Lénine et le phallus ignoré

Par Petiterepublique

Curieux, comme une statue prise sous un autre angle peut révéler des formes pour le moins insolites. Un photographe amateur russe s’est pris de passion pour les anciennes statues de Lénine et les a prises sous toutes les coutures pour montrer que ces statues recèlent d’équivoques protubérances. Ainsi, la main de l’ancien dirigeant communiste peut revêtir des aspects multiples selon l’endroit où le photographe se place ; il en va de même pour le bâton que tient Lénine, accessoire obligé du guide conduisant son peuple vers la liberté. Les artistes communistes qui avaient le sens du réalisme avaient-ils perçu ces étranges phénomènes au moment de fixer pour l’éternité la force de Lénine ?

La question reste en suspens, toutefois l’inconscient donne parfois un caractère polysémique à une œuvre. Il n’y aurait donc rien d’étonnant à ce que les sculptures de Lénine se muent en figures protéennes dont la perspective phallique accompagnerait la marche politique. D’ailleurs depuis l’Antiquité, le phallus constitue une véritable abstraction métaphysique qui devient par la suite un symbole consubstantiel du pouvoir. De même, Lénine se trouve dans la posture du marcheur, le bâton en érection comme autrefois en Grèce on promenait des statues de phallus dont on pointait le membre avec des cordes.

Il reste tout de même difficile de voir dans la marche des communistes une procession phallique, toujours est-il que l’édification d’une statue comporte dans son principe de verticalité oblongue une dimension sexuelle assez évidente.  Et si l’on suit les théories de Lacan sur le phallus et sa fonction paternelle, on se rapproche très vite de la patrie, de ce pater de la nation qui guide son peuple comme le ferait un père avec ses enfants en fixant la ligne de conduite et les interdits.

Laurent Monserrat