Election à un tour: le temps de la monocratie ?

Publié le 25 mai 2009 par Juan
Nicolas Sarkozy pense aux élections, surtout la sienne. Constatant que l'UMP reste minoritaire mais la seule formation politique française à dépasser les 25% des suffrages dans les sondages, le président pense-t-il à instaurer un scrutin à un tour, une sorte de "winner-takes-all" ("le gagnant emporte tout"), en vogue dans les démocraties anglo-saxonnes notamment ?
Un scenario à l'anglaise consisterait effectivement à instaurer un scrutin majoritaire à un tour. 30% des voix et le tour est joué, si l'opposition reste suffisamment désunie dans un maximum de circonscriptions. Simple parano d'opposant obsessionnel ? Ecoutez donc Jean-Pierre Raffarin proposer il y a quelques jours. Le 15 mai dernier, l'ancien premier ministre souhaitait "ouvrir le débat" pour un scrutin  à un tour sur «toutes les élections, présidentielle comprise», mais «pour après les régionales de 2010» . Peu de temps après cette déclaration choc sur les ondes de RTL, il a précisé sa pensée: «Dans mon esprit, il n'est pas question de changer de mode de scrutin pour 2010, mais de tirer les conséquences du résultat des européennes, au lendemain du 7 juin, en profitant de la réforme territoriale pourouvrir le débat sur toutesles élections, présidentielle comprise
Raffarin se justifie: il ne veut pas «laisser les petits partis devenir les arbitres des grandes échéances électorales». Et de préciser : "Maintenant qu’on n’a qu’un parti, on n’a plus de réserves de voix au second tour. On aurait intérêt à un changement de scrutin électoral avec un scrutin à un tour".
Ben voyons ! Avec un tel scrutin, comme le rappelle très justement Nicolas sur Partageons Mon Avis, Le Pen aurait pu devenir président de la République en 2002... Belle démocratie qu'un régime qui donne les clés du pouvoir à un candidat, ou un parti, incapable de rallier 50% des suffrages à sa cause (sans parler de l'abstention).
Il faut savoir que le gouvernement, sous la houlette du discret Alain Marleix, réfléchit activement à un nouveau découpage électoral, afin de tenir compte des évolutions de populations. La première liste des circonscriptions menacées était déjà édifiante: 23 élus de gauche étaient directement menacés, toutes choses égales par ailleurs.
Lors de la réforme constitutionnelle de juillet 2008, Nicolas Sarkozy s'est bien gardé de modifier le mode d'élection des sénateurs. La France vote à gauche, mais le Sénat reste à droite. Il faudra encore 3 ans pour qu'éventuellement une alternance voit le jour dans la Chambre des Vieux du Palais du Luxembourg. Belle démocratie !
Cette nouvelle "proposition" de Jean-Pierre Raffarin n'est pas anodine. Nicolas Sarkozy réfléchit à sa réélection. Diviser pour mieux régner, redécouper pour mieux diviser, et se faire élir à la faveur d'un mode de scrutin sur-mesure... La belle idée.
Le temps de la monocratie est arrivé.
Il faut s'y préparer.

Qui paye : l'Elysée et/ou l'UMP ????
par politistution