La création d’Israël n’est pas qu’une compensation de la Shoah

Publié le 12 mai 2009 par Drzz

  
  

L'Abbé Alain René Arbez
  
  
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Michel Garroté - Encore une mauvaise nouvelle pour les antisionistes. Car je verse au dossier « amitié judéo-catholique » un article de l’Abbé Alain René Arbez, article daté d’aujourd’hui mardi 12 mai 2009. Et je note au passage, comme le démontrent les déclarations historiques citées dans l’article de l’Abbé Alain René Arbez, que le christianisme sioniste, y compris le catholicisme sioniste, existe depuis longtemps ; et qu’il existe encore aujourd’hui. Certains en seront courroucés. Et bien, qu’ils continuent - entre eux - leur maudit bal des médiocres.

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Abbé Alain René Arbez - A la manière d’Ahmadinejad, certains cherchent à faire croire à l’opinion désinformée que l’Etat d’Israël, apparu en 1948 sur la scène des nations modernes, ne serait qu’une arbitraire compensation coloniale de la Shoah. Or, si l’on observe les faits, la renaissance nationale d’Israël est la conséquence logique d’un processus qui vient de loin dans l’extraordinaire histoire du peuple juif, mais c’est aussi un événement dans lequel les chrétiens sont impliqués. Le cardinal Christophe Schönborn, archevêque de Vienne, écrit en 1998 : « C’est un fait aussi bien pour la foi juive que pour la foi chrétienne, qu’il y a eu une fois et une seule, dans l’histoire de l’humanité, un pays bien déterminé, dont Dieu a pris possession pour toujours comme étant Son héritage (1 S, 26/19), Son pays (Jr2/7), et qu’Il a confié au peuple élu par Lui, Israël, comme étant Son propre peuple (Dt 1/36). On ne peut guère mettre en doute que la fondation de l’Etat d’Israël soit liée à la promesse biblique de la terre ».

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Des chrétiens de toutes les Eglises ont effectivement joué un rôle majeur dans l’affirmation publique de la légitimité d’Israël. La Bible hébraïque étant aussi Ecriture sainte chez les chrétiens, il est assez logique que ceux-ci aient pris au sérieux ce qu’ils lisaient dans leur texte sacré. Depuis saint Irénée de Lyon ou Méliton de Sardes, des courants spirituels espérant la restauration d’Israël se sont exprimés à travers les siècles au sein du christianisme. Les espoirs chrétiens de la réappropriation d’Eretz Israël par les juifs se sont clairement manifestés dans les différentes dénominations ecclésiales. On peut dire que le sionisme chrétien, à mi-chemin entre les fondements spirituels et leurs conséquences politiques, a préparé et relayé une part significative du sionisme juif. L’exemple de l’évêque tchèque Comenius en est une illustration parmi bien d’autres.

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Au XIXe siècle, en France, on retrouve ces idées dans la très académique Revue Biblique catholique, ainsi que dans le renouveau évangélique en Angleterre, qui avec John Darby donne une place importante au retour du peuple juif en terre d’Israël. Henri Dunant, fondateur de la Convention de Genève et de la Croix-Rouge, constitue la Société Nationale Universelle pour le renouvellement de l’Orient. C’est ce climat consensuel chez des chrétiens influents que rencontre Théodore Herzl lorsqu’il entame sa campagne finale en faveur de l’aboutissement d’un Etat juif. En 1917, c’est la Déclaration Balfour. D’où cette affirmation du révérend Norman Maclean : « Le sionisme réclame de nombreux juifs nobles comme organisateurs. Mais peu réalisent que les trois hommes qui rendirent possible cette politique étaient chrétiens : Wilson, Balfour et Lloyd George ».

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A Rome en 1926 est lancée une association catholique des amis d’Israël, fondée par le général des chanoines de Sainte Croix. Elle compte bientôt dans ses rangs 19 cardinaux, 278 évêques et 3000 prêtres du monde entier. En 1947, l’archevêque catholique de Beyrouth, Mgr Ignace Moubarak, écrit à l’ONU : « Historiquement, il est indéniable que la Palestine a été la patrie des juifs et des premiers chrétiens ». En 1948, Claudel et Maritain réaffirment avec force la légitimité d’Israël : « Ce que Dieu a donné une fois est donné pour toujours.

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Ce don de la terre de Canaan aux tribus d’Israël est matière de foi pour les chrétiens comme pour les juifs ! ». Après la tragédie de la Shoah, la rencontre de Seelisberg, en Suisse, a été décisive. Elle prépare directement les prises de position du concile Vatican II, avec Nostra Aetate, ainsi que les futures déclarations protestantes. Comme le rappelait le pape Jean Paul II à Mayence en 1980 : « L’alliance avec Israël n’a jamais été abolie ! ». Et lors de sa visite à la synagogue de Rome en 1986 : « Les juifs sont les frères aînés des chrétiens, et le lien entre judaïsme et christianisme est intrinsèque ».

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Source : Abbé Alain René Arbez, Le Temps, mardi 12 mai 2009

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