Un maillon de la chaîne de l'Europe

Publié le 01 juin 2009 par Nicolas007bis



Ca faisait longtemps que je n’avais pas été tagué et sur ce coup là, j’en suis ravi. C’est Mathieu qui connaît mon intérêt marqué pour l’Europe qui m’a refilé cette mission sous la forme de 3 questions que lui avait lui même fourgué un autre Nicolas…non, non, pas Nicolas S, un autre, presque aussi célèbre (euh...au sein de la blogoboulle politique du moins) mais un poil plus à gauche, un tantinet plus aimable, probablement un peu moins agité ...en bref, un autre Nicolas !

C'est quoi, l'Europe, pour toi ?

La question peut sembler ardue et je ne me hasarderai pas à essayer de l’aborder sous l’angle, historique ou géographique …non je me contenterai d’en donner ma vision de béotien mais néanmoins d’européen convaincu.

Même si le périmètre géographique ne permet pas de définir l’Europe de manière très précise, il me semble qu’il ne faut pas pour autant tomber dans l’excès inverse consistant à considérer que tout pays jouxtant un pays européen peut prétendre également à l’appellation !

Plus qu’une zone géographique qui, comme le rappelle Mathieu, n’est pas suffisamment délimitée pour être acceptée par tous sans ambigüité, l’Europe c’est pour moi, avant tout, un ensemble de pays géographiquement proches qui se sentent …européens de par leur culture, leur histoire, leurs traditions voire leur religion !

Cette définition ne suppose aucunement que ces pays aient envie de partager plus que ça avec leurs petits voisins et c’est ce qui différencie l’Europe telle qu’elle pourrait être définie par un historien, un géographe ou un anthropologue et celle probablement plus réduite qui s’appuierait sur une vison politique !

L’Europe politique donc, c’est pour moi celle qui réunit, parmi les pays « européens », ceux qui, d'une part, ont considéré (compris), qu’ils avaient tout intérêt à s’allier au sein d’une communauté pour être plus fort économiquement et politiquement par rapport au reste du monde et d’autre part qui ont accepté les nécessaires compromis et pertes de prérogatives qu’exigent une telle instance supranationale.

Je suis d’ailleurs persuadé, qu’à terme, ces 2 définitions vont se rejoindre puisque seront considérés comme Européens les pays qui ont adhérés à cette Europe politique et uniquement ceux là puisqu’ils auront fait la preuve qu’ils ont suffisamment de valeurs et d’objectifs en commun.

Ainsi là ou la géographie peine à définir un périmètre, la politique le fera.

Malgré cette présentation un peu froide qui fait plus appel au pragmatisme et à l'intérêt bien compris de chacun, cette association de pays qui ont passé des millénaires à se taper sur la tronche est une idée magnifique, loin d'être évidente ni pour les peuples ni pour les « élites » nationales. Elle n’a pu se concrétiser, malgré toutes les résistances, que grâce à la force de conviction de quelques uns aidée par des intérêts commerciaux évidents mais contrairement à ce que prétendent certains ce n’était pas leur seule motivation.

Pour s’en rendre compte il suffit de rappeler quelques uns des objectifs énoncés dans le préambule duTraité de Rome dans lequel on peut lire, entre autre, que les Etats membres déclarent :

  • Etre déterminés à établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens
  • Etre décidés à assurer par une action commune le progrès économique et social de leurs pays en éliminant les barrières qui divisent l'Europe
  • Avoir pour but essentiel l'amélioration constante des conditions de vie et d'emploi de leurs peuples

Malgré tout cette flamme est fragile et il faut perpétuellement la défendre contre tous ceux qui ne veulent pas d’une Europe politique, qui se contenteraient bien d’une Europe purement « pratique » d’une Europe sans âme, sans ambition nécessairement tiraillée de tous les côtés par des intérêts divergents.

