Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud

Par Sylvie

Amis bibliothécaires blogueurs, vous avez sans doute entendu parler de ce livre qui a défrayé la chronique l'année dernière ! Il a inauguré la collection romans noirs au Rouergue. Guillaume Guéraud est un auteur pour ados reconnu ; ici, il met en scène un adolescent qui dans un accès de violence tue une partie de sa famille, lors du mariage de son frère. On pense bien sûr à Elephant de Gus Van Sant et aux différents faits divers des journaux télévisés.

Guillaume Guéraud met en scène le tueur par l'intermédiaire d'un flash back intéressant ; tout commence à l'arrestation du jeune assassin : dans la voiture de police, l'adolescent se souvient et se confie...

C'est donc un monologue que nous lisons ; sans pour autant se justifier ou s'excuser, l'assassin sanguinaire nous raconte son enfance et le milieu infâme dans lequel il vit : un petit village rural où se déchirent les scieurs et les vignerons. La chasse qui est le passe-temps favori des ouvriers. Il y a surtout le frère aîné qui avec son meilleur ami joue les voyous avinés. Un jour, l'adolescent, dégoûté par un tel milieu, "pête un cable".

Guillaume Guéraud a-t-il voulu excuser le tueur? Je pense que non; il a juste voulu comprendre ses gestes. Et c'est vraiment réussi. Guéraud crée une atmosphère morbide : milieu de la chasse, ivrognerie etc...Le monologue est très bien écrit, nous y croyons sans problème. Le tueur n'est pas un stéréotype ùmais quelqu'un d'inséré dans un milieu bien précis. Nous avons l'impression d'assister à des luttes archaïques dans un milieu rural arriéré.

La question principale est : comment peut-on présenter un tel livre aux adolescents ? Je pense qu'il faut absolument une médiation. Qu'en pensez-vous ? Je parle ici de mes collègues bibliothécaires : l'avez-vous déjà proposé lors d'un club de lecture par exemple ?

Je vous conseille vraiment de le lire. Certes, il y a du sang, mais on après tout, on ne fait pas de bons livres sans susciter de débats !