Un Village Français

Publié le 04 juin 2009 par Lulla

Le Débarquement // Chaos

De quoi ça cause ?

En juin 40, Villeneuve, petite ville du centre de la France, est bouleversée par l'arrivée de l'armée allemande. L'Occupation vient de commencer et va durer cinq ans. Hortense, Jean, Raymond, Marie étaient des Françaises et des Français ordinaires, maris, femmes, notables ou paysans... ils deviendront patriotes, traîtres, collaborateurs ou résistants. Après s'être effondrée, la France se reconstruit jour après jour, mais à l'heure allemande. Avec cette période incertaine et dangereuse de notre histoire s'ouvre une ère nouvelle : aux règles imposées par l'occupant répondent celles de la désobéissance civile ou de la clandestinité. On y a peur, on y a faim, on s'y déchire au nom des valeurs et d'une certaine idée de la France... ou parfois simplement par amour.

C'est avec qui ?

Le grand héros, car il en faut toujours un, est interprété par Robin Renucci, et bien évidemment, il est médecin. Cet acteur n'a plus à faire ses preuves. Je ne dirai pas qu'il est excellent mais il est en tous cas convaincant. Sa femme est jouée par Audrey Fleurot, qui, elle, pour le coup, est vraiment convaincante. Les connaisseurs l'ont certainement déjà vue dans Engrenages. Et puis il y a Nicolas Gob, un Bleu, qui garde son costume de flic débutant mais opte pour une version plus classe, façon dandy. Je suis un peu déçu, je l'aurai préféré plus champêtre et plus déshabillé. Francis Renaud, un habitué de l'univers d'Olivier Marchal (36, quai des Orfèvres, MR-73), fait également partie du casting aux côtés d'illustres inconnus (pour moi et peut-être à tort) dont Marie Kremer, Emmanuelle Bach, Thierry Godart ou encore Nade Dieu.

C'est comment ?

Un village français est certainement le projet le plus ambitieux de la télévision depuis un bon bout temps, si l'on met à part toutes les sagas de Josée Dayan à l'image des Misérables ou du Comte de Monte-Cristo. France 3 fait là un vrai pari, qui j'espère sera récompensé en termes d'audience. Si la première saison fonctionne (elle compte douze épisodes dont 6 sont diffusés à partir de soir et 6 autres à la rentrée - il aurait été plus malin de les diffuser par 12 pour fidéliser le public mais il ne faut pas trop en demander...), la série pourrait compter en tout 5 saisons de 12 épisodes, correspondant chacune à une année de guerre. J'aime l'idée d'un plan à long terme. Ca me donne davantage envie de m'investir. En temps normal, je ne me serais certainement pas penché sur la série mais là, je me suis dit qu'il se cachait peut-être quelque chose d'intéressant et de novateur, pour nous maudits français. Et effectivement, il y a un peu de ça. Un peu.

Encore la guerre ? Oui, encore. Je me demande souvent ce à quoi la fiction du service public aurait ressemblé s'il n'y avait pas eu les deux guerres mondiales, tant le sujet est traité encore et encore sous divers angles par ses séries et téléfilms dits "événements". Cette fois, on joue la carte du feuilleton et on a même l'impression par moments d'assister à une saga de l'été classique avec amour, haine et trahisons. Dans les deux premiers épisodes, plusieurs romances nous sont présentées, dont une adultérine et une autre adultérine en devenir. Le message est certainement que même pendant la guerre (sutout pendant la guerre ?), les gens tombaient amoureux et vibraient de désir et de passion. Soit. Ca fait tout de même un peu cheap, surtout que les acteurs ont bien peu d'alchimie pour le moment. Entre Ingrid Chauvin qui se fait bouffer les seins dans Dolmen et Nade Dieu qui se fait bouffer la chatte ici, entre deux coups de canon, il n'y a qu'un pas. Très rapidement, les personnages féminins posent problème : ils sont soumis et pas très loquaces. J'irai même jusqu'à dire que certaines passent pour des idiotes. L'institutrice par exemple. Certes, un drame qui s'est déroulé sous ses yeux l'a traumatisée mais on a juste envie de lui mettre des claques pour qu'elle se bouge un peu et qu'elle cesse de jouer la brebis égarée. Puis soyons francs, le jeu de l'actrice fait peine à voir. Il y en a une autre, la fameuse qui se fait bouffer la chatte, qui agace par ses airs de ne pas y toucher et par ses "non non non" qui veulent dire "oui oui oui". Elle, on a juste envie de lui dire d'arrêter ses simagrées puis lui baisser sa culotte, que l'on passe aux choses sérieuses sans plus attendre. L'image de la femme ici renvoyée n'est donc pas flatteuse mais je suppose assez fidèle à l'époque. Il a fallu attendre la fin de la guerre pour qu'elles puissent commencer à s'affirmer (le droit de vote des femmes a été accordé en 1944, pour rappel - eh oui, on apprend des choses aussi sur le blog !).

          Au-delà donc de ces personnages qui manquent encore de profondeur, je dois dire que j'ai passé un agréable moment. Je ne me suis pas vraiment ennuyé bien que le rythme soit lent, surtout dans le 2ème épisode. C'est dommage car il y a matière à rendre les choses plus palpitantes. La réalisation est très classique et s'il y a beaucoup de moyens mis en oeuvre, on ne peut pas dire que cela transparaisse tellement. Peut-être en décors, et encore. La bande-son n'est pas non plus une grande réussite. Elle est censée souligner l'action, faire monter la pression lorsque les choses se compliquent, et souligner l'émotion aussi. Elle ne fait rien de tout ça. Elle est juste posée là en attendant que ça se passe. En gros, on retrouve dans Un Village Français tous les défauts des séries françaises habituelles. Je pourrai aussi citer le manque d'humour mais disons que le contexte ne s'y prête guère. Les quelques tentatives ne sont pourtant pas mauvaises ("Te Quiero", "C'est quand même con de mourir avec la chiasse"...) L'histoire en elle-même, impossible de la juger. On est dans du réalisme romancé. Tout repose sur les personnages et leurs choix, qu'ils soient bons ou mauvais. Les personnages et les choix. C'est intéressant et cela peut donner quelque chose de bien sur la longueur mais il y a encore du boulot.

Alors, on regarde ?

Oui ! On essaye ! L'entreprise est ambitieuse, elle mérite qu'on lui donne sa chance. Si les deux premiers épisodes ne sont pas totalement convaincants, la suite pourrait se révéler plus intense au fur et à mesure que notre attachement pour les personnages sera grand. Un Village Français : une série française. Avec tout ce que cela implique de défauts et d'envie de faire bien sans y parvenir réellement. 

J'aurais aimé vous mettre une bande-annonce mais France 3 ne maîtrise pas encore l'art du teaser. Mieux vaut ne rien voir avant la diffusion que de voir ce qu'ils ont fait.