Enfin, si je dois définir l’esquisse de ce que serait mon Europe, elle sera une fédération de peuples dotée d’une constitution avec un parlement aux pouvoirs étendus qui désignerait un Président et un exécutif complet et qui aura le pouvoir légiférer sur tout ce qui concerne la politique extérieur, la politique monétaire, la défense, l’immigration et la Justice. L’Europe aura un vrai budget via l’impôt qu’elle aura la capacité de collecter au regard d’un périmètre d’intervention clairement établi…et élargis !

Que peux-tu écrire à tes lecteurs pour les encourager à aller voter dimanche 7 juin ?

Je répondrais sur 2 plans, l’un plus général sur la nécessité d’aller voter c'est-à-dire d’aller s’exprimer démocratiquement lorsqu’on nous en donne l’occasion et l’autre plus spécifique à ces élections européennes.

Tout d’abord, j’avoue qu’il y a quelque chose que j’ai du mal à comprendre, c’est que l’on n’exerce pas ce droit et ce devoir de citoyen qui est d’aller élire ses représentants quelle que soit l’instance dans laquelle ils siègeront !

Notre démocratie, notre république et ses institutions, ont certainement des faiblesses, elles ne permettent pas nécessairement à toutes les opinions d’être représentées, et les élus peuvent s’avérer décevants mais l’élection des « gouvernants » par les citoyens constitue la base de notre démocratie. C’est le premier moyen d’expression d’un citoyen. Ne pas l’utiliser, c’est déléguer aux autres le soin de faire ce choix essentiel !

Alors pourquoi pas, pour celui ou celle qui se désintéresse de la manière dont sont gouvernées nos collectivités, mais dans ce cas il ne faut pas ensuite venir se plaindre de ne pas avoir été écouté puisqu’on ne s’est pas exprimé !

Il ne faut pas non plus considérer que les autres modes d’expression, manifestations, pétitions et autres formes de protestation peuvent se substituer au vote qui est le seul à avoir le pouvoir de donner une légitimité à une politique.

De plus, et j’y reviendrai en évoquant le cas plus spécifique des élections européennes, nous avons en France, à toutes les élections, une large palette de candidats (quelques fois trop) parmi lesquels on peut, sinon trouver son bonheur, du moins celui qui s’en rapproche le plus !

Quand au cas particulier des élections européennes, et plus précisément de celles de Juin 2009, il me semble que c’est le moment où jamais d’aller voter !
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire un précédent billet, toutes les conditions sont réunies pour que l’Europe soit au cœur des débats !

Pour ceux qui doutaient encore de la nécessité d’une Europe solidaire et forte, la crise financière, les bouleversements géopolitiques qui s’annoncent avec le déclin relatif mais prévisible des USA et la montée en puissance de la Chine et dans une moindre mesure de l’Inde, les problématiques mondiales auxquelles nous allons de plus en plus être confrontés (pandémies, raréfaction des matières premières, manque d’eau, réchauffement climatique, immigration etc. etc.), doivent se charger de leur faire comprendre que la France ne peut rien faire seule !

L’Europe est plus que jamais nécessaire !

A partir du moment où on considère l’Europe comme incontournable, et même si on ne l’aime pas telle qu’elle est, si on veut peser sur son avenir, il est nécessaire d’y envoyer des représentants dont on partage la vision de l’Europe ! et pour cela il faut….voter !

Regardez les anglais, plus nationalistes, il n’y a pas, mais ça ne les empêche pas d’être parmi les plus actifs au parlement européen ! Et puis, il me semble qu’après la forte mobilisation lors du référendum de 2005 à l’occasion duquel nous avons (pas moi) exprimé un avis négatif, bloquant ainsi une situation qui pourtant ne satisfait personne, il serait cohérent de se prononcer de manière plus positive, sur l’Europe telle qu’on la souhaite !

Ne pas le faire, révèlerait une attitude pour le moins peu constructive …mais évidemment, il est toujours plus facile de refuser que de proposer !

Quelle liste représente les idées que tu veux voir défendre au Parlement européen ?

Malgré l’abondance de listes, je n’ai pas trop de difficultés à répondre à cette question.

Je ne détaillerai pas les raisons de mon opposition à un certain nombre de listes de Partis avec lesquels je suis en désaccord sur à peu prêt tout, ce qui concerne notamment le FN, le NPA, de Villiers et les chasseurs ou encore le Front de Gauche.

