BILGER magistrat proche de SARKOZY : “Rachida Dati n’a pas été choisie pour sa compétence”.

Publié le 20 septembre 2007 par Bruno Mouilloud

Véritable charge contre la politique du gouvernement actuel l’interview de Plilippe BILGER est d’autant plus surprenante que celui-ci est un proche du pouvoir SARKOZY.

Soutien du candidat il rejoint le camp des déçus du Président. Retour sur les propos d’un homme sans langue de bois.

Avocat général près de la cour d’appel de Paris et auteur de nombreux ouvrages, notamment “J’ai le droit de tout dire” (Ed. du Rocher, juin 2007), Philippe Bilger était jeudi 20 septembre l’invité des forums de nouvelobs.com (lire le forum en intégralité).

Interrogé par un internaute sur les capacités de Rachida Dati à la tête de la Chancellerie, il a répondu qu’” elle n´a pas été choisie par le président pour sa compétence. C´est une femme, un symbole et le chouchou du couple présidentiel”. Selon lui, il est “fondamental qu´elle ne soit pas seulement la voix du président mais la représentante naturelle et politique de la magistrature auprès de celui-ci”.

“Pas le moindre mot de respect”

Philippe Bilger a, par ailleurs, poursuivi : ” J´ai découvert sur le tard que, profondément, Nicolas Sarkozy n´aimait pas la magistrature et qu´il a promu une femme dont l´ambition n´est pas de complaire à l´institution dont elle a la charge mais, peut-être, de favoriser les seuls desseins judiciaires du président. Et de déplorer : ” Je suis frappé de voir que celui-ci, avant son élection comme après, n´a jamais eu le moindre mot de respect pour notre administration capitale pour la démocratie”.

Contre une politique de “réactions émotionnelles immédiates”

A la question “pourquoi êtes-vous sarkozyste ?”, Philippe Bilger a répondu qu’il n’était “pas sarkozyste au sens où vous l’entendez”. Admettant avoir “approuvé sur le plan intellectuel et judiciaire les projets que Nicolas Sarkozy a proposé”, il rétorque toutefois avoir “commencé à penser depuis des années sur la justice, avant même les coups de boutoir de Nicolas Sarkozy contre l´institution judiciaire”.
Par ailleurs, invité à s’exprimer sur les réactions du chef de l’Etat “à chaque fait-divers”, Philippe Bilger a estimé “normal qu´après chaque catastrophe, le président exprime son émotion et compatisse à la douleur ou à l´indignation populaire”. Il a cependant précisé que “ce qui serait anormal, c´est de prétendre tirer dans l´instant, une politique et des mesures de ces réactions émotionnelles immédiates”.

Favorable aux peines-plancher et pour une grande loi pénitentiaire

Interrogé sur son opinion à propos des peines-plancher, Philippe Bilger a déclaré que “c´est une réforme certes fragmentaire mais utile. Elle devrait précéder d´autres réformes plus fondamentales et structurelles”. Il a précisé ensuite que ce qui était “important” à ses yeux, ” c´est de mener de front les réformes à tonalité répressive, qui apparaissent nécessaires -cf les peines-plancher- et de s´attacher enfin à la restauration en dignité et en matérialité de l´univers pénitentiaire”.

Sur les prisonniers sexuels

L’ancien Garde des Sceaux, Robert Badinter, a déclaré au Monde que le fait de pouvoir garder certains prisonniers “sexuels” en détention après l’exécution de la peine pouvait être vu comme un défi au droit, a rappelé un internaute. Philippe Bilger s’est déclaré d’accord “sur le principe” sur ce point. Avant de préciser : “Il n´empêche que pour certaines destinées criminelles (cf Evrard par exemple) un dispositif de surveillance aussi serré soit-il ne peut garantir qu´en liberté, la personne gravement atteinte ne récidive pas dans les intervalles où la surveillance ne sera pas effective”.