurlaient dessus. Pour lui donner une chance d’arriver à peine à la bourre on était descendues Sandra et moi sur la petite place en bas de l’immeuble. Une mariée ça se repère facile… Je voulais que Sandra attache ma traine avec le petit noeud prévu à cet effet sous la robe, et la blonde n’avait rien trouvé de mieux à faire que de soulever les jupon et dévoiler la meilleure partie de mon anatomie à tous les passants. Finalement le pote  arriva et m’emmena dans sa vrombissante voiture devant l’autel l’hôtel de ville.

La cérémonie

Dans la grande tradition, déjà la grosse différence c’est que ça se passe à l’église, avec un prêtre qui a la gaule. Il y a la petite musique d’entrée et les discours du prêtre en question et puis il y a le fameux “si quelqu’un a un raison de s’opposer à cette union, qu’il parle ou se taise à jamais…” et là c’est le moment “suspense ” du film où tout peut basculer si ça n’ a pas déjà dérapé au moment de l’enterrement de célibat… You may kiss the bride bla bla bla il soulève son voile, lui roule une grosse pelle. Ouf tout le monde peut respirer.

Dans ma version qui dit pas d’église dit pas de prêtre mais en revanche rien n’empêche d’avoir un adjoint au maire qui préfère raconter l’histoire de l’architecture du 5 ème arronsdissement et du Panthéon plutôt que je sais pas moi, de mariage par exemple… Dans ma version, alors que j’ avais répété devant la glace (ce qui est très con puisque tous les spectateurs étaient dans mon dos) à dire un Oui, franc, mais pas brutal bref un beau oui quoi, finalement au moment venu, un gros chat dans la gorge. Quoi, comment? personne ne m’ entendue, donc il faut que je dise encore oui ? A mon mariage, donc, j’ai pas dis oui, j’ai dis Oui-oui (avec sa voiture jaune et rouge au pays des jouets) la classe.

En route vers la fête…

Dans la tradition, en sortant de l’église tout le monde jette du riz en criant vivent les mariés! et les amoureux s’embrassent histoire de bien montrer à tout le monde comme ils sont trop in love. Tout le cortège se dirige vers les voitures (tout le monde à une voiture, cela s’entend) et part, en suivant les ballons roses et blancs, placés la veille sur la route par les témoins vers le lieu de réception où les attend un cocktail dans le jardin.

En sortant de la mairie, dans ma version, les gens n’ont pas jeté du riz, parce que c’est interdit par arrêté préfectoral (on m’ a dit que ça  nuisait au pigeons.  Nous on nuit aux pigeons, ça c’est la meilleure !) donc on a lancé des pétales de roses ce qui entre nous soit dit est plus joli.  A peu près la moité des gens étaient sans véhicule ce qui a pu poser de petits problème de covoiturage surtout quand on sait que trois voitures (déjà qu’il n’y en avait pas beaucoup) sont tombées en panne sur l’autoroute A6. Peu avant le cocktail(qui se déroulait  à l’intérieur car en octobre la nuit tombe tôt) j’ était harcelée par la moitié de ma famille car j’ avais fait l’erreur suprême de prendre mon portable avec moi. “On sait pas ou on est chérie, on est dans un champs”  “mais vous êtes où, il y a quoi autour de vous?”  “un champ j’te dis, un champs, y a du blé !”  Super.

Le dîner

Pendant le dîner dans la grande tradition il y a toujours des supers plan foireux -le mec qui retrouve une ou plusieurs de ses ex à table, le couple qui se dispute, les deux cousines qui ne peuvent pas se sentir. Le témoin du marié fait shling shling sur son verre et se met à faire un discours drôle et émouvant avec tout plein d’anecdotes sur son pote de chambrée. Il se peut aussi qu’il balance malencontreusement un truc sur l’enterrement de vie de garçon et que ça foute une merde royale. Et puis viennent les discours de la “maid of honnor”, de la mère du père mes frères zé mes soeurs. Puis c’est au tour des mariés de pondre un petit discours à tirer une larmichette à la bête du gévaudan en personne.