J’élimine également tous ceux qui utilisent l’élection des députés européens comme ils auraient utilisée n’importe quelle autre élection, uniquement comme une tribune voire comme une estrade de bateleur de foire. Enfin, j’élimine surtout ceux qui n’ont pas une véritable ambition pour l’Europe, ceux qui fondamentalement feront toujours passer la Nation française avant tout idéal européen et ceux qui ne l’utilisent que pour essayer (vainement) de reproduire à plus grande échelle le modèle français qui sur beaucoup d’aspects a pourtant faillis !

En résumé une fois cette sélection opérée, il ne me reste plus grand monde mais parmi celles qui restent, je distinguerais 3 listes, celle du MoDem, celle d’Europe-Ecologie et une « petite » liste intitulée…le Parti fédéraliste !

Bon, le « Parti fédéraliste » m’intéresse parce qu’il n’hésite pas à prôner un vrais modèle fédéral qui certes s’articulerait essentiellement autour des régions mais avec un véritable président de l’Europe et un gouvernement fédéral européen dont les attributions seraient essentielles, comme la monnaie, la politique étrangère et de défense, l'environnement au sens large ou encore le modèle social.

Cela dit, même si je suis également persuadé que l’avenir n’est plus aux Etats Nations tels qu’on les connaît mais plutôt à un fédéralisme décentralisé qui s’appuierait essentiellement sur les régions plus proches des citoyens (ce qui est vaguement esquissé par le rapport Balladur), il me semble que le Parti fédéraliste cherche surtout à utiliser l’Europe pour faire avancer l’idée de régions autonomes. Et même si il y a une certaine cohérence à courir à la fois derrière le lièvre régionaliste et le lièvre fédéraliste européen, ce mélange des genres me gêne quelque peu.

A propos d’Europe Ecologie, je me contenterai de dire que d’une part je n’aime pas les listes à thème même si il est important (le thème), et que d’autre part, autant je reconnais à Cohn-Bendit une fibre européenne indéniable autant du coté de José Bové celle-ci m’apparaît beaucoup plus discutable ou du moins fondamentalement différente de la mienne. Cet attelage improbable me dérange de même que le ton quelque peu péremptoire de leur manifeste, manifeste au demeurant très pro-européen.

Il me reste donc le MoDem, parti qui à l’image de Bayrou a toujours été un européen convaincu, qui n’est jamais tombé dans la facilité d’accabler l’Europe de tous les maux …de la France. Son programme (si, si il en a un) réitère une forte conviction européenne et formule un certain nombre de propositions qui tout en étant ambitieuses ne tombent ni dans l’excès du tout écologique, ni dans celui du « j’impose mon super modèle social à l’Europe entière » !

Contrairement à d’autres (trop) plus ciblés on y trouve abordés l’essentiel des thèmes importants pour l’Europe de demain comme l’Education, la politique familiale, l’Agriculture, le développement durable, la Recherche, la Justice, une Défense européenne indépendante etc. etc.

D’ailleurs, je ne résiste pas à l'envie de citer un extrait de la conclusion de ce programme:

« Jamais dans l’histoire des hommes, des peuples libres n’ont choisi de s’associer pour bâtir ensemble une volonté politique capable de changer la planète sur laquelle ils vivaient. Nous l’Europe, nous l’avons fait. Nous pensons que le plus important pour l’Europe, ce qui justifie son existence, c’est qu’elle ait quelque chose à dire sur la manière dont le monde évolue. Nous pensons que l’Europe n’est pas seulement une Europe entre nous, c’est une Europe volonté. »

Et maintenant puisque c'est le principe de la chaîne, et s'ils acceptent de se livrer à l’exercice, j'aimerais lire les réponses, nécessairement très différentes qu’y apporteront Cédric du « Grand Village », l'Hérétique et d’Eric s’il trouve un petit peu de temps, mais y'a pas urgence, ça fera une occasion de lire un de ses billets qui se font trop rares.