Jean-Marc Couvé

Par Ananda

Jean-Marc Couvé est bien connu du petit monde de la poésie française.
Poète, il est aussi critique et il publie, notamment, dans les (réputées) revues JOINTURE et DIERESE.

Vive l’amour… et Reiser !

Dans le doux, la dent dure, dans le mou et le doute,

vive l’amour !

En contorsions reptiliennes, l’amour

inaliénable aux cloneries informatiques.

   Vive l’élan, ose, aboie ! et lent, bu, à la lit… bide haut,

cerf, vidé de toute « loi du marcher »… où crever ?

   Vive la bonne, la belle, la forte, la grande insoumise,

l’inextinguible naïve, la vitupérante, la pétaradante, l’entêtante

enivrante envoûtante excitante irrépressible et désaliénante

PULSION DE VIE.

   Vive l’envie de vivre dans le doute sans jamais s’abstenir

d’aimer parce que c’est anti-productif et sale et démodé hétéro

et homo et vulgaire et rabelaisien et sadien et anar-chien

et hors normes énorme anti-haine anti-F-haine, anti-cons,

heaume à château ma chatte haut mâche hâte

   Vive l’amour hors des clous / du christ maso / hors d’âge

hors d’haleine hors d’atteinte hors des sentiers battus rebattus

et des combattus d’avance, des résignés, des assis rimbaldiens,

des as à saints qui jamais ne furent – que compisse !

   – qui jamais n’eurent que hure,

mais pas le moindre brimborion de début de vagissement

de bébé balbutiant –   car ces cons-là

[qui sont aussi, le plus souvent, clients des call-girls et autres

s… aintes de haut rang et Dames de bas vol]

   sont nés vieux,

croulants, gâteux, arpagonant, égrotant et gros, tant, aigr’s aux temps !

   Dépossédons-les donc

– il en va de notre survie, hors misère –

   de leur seul pouvoir : l’argent.

   Pétons largement la gueule, une bonne fois pour toutes

et d’un seul coup d’épingle, à leur bulle financière

de pervers pépères / peine art,

   car l’art… gens – anonymes, mes sœurs et frères,

   l’art ne devrait jamais se laisser monnayer

   ni l’art d’aimer acheter / tacheter /

   maculer / maquiller…

   Vive l’amour et mort à l’art mou

   – mort à leur morale – leurre amer !

     Les trouvères sont troublants…

   Les trouvères sont troublants,

kif-kif le trou badour.

   Le mot « itou » pareil,

qui fait penser au trou – deux fois là

ou las mène – au trou lala itou !

C’est un vieil adverbe Kim No-

vak comme un gant d’ latex au bout du gland

(en ces temps indécis de sida / de desiderata),

itou, oui, fier vocable, eh, galamment outille !

Le poème sec / des mots qui s’excitent

sans trop mouiller personne

Or les maux, c’est pas tout !

De même, le mot itou

ne dit rien, rien du « Tout »…

Ainsi tel troubadour

de Nogent-le-Rotrou,

idem, se trouva mou

rendu à Singapour,

quand des durs le trouvèrent

- ça le troue ; vert il est / verry laid !

Il a si trouille…

qu’il se transforme

tank – ah, rosse ! –

et défouraille sur les Boss

   leur en faisant /

et pis des trous, ici, un trou,

et là, un trou là… là itou !

  

 Jean-Marc Couvé.