Wahou ! La crise.

Par Misterhouse

Bon voilà, comme chaque année je suis allé au salon du design de Milan, rien que pour vous chers lecteurs, afin de vous rapporter un petit billet d’humeur sur la tendance qui se dégage, sans pour autant vous bombarder de noms et de références, d’autres sites le font déjà très bien…


Comme chaque année et pendant une semaine, toute la ville devient officiellement la Capitale mondiale du design. Il faut dire tout de même que les autres semaines de l’année, elle n’en reste pas moins une ville branchée et très agréable à visiter. Petit conseil au passage; pour vous fondre dans le paysage, il est préférable de prévoir au moins 2 paires de lunettes de soleil taille XXL, et ne pas hésiter à les mettre tout le temps, même dans le métro.

On s’attendait tous à ce que la crise passe par là, et provoque une crispation chez les éditeurs et les designers. Effectivement je n’ai pas envie de dire que c’était l’année du délire débridé, mais de toutes façons, on en avait marre de voir chaque année des “protos” du futur dans des matériaux de la mort qui ne verraient jamais le jour, ou des nouveautés qui ne s’adressaient qu’à des clients imaginaires prêts à s’asseoir dans un canapé à 14 cm du sol en “peau auto cicatrisante” face à une table basse en carbone à écran tactile, le tout en buvant une coupe sans pied à reconnaissance digitale.

En fait, la conséquence de cette crise est plutôt surprenante, et il semblerait que le maître mot des éditeurs soit une démarche de raison: “soyez modestes et inventifs les gars”.
Je me demande si l’artiste n’est pas plus créatif “dos au mur” lorsque les exigences sont plus strictes. Et ils ont bien bossé, les gars. J’ai vu des créations inspirées et d’une grande humilité, simples mais pas austères, minimalistes et attachantes. Puisque justement ces éditeurs de mobilier se trouvent confrontés à des obligations de résultat, ils n’ont d’autre choix que de satisfaire les goûts et de minimiser les risques. On retrouve des créations de meubles en bois naturel, des canapés simples et confortables (pour s’asseoir dedans), des grandes bibliothèques pour ranger des livres…, avec toujours ce petit détail de raffinement qui nous rassure.


L’autre conséquence de cette “rétention budgétaire”, fut de manière flagrante, la présentation ou “re-présentation” des grands classiques du genre, et ça fait pas de mal parfois, une bonne mise au point sur l’essentiel. Un agent d’usine m’a déclaré “cette année on à décidé de présenter l’ensemble de notre collection fer de lance qui représente 75% de nos ventes” (tout fier de lui, comme si il avait inventé tout seul la crise, exprès pour se souvenir de ce qui le faisait vivre).De plus, ils en ont profité pour élargir leur palette de couleur et y ajouter quelques compléments de gamme.

Enfin, on à pu constater pas mal de créations de mobilier “in & out”, comme une suite logique au design inspiré de la nature. Désormais, on peut s’acheter du mobilier d’intérieur qui convient à l’extérieur (et par conséquent l’inverse). On pourrait presque philosopher un peu sur l’idée que le mobilier, en dehors de son aspect fonctionnel ne représenterait pas un lien entre l’homme et la nature, et qu’inconsciemment la nature devait reprendre ses droits dans nos intérieurs.

En résumé, même si ce n’était pas l’année de l’audace, j’ai trouvé globalement que l’inventivité était au rendez-vous, dans un contexte moins débridé et plus raisonnable. On peut se demander alors si cette “purge” n’était pas un mal nécessaire, un retour aux sources en quelques sortes. Alors, si on me demande encore une fois “c’était quoi la tendance cette année”, je lui répondrais que c’est celle que j’attendais, celle du simplement beau qui fera sûrement du bien aux années futures.