Les centres auditifs Leclerc : pourquoi ne pas approfondir la question ?

Publié le 20 mai 2009 par Cs

La cartographie des problèmes d’audition en France évolue en fonction des facteurs comme la situation économique ou encore la démographie. L’offre de solutions auditives (via les audioprothésistes) suit cette tendance. Monde peut connu du grand public malgré les initiatives des acteurs de santés dans ce domaine (Journées Nationale de l’Audition…), différents concepts sont apparus dans la distribution des aides auditives aux malentendants, je citerai pêle-mêle les chaînes de magasins, les centres indépendants, les mutuelles, les corners en pharmacies et opticiens, les concepts stores du type Ecoute Ecoute, les centres discount comme les centres luxueux (Grand Audition), les centres regroupés ou l’égide d’une charte de bonnes pratiques, les centres en galeries marchandes et désormais les centres Leclerc, c'est à dire présentant une enseigne de grande distribution.

La découverte d’un nouveau type nous rappelle quelques questions qu’il est de bon ton de se poser : qu’est que la surdité ? Qu’engendre la perte d’audition ? Qui sont les malentendants ? Ces derniers sont-ils indentifiables aux porteurs de lunettes ? Peut-on créer des interactions entre grande consommation et appareillages auditifs ? Pouvons-nous réfléchir à la consommation de santé en Europe ? Quel est le rôle de l’audioprothésiste ? Vendeur ? Technicien ? Psychologue ? Conseiller ? Etc.… Les centres Leclerc (nouvellement créer, après la parapharmacie, l’optique…) ont le mérite d’apporter des réponses auxquels les professionnels, attentifs aux troubles auditifs, mais en réalité et plus généralement aux troubles de santé liés au vieillissement de la population, réfléchissent tous les jours, face au patient, lisant un article, observant la société, liant la situation économique à la prise en charge des pathologies, etc., etc.…

En effet, les centres Leclerc, qui ont acquis cette aura vis-à-vis de la grande consommation et naturellement liée à leur PDG énigmatique et talentueux qu’est Michel E. Leclerc, tentent de dépoussiérer le débat sur la question qui nous intéresse le grand public et notamment malentendant: « Il ne serait pas en train de me voler celui-ci, avec ses prix indécents ? » Cette question à l’avantage d’avoir été posée par tout le monde et en toutes circonstances : le garagiste en plein mois d’Aout, le restaurateur en bord de plage, le dentiste et ses couronnes hors de pris, l’avocat, l’épicier de quartier, le boulanger, le coiffeur, le médecin…

Quelle est l’analyse de Leclerc face à l’étonnant marché de l’audioprothèse. Quelques éléments sont soulignés dans Audio Infos, numéro du mois d’Avril « Leclerc, l’audioprothèse à prix discount », avec quelques phrases du PDG, et des quelques personnes satellites au concept, ce qui en ressort: « ce marché est peu concurrentiel », « dominé par un corporatisme d’audioprothésistes traditionnels qui ne pratique pas de discount » « le prix constitue le frein principal » « baisse significative des prix tout en garantissant une même qualité de service et de conseil ». Pour la journaliste Ludivine Aubin, « les prix annoncés sont 30% inférieurs à ceux du marché » « première gamme à partir de 600€ », « plaquette 6 piles vendues à 3.90€ »

Voici donc en quelques mots les fondements du concept Leclerc, du moins dans le domaine de l’aide auditive. Il nous renvoie vers le tonneau des danaïdes que constitue la relation supposée du prix et du taux d’appareillage. Après avoir passé 6 semaines au Danemark et m’être ainsi plongé dans le modèle « audioprothétique » scandinave, ma conclusion renforce mes précédentes observations : il n’y a pas de lien significatif entre le prix de l’aide auditive et le taux d’appareillage. De même que dans les marchés publics (notamment l’Angleterre), délivrant les mêmes produits que sur d’autres marchés d’Europe (comme la France), le taux d’appareillage reste bas, et messieurs les audioprothésistes, nous en sommes, je pense, conscient que, même gratuit, l’appareil n’est en général ni souhaité, ni accepté, et parfois ni porté ! Tout le travail de l’audioprothésiste réside dans cette observation et pourrait se définir selon ces quelques mots : persévérance ! Don de soi ! Abnégation ! Écoute ! Empathie ! Rigueur ! Non, l’audioprothésiste n’est pas mère Theresa, c’est un commerçant réalisant l’exercice de travailler avec une population exigeante en termes de prise en charge, avec une technologie nécessitant formation et rigueur, et naviguant dans les domaines du commerce, de l’étique, de la santé, de l’économie et de la technologie numérique. Et malgré toutes compétences des commerçants Leclerc et le professionnalisme qui les accompagne, une telle initiative, certes louable (celle d’ouvrir le marché) nécessite cependant une connaissance plus profonde de ce marché et de ses exigences. Ou alors les centres Leclerc ont découvert tel l’alchimiste Nicolas Flamel ou comme Champollion et la pierre de Rosette, LA solution à l’équipement des malentendants : 600€ l’appareil, soit 1200 € la stéréo ! Alors nous verrons tout le papy boomers se précipiter dans les grandes surfaces Leclerc. Je souhaite un franc succès au concept tout en restant un peu dubitatif. Quant au corporatisme souligné, rien n’est moins sûr quand on songe à la diversité de la profession d’audioprothésiste.

Vos idées pour démocratiser l’usage et l’adaptation des aides auditives intéresse les acteurs de la profession, tous les acteurs (audioprothésistes, ORL, fabricants, pouvoirs publics…) laisser vos suggestions sir ce blog.

Photo de Michel E. Leclerc devant le premier centre Leclerc Audition - Crédit: Audio Infos

CommuniquédePresseLeclerc.pdf