Dans ma version, une fois que tous le monde était bien arrivé et pas perdu quelque part sur une départementale, la soirée avait pu commencer, dans la bonne humeur. Personne ne s’est bouffé le nez avec son voisin de table ce qui, quand on sait le nombre d’heures passées à faire ce putain de plan de table n’était pas du luxe. Un puzzle 3000 pièce de Ravensburger aurait était plus facile à renconstituer. Pas de discours de nos témoins, aucun d’entre eux n’était de nature bavarde… ils se sont donc contentés de chanter une chanson de Jazz, ou jouer du violoncelle, ce qui selon moi vaut tous les discours et cortège d’anecdotes pourries qui va avec (sauf s’il ya du vraiment croustillant, alors là je suis toute ouie.) Le notre de discours fut assez bref : dire au gens qu’on est heureux qu’ils soient là, ça prend pas trois quarts d’heure, même quand c’est très sincère. En revanche, quand j’ai fais tinter mon verre une seconde fois dans la soirée, tout le monde s’est dit “ah, ça y est le vrai discours” … “c’était pour vous dire que le fromage sera servi en buffet”  et là bien sur, je pique un fard. (on s’en serait pas douté) Que de glamour, que de classe.


Le bal et la soirée

Le marié et la mariée ouvrent le bal (ou alors chez les super tradi, la mariée ouvre le bal avec son papa comme dans le parrain) sur une magnifique valse dont j’ai déjà parlé je crois. Puis tout le monde les rejoint sur la piste et se met à danser all ze night… mais dans les couloirs c’est truc de ouf, il parait que la demoiselle d’honneur numéro 47 aurait roulé une pelle au témoin qui lui est en couple avec l’ex  du jeune marié. Panique à bord. La mariée boit coupe sur coupe et commence à être raide bourrée, elle se met à montrer sa culotte à tout le monde ou alors, c’est pire à faire des grandes déclarations d’amour…finalement tout le monde va se coucher en titubant et c’est bien mieux comme ça sinon la comédie romantique vire au drame et là on est plus du tout dans le même genre de film…

Là vous vous dîtes elle va reparler de leur danse. Ouais ben mes cocos c’est pas parce qu’on est 18 paragraphe plus bas que j’ai changé d’avis par rapport à la vidéo. Tout ce que je peux vous dire c’est que c’était troooop meugnon. Et que même si les chaussures de monsieur glissaient à la race, on s’en est bien tirés. J’ai également dansé toute seule ( ben oui fallait bien que je me défasse de ce boulet qui a autant le sens du rythme que Quentin Mosiman de talent c’est a dire point du tout.) sur un morceau de flamenco qui je l’espère a fait son petit effet (faut pas oublier que je reste une biatch egocentrique même le jour J) Tout le monde à bougé sur le dancefloor, même les darons, et ça c’était grand, et puis vers 01h du mat comme j’avais envie de danser avec mes potesses, j’ai commis l’irréparable : j’ai troqué ma belle robe pour un jean. Je sais c’est mâââââl mais moi le Rn’B dans une robe de mariée j’ai toujours trouvé ça chelou. A l’aube la dernière bougie s’est éteinte et la fête s’est terminée. Les gens sont allés se coucher. Et on s’est retrouvés tous seuls avec monsieur O.

allez… un petite photo en lot de consolation…

Dans les films les deux tourtereaux s’envolent dès le lendemain vers des plages paradisiaques ou vers la place Saint Marc à Venise, Ils reprennent leur Bentley et la mariée fait des coucou par la vitre à tout le monde pendant que les amis alcoolisés disent aurevoir en criant, jetant des fleurs ( ou des cailloux, ils sont bourrés) Nous on a bien eu le temps de désaouler ( je dis ça juste pour la construction de ma phrase parce que monsieur O. ne bois pas et moi à peine) avant de partir en voyage de noces :  6 mois d’attente pour enfin arriver à la partie que je préfère de tout le mariage : sur les routes, pendant un mois. Toute seule avec mon amoureux. Qui dit mieux?