Cachez ce chômage que je ne saurais voir

Publié le 03 juin 2009 par Hmoreigne

Politique de l’autruche sur fond musical de Ray Ventura. Tout ne va pas très bien Madame la marquise mais, selon le gouvernement tout ne va pas si mal. Pour s’en convaincre ne parlons pas des choses qui fâchent, notamment de l’envolée des chiffres du chômage. La réponse de Laurent Wauquiez au socialiste Alain Vidalies à l’Assemblée nationale est à ce titre révélatrice.

Les chiffres sont pourtant parlants et têtus. L’Europe s’enfonce dans le chômage et la France ne regarde pas passer la charrette mais figure bien dedans.Le taux de chômage dans les 16 pays de la zone euro a grimpé à 9,2% en avril, contre 8,9% en mars, a révélé l’office européen des statistiques.

Du jamais vu depuis près de dix ans” selon le très sérieux quotidien Les Echos. L’Europe de 2009, c’est avant tout celle des chômeurs. 14,5 millions de demandeurs d’emploi fin avril. 26,3 attendus pour 2010. La Commission européenne évoque un taux de chômage de 9,9 % dans la zone euro en 2009 puis, de 11,5 % en 2010 soitle plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale.

La récession dans l’Union Européenne à défaut d’être une fatalité est une triste réalité. Le recul du PIB est évalué à -4% pour la zone euro. Concrètement, en France, la barre symbolique des 3 millions de chômeurs devrait être franchie. Notre voisin allemand, souvent cité en exemple vacille. Outre-Rhin on table sur une récession du PIB de -6% et 3,7 millions de chômeurs et, 4,6 millions en 2010.

Ici dans l’hexagone, l’Assurance-Chômage prévoit 639 000 chômeurs de plus cette année. L’ex-directeur général de l’Unedic, Jean-Pierre Revoil, estime pour sa part que, mécaniquement, le recul de l’activité devrait faire “900.000 chômeurs de plus cette année“.

Selon les prévisions officielles, en fin d’année le nombre de chômeurs devrait atteindre 2,8 millions. Il suffit de lever la tête pour constater, ici et là, des vagues de suppressions massives d’emploi. Les chiffres officiels sous-estiment déjà la réalité. Si on additionne les chômeurs toutes catégories (A+B+C) soit ceux qui ont une activité réduite et les seniors dispensés de recherche d’emploi, on atteint 3,5 millions de chômeurs.

Sans jouer les Cassandre la politique de communication du gouvernement de dire que c’est pire ailleurs présente de sérieuses limites. Si la peur n’évite pas le danger, l’autosatisfaction non plus. Le modèle français et ses filets sociaux jouent pour l’instant un rôle d’amortisseur.

Mais, si semble-t-il le pire est passé, la remontée vers la surface ne va pas de soi comme on tente de le faire croire d’autant que le compte à rebours d’une bombe à retardement est enclenché : le niveau de la dette publique.

Dominique Seux dans un édito dans les Echos nous alerte : “Notre modèle social est un modèle qui vit à crédit et avec des prélèvements élevés depuis trente ans. A l’inverse d’autres pays, la France n’a jamais réussi à redresser ses comptes. Des amortisseurs de crise ne font pas un moteur pour repartir“.