Chronique du crocodaïl

Publié le 20 septembre 2007 par Sammy Fisher Jr
Ce blog est de plus en plus de moins en moins mis à jour. Jamais il n'aura aussi bien porté son nom - chroniques chaque jour de plus en plus du jour d'après. C'est de plus en plus de moins en moins tôt que j'écris mes petits avis, mes petits coups d'oeil, mes petites chroniques sur ceci ou sur cela. Non pas que je fasse de plus en plus de moins en moins de choses dans ma vie. Oh que non, j'en fais au contraire de plus en plus ; de plus en plus d'activités, de sorties, de découvertes. De plus en plus de moins en moins seul. De moins en moins rêveur, de plus en plus amoureux.
Tenez, un exemple parmi d'autres : le concert de rentrée de Dijon. C'était le 7 septembre. Il y a 15 jours donc. De plus en plus tard, de plus en plus du jour d'après. C'est bien ce que je disais. Au moins ai-je de plus en plus raison, ou de moins en moins tort, c'est comme vous voulez.
Vous vous souvenez sans doute de mon brillant compte-rendu de celui de l'année dernière - car je suis de plus en plus de moins en moins modeste. Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que je refasse le même texte cette année ? C'est que je suis de plus en plus de moins en moins courageux, faut pas croire. D'ailleurs nous fûmes sur place à peu près une heure après l'heure à laquelle j'arrivai l'an dernier. De moins en moins pressés, de plus en plus amoureux.
Je suis de plus en plus de moins en moins con, de moins en moins convaincu que nous avons bien fait d'arriver aussi tôt, d'arriver aussitôt après manger. (respirez lentement et relisez cette phrase à voix haute, ça va venir vous verrez) Car, malgré tout le respect que j'ai pour l'Art, la difficulté de sa pratique, la facilité de sa critique et les mérites certains de ceux qui s'y adonnent avec ferveur, les deux premiers groupes qui se succédèrent sur la scène n'eurent pas l'heur d'imprimer une assez forte impression sur mon cortex pour que je puisse en dire quelque chose. Je pourrais à la rigueur en dire du mal, mais j'ai une réputation de gentil à tenir, et Chérie de moi en serait toute chagrine.
La foule dispersée et babillarde qui nous environnait semblait d'ailleurs de cet avis. De plus en plus de moins en moins attentive à ce qui se passait là bas, sur la scène. Jusqu'à ce qu'arrive le tour, le tournant du spectacle, le tour de chant de Jacques Higelin. La foule se resserre, se ramasse, se fait de plus en plus dense et entre dans la danse des mots de l'illuminant illuminé passeur de songes. Rêveur éveillé, passant baudelairien attentif aux détails de la vie, tout l'inspire et chez lui respire, respire le rock, le rêve, la folie douce. Higelin est ici et ailleurs, sur scène mais à l'écoute du public, dans la chanson et dans son trip, érotique, politique, caustique, tissant les mots, disant ses maux, tirant en longueur la chanson, tirant le diable par ses cornes, tirant à boulets rouges sur la télé, sur Georges Bush, sur le pouvoir qui pervertit la politique, sur tous les engraisseurs de porcs qui nous sucent le cortex. Tirant la queue du crocodaïl.
On est de plus en plus de moins en moins con
sidérés comme
des êtres humains à part entière
Etres humains à part entière, méfiez-vous des eaux troubles, méfiez-vous des crocodaïls qui vous sucent le cortex. Ne vous fiez pas aux apparences, écoutez les poètes. Même si ils sont un peu déjantés.
Surtout si ils sont un peu déjantés.
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Pour aller plus loin : interview de Jacques Higelin