Soutenir les clubs Français au plan Européen, ce ne serait pas du Lux...

Publié le 12 mai 2009 par Ansolo

Tout à leur joie de se qualifier pour la finale du Challenge européen, les Berjalliens n'ont pas tout de suite pris la mesure de ce qui les attend le 22 mai prochain : un match à l'extérieur, disputé sur un terrain situé à une centaine de kilomètres de Northampton, leur adversaire en finale.

Les réactions des dirigeants Berjalliens et de ceux de la Ligue nationale de rugby, dès que fut connue la nouvelle, permirent d'assouplir quelque peu l'intransigeante ERC qui a décidé, dans un élan de magnanimité à l'égard des trublions tricolores, d'organiser le match au Stoop, le terrain des Harlequins situé à l'ombre de Twickenham.

N'empêche. Pour un supporter lambda des ciel-et-grenat, le parcours jusqu'au Stade de la Finale relève de celui du combattant. Qui plus est quand on sait que le match se disputera un vendredi à 20h45...

Bref, pour la huitième fois d'affilée, si notre compte est bon, la finale du Challenge Européen se déroulera en Angleterre. Et le moins qu'on puisse dire est que le président de l'ERC, Monsieur Jean-Pierre Lux, n'a pas fait preuve d'un soutien marqué au club Français. Il a même tenu des propos que certains jugeront très négatifs à l'égard de la LNR et des clubs, pour ne pas dire plus.

On sait que le président Lux aurait bien voulu devenir celui de la Ligue nationale. C'était d'ailleurs le souhait de Serge Blanco. Et on se dit que l'élection de Pierre-Yves Revol à la tête de cette instance n'a pas placé le candidat malheureux dans les meilleurs dispositions à l'égard du vainqueur de cette joute à fleurets pas toujours mouchetés.

N'étant (malheureusement) pas dans le secret des Dieux, il est difficile de savoir qui, de l'ERC ou de la Ligue, n'a pas fait le nécessaire pour permettre à un stade Français de recevoir la finale de la Challenge Cup. Toujours est-il que l'instance Européenne n'a jamais brillé par son ouverture sur ce point. Il y a toujours de bonnes raisons pour ne pas organiser de finale en France. La loi Evin par exemple.

Mais quand on lit dans la presse, les propos du président Lux sur la controverse actuelle, on est un tout petit peu gêné pour ne pas dire agacé par certains arguments.

Ainsi, à la question "Pourquoi ne pas organiser le match à Grenoble ?", Jean-Pierre Lux réponds "Ce serait inéquitable". C'est un peu fort quand on sait, par exemple, que l'édition 2007, remportée par Clermont, s'est jouée à 170 Km de Bath, son adversaire du moment, et que le même Clermont a perdu la finale 2004 face aux Harlequins, dont le camp de base est situé à 50 Km du lieu de la rencontre. Aussi, qualifier d'inéquitable le fait d'organiser un match à 65 Km de Bourgoin, relève au pire d'une insigne mauvaise foi, au mieux d'un manque de mémoire...

Quant à dire que la LNR ne répond jamais aux courriers de l'ERC, si c'est le cas et on se demande pourquoi attendre un clash pour évoquer les problèmes de communication. De surcroît, on serait tenté d'interroger le président de l'ERC sur la nature de ses conversations avec les dirigeants de la Ligue lorsqu'il vient sièger au Comité directeur de cette instance.

De manière générale, les clubs Français n'ont jamais été vraiment à la fête lorsqu'il s'est agi de défendre leurs intérêts au plan Européen. On le sait, en rubgy, nous ne sommes qu'invités à la table des Britanniques, qui savent nous rappeler, de temps à autres, qu'ils nous tolèrent à condition que nous sachions nous tenir.

Des sanctions disproportionnées qui frappent régulièrement des joueurs Français jusqu'au choix des stades pour les finales, ostracisant la France quasi-systématiquement, en passant par des désignations d'arbitre sujettes à caution, de nombreux exemples viennent illustrer la faiblesse de l'influence du rugby tricolore au plus haut niveau.

Même situation à l'IRB, qui ne brille pas par sa Francophilie.

Pourtant, les présidents de l'ERC et de l'IRB sont Français, et la Coupe du Monde comme la Coupe d'Europe sont parties d'initiatives Françaises. Alors comment expliquer cette situation autrement que par le conservatisme exacerbé des Nations Anglo-saxonnes qui refusent de céder un pouce d'influence à la France, et le refus de ceux des Français qui occupent des places stratégiques dans ces instances internationales de prendre le risque de perdre leur place ?

On pourrait aussi mettre en avant une hypothèse moins agréable à attendre que la précédente : l'incapacité du rugby hexagonal à "jouer grouper" : entre luttes de pouvoir, ambitions personnelles et querelles de clocher, l'ovalie Française semble incapable de parler d'une seule voix et de défendre efficacement ses intérêts au plus haut niveau.

Il serait souhaitable que cela change, pour qu'enfin les clubs Français bénéficient d'un vrai soutien au plan Européen. On ne souhaite évidemment pas de passe-droit, mais un peu plus d'équité.