Critique de “Evenfall” (2009) de Sébastien Schuller

Publié le 16 mai 2009 par Eddie

Evenfall

par Sébastien Schuller


Année : 2009
Label : Green United Music
Stéréotypes : Pop, Electro, Folk, Expérimental
Liens : MySpace - Télécharger

J’ai rarement autant écouté un disque avant de la chroniquer. Enfin, si on met de côté les disques de la rubrique “culte”. J’suis partenaire de la sortie d’Evenfall, donc quand vous verrez la pochette (splen-dide) de l’album, il y a des chances pour que mon logo-maison ne soit pas loin. Alors forcément, vu que c’est une première pour moi, je me suis passée l’album en boucle, pour avoir une opinion claire et assurée pour ma critique.

J’crois que j’ai beaucoup de chance. Déjà parce que dans la plus pure objectivité, l’album est superbe. Mais subjectivement, Evenfall et Sébastien Schuller sont arrivés au bon moment. Je suis à peu près sûre qu’il ne serait pas imposé en moi aussi rapidement il y a 1 an. Il y a 1 an, je trouvais la grande majorité des chansons de Radiohead vraiment peu intéressantes. Il y a 1 an je ne connaissais même pas Grizzly Bear. Et puis voilà, du temps a coulé sous les ponts, et le fait que m’sieur Schuller se trouvent dans l’entourage musical de ces deux groupes, et d’une myriade de groupes (la plupart américains) qui concilient avec brio électro, folk et mélodies pop. Les uns se reposant sur de solides bases électro, d’autres sur un piano omniprésent… Evenfall repose lui sur une électro très légère, très subtile, qu’on distingue parfois à peine, et sur un piano-fil d’Ariane. Oui, un piano-fil d’Ariane.

En effet, il est très facile de se perdre complètement dans chaque des 10 chansons que contient l’album. Evenfall est un de ces disques où dès que je ferme les yeux, je me retrouve ailleurs ; et plus la chanson dure longtemps, plus je m’éloigne. La musique n’est pas hypnotique, mais le résultat est le même : pour peu que j’y sois enclin, ça ne manque pas. “Votre corps est détendu, de plus en détendu…”. Et à la fin du disque, c’est comme après une sieste : on a pas vu le temps passer, on se sent beaucoup mieux, les idées de nouveau en place.

Ce disque a un effet thérapeutique. Sérieusement.

“Morning Mist”, “Open Organ”, “The Border”… On est très souvent dans le splendide, mais jamais le “splendide chiant”. Vous savez exactement ce que je veux dire : on s’est tous retrouvés un jour face à une oeuvre d’art dont on a conscience de la splendeur… mais bon sang ce que c’est chiant à regarder ou à écouter. Rien ne se passe, aucune émotion. C’est pas du tout le cas avec la musique de Sébastien Schuller. Certes, il n’y a pas de “tube”, de single évident, de chanson qui vous retourne complètement (même si j’étais à la limite avec “New York”, un morceau instrumental qui me met des frissons partout à chaque écoute), l’album dans son intégralité est magique.

Je ne connaissais pas du tout Sébastien Schuller, je n’ai pas encore écouté son premier album, mais il y a quelque chose qui m’a intrigué à la première écoute d’Evenfall : je ne comprends presque pas un mot de ce qui est dit dans les paroles. Pourtant j’ai un bon niveau d’anglais. Mais en anglais yoghourt, j’ai un peu plus de mal ! Mais je m’y suis vite fait, comprenant que l’important ne se trouvait pas là, et que cette manière de chanter apportait encore quelque chose à la beauté des chansons. Impossible de ne pas la rapprocher de celle de Thom Yorke. Les deux hommes ont une sensibilité à fleur de peau qu’ils arrivent à transmettent dans leur chant. Même si celui de Yorke me paraît bien plus assumé, bien plus mis en avant.

Sébastien Schuller est un véritable orphèvre musical. Je suis toujours impressionnée par les artistes qui arrivent à produire une musique avec une orchestration pareille en étant tout seul, ou presque. L’orchestration, les vagues d’émotion qu’elle provoque, me font penser à une des seules choses parfois récupérables chez Coldplay. Chez les Anglais, les mélodies sous influences pop sont souvent très belles, mais très largement gâchées par tout un tas de choses qui ne méritent pas plus de mots. Schuller ne tombe dans aucun piège. C’est réussi et beau du début à la fin.

J’ai envie de lui reprocher un manque de “lâchage de cheveaux”, si j’ose dire. Il y a des moments où ça pourrait aller beaucoup plus haut, mais Sébastien Schuller freine souvent à ce moment-là. C’est assez frustrant sur quelques chansons. Mais pour vous dire la vérité, je n’ai trouvé que ça pour essayer de contrebalancer un petit peu tous les compliments d’au-dessous. Ce disque a vraiment très peu de défauts.

Alors voilà, j’ai beaucoup de chance. J’suis partenaire d’un magnifique album. Evenfall sortira le 25 mai, foncez l’acheter.

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Sébastien Schuller est actuellement en tournée et sera le 18 juin à la Cigale à Paris. Allez voir son MySpace pour voir toutes les dates et écouter 3 extraits de l’album : “Open Organ”, “Battle” et “The Border”.

Si vous avez loupé mon interview “eddiefiante” de Sébastien Schuller, cliquez ici !