Cannes 2009, Jour 8 : Resnais et Tarantino laissent perplexe, Raimi livre une série B sans complexes

Publié le 22 mai 2009 par Boustoune


Petit marathon cinématographique pour ce huitième jour de festival, avec pas moins de six films au programme, dont le long film de Quentin Tarantino, Inglourious basterds.
Ce qui était probablement l'événement le plus attendu du festival a créé beaucoup d'animation autour du palais, mais semble avoir laissé de marbre les spectateurs. Annoncé comme un film de guerre dans l'esprit de Les douze salopards d'Aldrich, le film confirme en fait le virage amorcé par Tarantino depuis Kill Bil volume 2 et confirmé avec Boulevard de la mort. Son cinéma délaisse quelque peu l'action rythmée et les mouvements de caméra complexes pour se faire plus bavard, plus abstrait, pas parodique, mais presque, car détournant les codes narratifs et transformant des séries B en oeuvres conceptuelles tournant autour du cinéma.
Personnellement, si je regrette un peu l'alliage détonnant d'humour, de références et d'action qui lui a valu la palme pour Pulp fiction, j'ai trouvé le film très intéressant et bien moins mauvais que mes confrères festivaliers.

Autre film a avoir interloqué les spectateurs, le nouveau film d'Alain Resnais, Les herbes folles. Une oeuvre étrange, qui commence comme une comédie avant de se nimber d'une certaine tension et de basculer dans l'insolite et l'onirisme.
Le film mériterait une seconde vision pour en extirper la richesse, car Resnais n'est pas subitement tombé sur la tête. Son film est une oeuvre-labyrinthe, une plongée dans l'inconscient qui nécessite une participation active de la part du spectateur mais qui risque aussi de le perdre en route. Evidemment, on est en droit de préférer L'année dernière à Marienbad, qui était quand même un bon cran au dessus...
Toujours en sélection officielle, hors compétition, No meu lugar, le premier long-métrage d'un critique brésilien, lauréat de la Cinéfondation en 2002. Cette longue chronique qui tourne principalement sur les relations parents-enfants et la violence qui règne au Brésil, n'est franchement pas terrible et distille surtout un ennui mortel...

Les films d'Un certain regard étaient plus intéressants.
Tout d'abord Eyes wide open, premier film du cinéaste israélien Haîm Tabakman, qui bouscule les tabous en montrant la naissance d'une liaison homosexuelle dans une communauté juive orthodoxe. Une oeuvre à la mise en scène très rigoureuse, forte et émouvante.
Puis La nymphe, film thaïlandais de Pen-Ek Ratanaruang qui joue la carte de la fable fantastique en faisant pénétrer ses personnages dans une forêt hantée par une jeune femme autrefois violée et assassinée. Le long plan séquence introductif est superbe, montrant le viol de la jeune femme, puis la mort de ses agresseurs, à bonne distance du spectateur, La suite est hélas moins convaincante, un peu plus longuette, répétitive et inutilement compliquée.
Pour finir la journée, une petite séance qui nous a mené Jusqu'en enfer, pour la présentation de ce film d'horreur de Sam Raimi, plus de vingt-cinq ans après Evil Dead. Le moins que l'on puisse dire, c'est que bonhomme n'a pas perdu la main.
Son film est un bon film fantastique, aux ingrédients savamment dosés : des effets chocs qui font sursauter à coup sûr, des scènes bien dégueu où Alison Lohman voit se deverser sur elle toutes sortes de liquides bien peu ragoûtants, une méchante d'anthologie – une vieille sorcière gipsy borgne et édentée – et une bonne dose d'humour bien noir...
L'ambiance au palais était garantie et le film a assurément su plaire aux amateurs du genre. C'était exactement l'oeuvre qu'il fallait pour boucler sans prise de tête une journée bien remplie...