AZUL Oscuro Casi Negro

Publié le 22 mars 2007 par Lorraine De Chezlo
de Daniel Sanchez Arévalo
Film espagnol - 1h45
Sortie France le 28 février 2007
avec Quim Gutiérrez, Marta Etura, Antonio de la Torre, Héctor Colomé, Raúl Arévalo, Eva Pallarés...
Prix du meilleur scenario - Festival de Malaga 2006
Prix du Public - Festival d'Angers
Prix du meilleur film - Festival Cinespaña de Toulouse
Prix du Meilleur premier film, Meilleur second rôle et Meilleur espoir masculin - Goya 2007
Jorge vit à Madrid. Si le ciel est bleu au-dessus de sa tête, sa vie est plus obscure. Après 7 années d'études, il se doit d'aider son père au quotidien, assurer sans relâche le travail de gardien d'immeuble, jusqu'à le remplacer totalement quand celui-ci devient handicapé. Le frère de Jorge est en prison. Pendant les cours de théâtre - mixtes ! - une idylle naît entre Paula et lui. A sa sortie, non seulement il n'aidera quasiment pas Jorge à veiller le père invalide, mais il lui demandera un service très délicat : mettre enceinte la femme qu'il aime en prison pour pallier sa stérilité et se rassurer qu'aucun autre prisonnier ne le fera....
Ce film est génial, une pépite cinématographique très difficile à résumer et commenter. Au-delà de l'histoire de ce personnage solide mais blessé qui remportera des combats fondamentaux en lui-même et au sein de sa famille, il y a la forme. Daniel Sanchez Arévalo joue avec la caméra comme aucun autre, filmant au millimètre des plans périlleux mais esthétiquement magnifiques, recherchant la perfection et l'originalité à de nombreuses reprises pour la plus grande jubilation du spectateur. On retrouve aussi cette liberté de ton pour des scènes légèrement en dehors des clous et on pense à Almodovar. On savoure. Beaucoup d'humour aussi.
Le scénario est riche. Les acteurs sont tous excellentissimes, y compris les rôles secondaires. Des visages touchants, des regards qu'on n'oublie pas. Comment oublier Israel (Raúl Arévalo), l'ami de Jorge (Quim Gutiérrez) qui passe ses journées à épier le cabinet du masseur d'en face jusqu'à réaliser le lourd héritage paternel qu'il s'efforce de renier ?
Elle est tellement plus belle cette version espagnole de l'affiche...

Le désir d'enfant est d'autant plus fort qu'il est libérateur dans ce contexte carcéral. Mais l'amour ? Où est-il ? On s'en libère aussi pour ne pas être enfermé. Et ce n'est pas grave. Jorge s'est libéré aussi, libéré du joug paternel, à sa manière, un infime changement dans sa vie, sa vie qui reste la même, bleu foncé, presque noir... Pour le réalisateur "le point commmun à tous les personnages est qu'ils désirent quelque chose qu'ils ne peuvent pas obtenir, et cela les tient absolument bloqués".
Enorme plaisir cinématographique de ce premier trimestre 2007.
Merci Kilucru !
"...a veces creo que te invento para poder seguir viviendo
aunque sea una quimera, un tesoro en la encimera
yo prefiero imaginarte como el aire que se esconde
tras los árboles de noche imaginarte como antes,
amándome, tras los árboles de noche..." "Imaginarte". BOF de Lantana.
Site officiel du film - En Français ici
L'avis de Paolita, fascinée - Rue Montmartre